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du pinceau , & en même temps qu'ils l’étendent
de La main droite vers l’extrémité des bandes,
ils en retiennent l’autre extrémité avec la paume
de la main gauche, jufqu’à ce qu'ils y aient auffi
paffé le pinceau, pour enfuite le ramener vers le
milieu, & le promener au long des bandes, jufqu’à
ce qu’elles foient fuffifamment & également
imbibées de colle, obfervant de paffermoins fou-
vent le pinceau fur le papier lorfqu’il eft plus
tendre.
Les bandes de papier étant* ainfi colléesv fur
l’ais, le vitrier les enlève l’une après l’autre, en
les prenant par l’extrémité qui eft à fa gauche j
il en laiffe couler la plus grande partie dans le
creux de la main gauche, & commençant par le
bas du chaffis qu’il a difpofé à cet effet fur la table,
tenant de la main droite l’autre extrémité de la
bande, après l'avoir appliquée fur l’angle de la
feuillure, il la conduit en droite ligne a,u long du
Carreau avec le bout des doigts , de manière que
le bord de la bande appliquée ne paroiffe pas
excéder par dedans le bord de la feuillure; enfuite
rompant la bande vis-à-vis ce qui lui en relie dans
la main gauche, ibs’en fert pour continuer la largeur
du carreau qui eft fur la même ligne, ou
pour la première hauteur, fi elle fe trouve affez
longue pour en faire l’équerre : ainfi continue-
t-il de bandes en bandes , de manière que le haut
recouvre le bas, ce qu’on appelle coller'en tuile.
Il doit encore obferver de bien appliquer la bande
dans les angles des feuillures autour des pointes
pour l’empêcher de fe le ver, ce qui occafionne-
roit des fifflets infupportables à l’oreille, lorfque
le vent viendroit s?y loger.
Comme il refte affez ordinairement quelques
bouts de bandes , on les rèferve pour réunir fur
la plinthe les quatre extrémités des bandes, en
lés y appliquant en lozanges. Un des foins particuliers
du vitrier, eft de ne point tacher les carreaux
de colle, foit en la faifant baver au long
de la bande , ce qui arrive lorfqu’on en met trop
fur le papier ; foit en laiffant échapper fur le carreau
le bout de cette même bande. Enfin, les
bandes de papier qui font collées fur les bords
du chaffis en dehors, doivent être appliquées fur
une même ligne, & les quatre coins bien quarrés,
fans qu’aucun bout de bande excède l’autre.
A Lyon | qui après Paris eft la ville où l’ufage
de coller les carreaux eft le plus fréquent, quand
le papier collé eft bien fec, il eft d’ufage de paffer
par deffus une ou deux couches de blanc à
l’huile.
Les fournitures de carreaux de verre en croifées
neuves font ordinairement- au compte du propriétaire.
Ces carreaux fe paient félon leur grandeur
, & fe mëfurent au pied de r o i, fuperficiel
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de 144 pouces. Et quoiqu’il n’y ait guère de pro.
feflion plus fufceptible que la vitrerie de quelques
concédions d’ufage, à caufe dps rifques occafion-
nés par la fragilité de la matière fur laquelle elle-
s’exerce , il n’y en a pas dont le toifé foit plus
fcrupuleufement réduit. Ses plus petites fraftions
y font multipliées l’une par l’autre aulfi firiélement
que dans la dorure. C’eft un caffe-tête pour un ar-
chiteéle que le toifé d’un mémoire d’ouvrages neufs
de vitrerie au pied; & je ne crois pas qu’il en
foit un qui ne préférât le règlement d’un mémoire
en toifé, foit de maçonnerie, foit de charpente,
montant à 10,000 liv. & plus, à un mémoire de
50© liv. de fournitures neuves de vitrerie en carreaux
de différentes mefures.
Onconnoît cependant trois ufages deconceffion
que la plupart des architectes qui ont écrit fur
cette partie de leur art, accordent au vitrier. Tel
eft i°. celui de porter à un plus haut prix que le prix
courant tout carreau de verre dont la fuperficie excède
un pied en quarré. 20. D e toifer un carreau circulaire
, comme quarté dans fa fuperficie , en mul-
tipliant fa plus grande hauteur par fa plus grande
largeur. 30. Dans les impolies en éventail, qui
dominent fur des croifées neuves, ils prennent le
dans-oeuvre de toute Fimpofie , c’eft-à-dire, fon
diamètre &fon demi-diamètre, & multiplient l’un
par l’autre ; & le produit eft le nombre de pouces
quarrés que doit être comptée l’impofte entière
que l’on réduit enfuite en pieds quarrés , fans rien
rabattre, ni pour l’étendue dujvide du circulaire, ni
pour les petits bois, & à caufe des pertes, déchet,
caffe & fujétion de la coupe du verre. Autrefois
le prix des carreaux fe faifoit à la pièce, & ils
étoient plus ou moins chers, à proportion de
leur grandeur plus ou moins étendue , & des
acceffoires qui les accompagnoient, comme d’être
entourés de plomb , ou collés feulement d’un
côté, ou contre-collés, ou enfin mafiiqués.
Le nom de tnafiïc, en fait d’arts , eft appliqué
à différentes fortes de colles ou compofitions qui
fervent à joindre un corps avec un autre. Celui
dont nous avons occafion de parler i c i qui fert
.à retenir les carreaux de verre en feuillure & à
défendre les appartemens des injures de l’air d’une
manière plus folide., plus clofe & plus fourde
que les bandes de papier collé, nous vient des
Anglois, dont le pays infulaire eft bien plus fujet a
cet inconvénient. Les premières compofitions qu ils
en firent, étoient un mélange afforti de gros blanc
écrafé & tamifé, de blanc de cérufe, de mine de
plomb rouge, & de litharge, tfu’ils pétriffoient
avec de l’huile de noix ou de lin, fur laquelle
ils ajoutoient une petite quantité d’huile graffe.
Gn fent aifément combien ce maftic étoit prompt
à durcir à l'air ; ce qui fans doute avoit rendu l’u*
fage du maftic problématique , par rapport à 1 a*
vantage.ou au dommage que fon emploi pouvoit
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procurer au propriétaire , dans le bois comme
[ans le verre.
Nous avons remédié à cet inconvénient, en
compofant un maftic moins dur, & par confèquent
moins difficile à lever , lorfqu’ il s’sg't de fournir
; des carreaux à la place de ceux qui font caffés,
I ou de les lever de place lorfqu’iV faut faire réparer
les chaffis par le menuifier. Nous préparons ce
| maftic- avec le blanc qui fe fait aux environs de
Marly, vulgairement connu par le nom de j blanc ,
d’Efpagne , écrafé & paffé au tamis de toile de
crin ordinaire. On le délaye avec l'huile de lin,
après avoir mêlé un peu de blanc de cérufe à
proportion de la quantité que l’on veut en faire ;
c’eft-à-dire J environ deux onces par livre d’huile,
j On pétrit le tout enfemble, en l’agitant & le
battant jufqu’à ce qu’il ait acquis la confiftance
! de la pâte à faire du pain. Si l’on veut le tenir
moins ferme & empêcher qu’il ne durciffe fitôt,
f on peut y employer par préférence l’huile d’oeillet
pu femence de pavot, comme plus onCteufe.
L’avantage de l’ufage qui devient plus fréquent
parmi nous tous les jours , de maftiquer les croi-
i fées au lieu de les coller, confifte en ce que les
carreaux mieux enfermés ne font pas fi fujets à
fe caffer que ceux qui ne font que collés , que le
vent agite bien plus facilement, lorfque les .pluies
I ont ôté au papier la glutinofité de la colle : s il
s’en fêle 7 reftant folidement joints , ils ne donnent
point au locataire l’occafion fi fréquente dans
le collage de les joindre avec des bandes de plomb !
en écharpe, jufqu’à-ce que, preffé de rendre les |
lieux eh bon état à la fin de fon bail, il foit oblige
d’en faire remettre d’entiers.
^ Pour maftiquer lés croifées, il faut que les chaffis
foient peints jufqu’au fond des feuillures, au moins
en première couche, ou encore qu’on les ait frottés
avec de l’huile, afin que le maftic y. foit plus
adhérent & qu’il foit moins fujet.à s’écaler. Alors
l’ouvrier tenant dans fa main gauche une certaine
quantité de maftic qu’il a affez manié afin qu’il s’y
amoliffe , en prend de la droits, au bout du couteau
’ à racoutrer, dont nous avons parlé ailleurs ; pour
former une bande, en commençant par parties ,
depuis -un angle de la feuillure jufqu’a l’autre,
& en ramenant la pointe obtufe de ce couteau à
fens & à contre-fens, pour la preffer contre la
I feuillure, & ainfi de bandes en bandes, en obfervant
de former dans chaque angle une efpèce
.de,pan incliné, qui leur donne de la grâce, &
fur-tout de tenir la bande affez étroite pour qu’elle
ne paroiffe pas déborder la feuiljure par dedans.
Quand un chaffis eft maftiqué en entier, ce qui
ne peut fe faire fans tacher un-peu les carreaux,
on répand légèrement fur chaque carreau un peu
de blanc en poudre, que l’on reffuie auffi légèrey
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ment avec une broffe , dont les foies ou poils
foient longs 8c plus doux que ceux des broffes
ordinaires, 8c par ce moyen on enlève les taches.
Il y a des ouvriers qui maftiquent fi habilement ,
qu’ils égalent quelquefois en vttefle ceux qui collent
le mieux; mais ils font très-rares.
11 eft d’ufage, 8t avantageux même pour le
maftic, de ne paffer la fécondé Couche en huile
fur .le chaffis du côté des feuillures , qu’après que
les carreaux en ont été maftiqués, cette couche
formant fur le maftic une croûte qui le conferve.
Le pied de verre maftiqué fe paie ordinairement
deux fous par pied plus cher que le verre collé,
à caufe de l'emploi du temps 8e de la plus forte
dépenfe que le maftic emporte ; 6t encore parce
que le verre, pour être maftiqué, demande plus
de choix. Les carreaux de verre, trop gauchis ou
bombés , tels fur-tout que ceux qui approchent
le plus de ce noeud qui fe trouve au milieu d’un .
plat de verre , que l’on nomme la boudiné, 8c qui
s’élèvent au-deifus de la feuillure, ne font pas
propres à être maftiqués. /
Le lavage des vitres, foit collées, foit maf-
tiquées, elt mis au rang des réparations locatives.
Le propriétaire doit les vitres nettes au locataire -
qui entre dans fa maifon , 8c le principal locataire
doit les donner telles au fous locataire qui vient
y occuper une chambre ou un appartement. Il eft
eft donc jufie que l’un 8c l’autre les rendent telles
enfortant. Le principal locataire eft tenu de rendre
toutes les vitres faines 8c entières, fans boudinés
ni plombs qui joignent celles qui font feiées , lorfqu’il
s’agit de grands carreaux ; à moins qu’on
n’eut eonflaté par un état figné double par les
parties , que les vitres n’ont pas été données nettes
par la main du vitrier, ou qu’il y avoit un tel
nombre de carreaux fêlés joints avec des plombs
gn écharpe, ou des boudiné?. Sans cette précaution,
il eft préfumé que le principal locataire les
a reçus fains & entiers , 8c en bon état de toutes
réparations; il eft en tel c.as obligé de les rendre
tels.
Il y a ici une obfervation à faire par rapport
aux carreaux de verre des croifées des efcaliers.
Si c’eft un principal locataire qui tient la totalité
de la maifon à bail, l'entretien de l’efcalier devient
fujet aux réparations locatives , lorfque les vitres
en font fales, ou. qu’il y en a de caffées ou hors
déplacé : s’il n’y a point de principal locataire,
ou que ce foient différens locataires qui tiennent
les lieux qu’ils occupent, du propriétaire immédiatement,
les réparations des vitres de l’efcalier
font à' la charge du..propriétaire, à moins qu’il
n’ait eu foin dans fes baux particuliers de charger
chacun de fes locataires des vitres de l’étage de
l’efcalier qui a rapport à fon appartement; claufe