
je viens de le dire , il faudra les placer fur la
boite pour en conduire le vent d’une manière
plus commode.
Cette boîte doit être couverte d’une planche,
à laquelle fe trouvent deux grands trous, & qui
font deftinés à laiffer paffer l’a ir, fôit lorfqu’il
eft comprimé par le diaphragme dans la partie
correfpondante des Ventilateurs , foit lorfqu’il eft
refoulé par le retour du diaphragme.
Quand il fera néceffaire de pouffer l’air dans
quelques conduits ou détours des mines ou dans
les coins des grandes chambres , comme des ma-
gafins , &c. il fera facile d’en venir à bout par
Je moyen de grands tuyaux ronds ou quarrés,
fait de planches eu de toile goudronnée, qu’on
peut tenir diftendue par le moyen de cerceaux
ou de bâtons. Ces derniers tuyaux feront plus
faciles à être mus de côté & d’autre , que ceux
qui feroient faits de planches, furtout près des
endroits où travaillent les ouvriers.
Les mineurs remarquent en crenfant un puits ,
qu’en y conduifant un long tuyau , l’air y def-
cend en affez grande quantité, pour que celui
du puits foit propre à la refpiration. Les petits
Ventilateurs dont nous avons parlé feront fort
utiles dans les cas où l’air du puits fera nuifible.
Les foupiraux & l’agitation de l’air par le
moyen des roues & des foufflets, font les remèdes
auxquels les mineurs ont recours pour fe
garantir des mauvais effets des vapeurs. Les foupiraux
fe pratiquent ordinairement affez loin du
puits, par lequel on tire hors de la mine, ou
on y defeend les chofes néceffaires, & on attire
l’air au bas du foupirail, par le-moyen d’écrans
dont on fe fert pour le chaffer vers le fond, comme
on fe fert d’une voile dans les vaiffeâux : ou
bien on füfpend du feu au milieu du foupirail,
au moyen de quoi l’air eft attiré en haut, comme
dans une cheminée ordinaire.
Il y a un canal de communication, qui va du
foupirail au puits , & qui' fert à donner paffage
à l’air, foit qu’on veuille le conduire dans le
puits , ou l’en tirer. Mais quand l’air des mines
eft très-nuifible , il faut, par le moyen de grands
tuyaux, conduire promptement de nouvel air
dans le coin on l’endroit même de la mine où
fe trouvent les ouvriers.
Quant aux prifons , aux maifons de force &
aux calèrnes , où ceux qui y font , ont tout le
loifir de faire aller les foufflets ; on pourroît les
placer auprès de la muraille, ou les attacher félon
leur largeur au plafond; ou les mettre dans telle
autre pofition qui paroîtra la plus commode.
Il faut les fttuer de manière qu’ils puiffent fervir
à plufieurs chambres , félon qu’on tiendra ouverts
ou fermés les différens tuyaux qui en partiront.
11 faut auflî pratiquer aux endroits des
chambres, oppofés à ceux où aboutiffent les
tuyaux , des ouvertures qui donnent à l’air renfermé,
un paffage proportionné à la quantité d’air
nouveau qu’on y introduira , ou qui en biffent
entrer de nouveau, fi par le moyen des foufflets
on attire l’ancien.
Par la mênie raifon , l ’ouverture deftinée à
donner iffue au mauvais air, doit être auflî vers
le plafond , & à l’extrémité oppofée de la chambre,
parce que les exhalaifons échauffées & malfaines
des malades, montent toujours en haut.
Pour introduire ou attirer l’air de la chambre
des malades, d’une manière encore plus infenfi-
ble, on peut fe fervir de grands tuyaux faits
d’une toile à canevas ; & ces tuyaux peuvent
être affez longs pour parcourir toute la longueur
delà chambre, & être placés auprès, du plafond,
à une grande diftance des malades.
Peut-être pourroit-on auflî introduire dans les
ferres , par la même méthode, un air chaud &
fec pris dans, une étuve voifine, & que cette
méthode feroit utile aux arbres & aux plantes
qu’on y conferve. On fait affez qu’un air ancien,
& chargé des vapeurs qui s’exhalent des plantes,
leur eft très-nuifible, comme le font aux hommes
les exhalaifons échauffées qui fortent de leur corps.
Quant aux vaiffeaux, où le renouvellement de
l’air eft de la dernière importance-, mais où les
chambres font fort petites , eu égard au grand
nombre de perfonnes & à la quantité des chofes
qui font dans un navire, il étoit plus difficile de
trouver un endroit à pouvoir placer commodément
le Ventilateur. Le doéleur L ie , en ayant entendu
parler, fut le premier qui m’envoya chercher
, pour avoir de moi quelques éclairciffemens
à ce fujet; &peu après les autres feigneurs, corn-
miffaires de l’amirauté, me firent lé même honneur.
Sur les éclairciffemens que je leur donnai, ils ordonnèrent
aux charpentiers, des navires & aux officiers
des cours de /^oolwich & de Deptford, d’examiner
l’endroit d’un vaiffeau qui pourroît être le
plus commode pour placer ces Ventilateurs. On
jugea que c’étoit à l’avant fous le franc-tillac, auprès
de la chambre du charpentier, où on les mit
en conféquence entre les principaux baux de ce
pont, dans un des vaiffeaux du roi, furnomméle
Capitaine, qui portoit foixante-dix pièces de canon,
& on les fitua de- manière que le tuyau & les fou-
papes regardoient les flancs du vaiffeau. .
Telles étoient les dimenfions de ces Ventilateurs.
Chacun d’eux avoit dix pieds de long fur quatre
pieds trois pouces de large dans oeuvre. Leur hauteur
étoit de treize pouces, defquels, fi l’on en
ête un pour l’épaiffeur du diaphragme, il refera
un pied de hauteur pour fon mouvement en haut
H en bas.
Le diaphragme étoit fait de bois de
un affemblage de panneaux minces, enchaffes dans
des rainures pratiquées à quatre principaux qmn-
tans difpofés félon la longueur du diaphragme,
& emboîtés dans un pareil nombre de traverfes
Les montants avoient quatre pouces de large| iur
un pouce d’épais, vers leurs extrémités; mais t s
groffiffoient infenfiblement en approchant du mi
lieu , où ils avoient un demi-pouce de plus, ahn
de leur donner plus de force, Les traverses placées
aux deux extrémités, avoient chacune dix pouces
de large.
C’eft à ces traverfes & à environ Cx pouces de
l’extrémité du diaphragme, qu’étoient attachées les
verges de fer : elles y étoient arrêtées par le moyen
d’une écroue & d’une vis, & foutenues deflus (St
d-ffous par des plaques de fer qui avoient quatre
pouces de large, afin d’empêcher que le bois de la
traverfe ne s’ufât & ne fatiguât trop.
Les verges de fer , -qui étoient applaties par
leurs extrémités fupérieures, où elles avoient un
pouce & demi de large fur un demi-pouce d épais,
& où elles étoient percées de plufieurs trous, pour
pouvoir les arrêter d’une manière fixe dans les
mortaifes du levier , avoient audeffous de ce levier
environ trois quarts de pouceen quarté : elles s em-
boîtoientdans un trou quarré, où elles etoient arre-,
tées par le moyen d’une clef de fer. En otant cette
clef, on peut enlever toutà la fois, & lorfqu on veut,
les verges de fer, avec le levier & fon fupport;
moyennant quoi il nerefte rien à la furface des Ven-
tilatiurs ou furie plancher du franc- til.ac, fice neft
environ deux pouces de haut de la branche de ter ou
font les trous quarrés , dans lefquels on remet,
quand on v e u t, les verges avec leur levier, qui
avoit douzepieds de long.
La partie inférieure de la verge de fer doit avoir
une jointure auprès du diaphragme , faite par deux
chaînons ou bien par deux yeux, par le moyep
defquels la verge puiffe s’ajuftë'r facilement dans
cette jointure, par le double mouvement eau fe
par l’élévation, & abaiffement-tant du driapbagme
que du levier.
Les planches de fapin qui formoient les ^ corps
des Ventilateurs, avoient un pouce & demi d épais,
de même que celle qui les féparoit 1 un de 1 autre,
& qui étoit commune aux deux.
La planche cambrée- étoit auflî de fapin , & tres-
forte. Les ouvertures des foupapes avoient fix pouces
avoient un pouce de plus que-les ouvertures, &
leurs bords ainfi que ceux des ouvertures etment
garnis d’une bande d’étoffe de laine, autant pour
empêcher qu’elles ne fi fient trop de bruit, que
pour les garantir des trop grands chocs qui auraient
de haut fur vingt-deux de large.
Les foupapes, qui étoient fufpendues par des
charniprme A* r.iiti» î-svinp nnue nrévenir la rouille «
pu les btifer.
Les ouvertures des foupapes ayant chacune fix
pouces de hauteur, étant à quatre pouces les^ unes
des autres , & à trois pouces des bords fupérieur
& inférieur, ce qui fait en tout vingt-deux pouce ,
il étoit néceffaire de donnerj une pareille hauteur a
cette partie des V en tila teu rs, fur environ deux
pieds de long, afin de trouver l’efpace neccliaire
pour placer des foupapes de cette hauteur, & que
celles qui donnent entrée à l’air, puffent fe mouvoir
intérieurement fans obftacle. Et pour que les
valvules fupérieures eufient affez d efpace pour {e
mouvoir librement dans la cavité des Ventilateurs ,
il falloir placer les deux diaphragmes, de manier e
qu’ il y eût une diftance de huit pouces entre leur
furface fupêrieure & celle de l’ais fupérieur des
Ventilateurs , biffant feulement quatre pouces entiers
pour le paffage de l’air entre les diaphragmes
& l’ais inférieur des V initiateurs.
Il falloit auflî que la boite eût vingt-deux pouces
de hauteur & 'dix-huit de large , non-feulpment
pour qu’elle pût recevoir les foupapes, & que ces
foupapes puffent s’ouvrir dans fa cavité 1 mais
encore afin qu’il y eû t, au-delà de la portée des
foupapes, un efpace affez grand pour que lam put
paffer fans peine , & enfiler un conduit ü environ
un pied en quatre , qui le portoit le long du flanc
du vaiffeau, à travers le franc-tillac & le nilac,
foit au dehors, par un trou fait au milieu du
bordage, ou en haut au-deffus du tillac.
On plaça ces V entilateurs fous les baux & les
planches du franc-tillac, qu’on ne voulut pas couper
dans un vaiffeau neuf, jufqu’à ce que l’on en
eût fait l’épreuve & qu'ils fuffent approuves. Mais
on eft convenu qu’il étoit plus à propos de couper
les baux & les planches, de manière que la furface
fupêrieure des Ventilateurs fe trouvât, de niveau
avec le plancher du franc-tillac, & qu’elle en fît
partie : au moyen de quoi non-feulement ils occuperont
moins de place dans le fond de cale, maïs
il fera plus facile encore d’y atteindre, pour y
faire les réparations néceffaires , outre qu’ils feront
hors de la voie dans le temps de l’aflion.
Deux hommes placés fur le franc-tillac , font
aller ces Ventilateurs par le moyen d’un levier de
douze pieds de long ; & comme ces V.n dateurs,
ont chacun dix pieds de long fur quatre pieds trois
pouces de large & treize pouces d épais , ils fournirent
la valeur d’un tonneau d’air à chaque coup
de levier ; de qui fait foixante tonneaux par minute,
trois mille fix cents par heure , & quatre-vingt fix
! mille quatre cents par jour. Cet air paffe par un