
720 V O U
bourg Saint-Marcel, qui n’a épargné ni foins ni
dépenfes pour les porter à leur petfe&ion.
Ce procédé diminue de plus de moitié le poids
des hourdis & voûtes de briques qu’on a jufqu’à
préfent employés.
On peut donc maintenant mettre à l’abri de
tous dangers, les dépôts publics, les chartriers^ &
autres monumens précieux de tout genre , d’où
dépendent l'état, la fortune des citoyens & les
chéf-d’oeuvres de l’antiquité.
Il feroit auffi à délirer que les hofpices cleftinés
à recevoir des malades, fu fient tous confire its de
cette manière : on en fendra vivement l’indifpen-
fable nécefiré, fur-tout lorfqu’on fe rappellera la
trille & défoiante cataftrophe de l’hôtei-dieu de
Paris.
Les faites de fpe&acles, qui font fi fou vent dévorées
parles flammes, où le publie, fe raiî'emblant
«n grand nombre pour fe délaffer de fon travail,
ell fans celle expofé à y perdre la vie, & où le
trille & malheureux exemple ne s’eft que trop ma-
nifefté avec la perte de la plus belle de nos faites
de fpeélacles de Paris ( l’opéra, rue Saint Honoré ) ,
q u i, fans le .plus grand des hafards, pouvoir em-
brafer le plus beau & le plus riche quartier de la
capitale , & tout récemment la fa lie de Montpellier,
celle d e, &c. &c. mais l’alarme paifée ,
on s’endort fur le danger, & l’attention ne fe réveille
que par un nouveau malheur qu’il feroit
cependant bien facile de prévenir.
L’auteur a fait, il y a quelques années, un projet
de falle de fpeétacles , dans laquelle il n’entre
aüvün combuflible , fi ce n’eft feulement pour
certaines parties du théâtre, machines & décorations
: les fpeâa'teufs font tous également bien
p-ccé* &, ?n face du théâtre, vei;s lequel toutes
les loges süiicHbeni : la voix des a&eurs fe répan-
droit bien mieux étant contenue dans des parois
folides, aiirlieu qu’elle fe perd & s’abforbe fur des
toiles & des planches de fapin.
Nota. Le peu de combuflibles qui fe trouveroient
dans & fur le théâre , venant à s’embrafer, ne
feroient pas plus de tort à la falle , que le bois qui
fe confume dans nos cheminées. Au premier moment
de l’incendie, fi on ne pouvoit parvenir à
l ’arrêter, on ouvriroit au fommet de la falle , au-
deiîùs du théâtre, une iflùe quirempliroit l’office
d’un canal de cheminée, & chacun pourroit garder
fa place jufqu’après la ceflation du fe'u.j
Suit l’extrait du'rapport des commiflaires de
l’académie, MM. Franque, Brébion, Jardin &
Guillaumot.
V O U
Les commiffaires nommés par l’académie royale
d’architeéture, dans fa féance du Ier. juillet 1782,
pour faire l’examen des planchers conftrui s en
fer, d’après les procédés propofés par M. Ango,
archite&e, juré expert, & en faire leur rapport,
fe font transportés, à la réquifition dudit fieur, à
fa maifon rue Saint-Vi&or, &dans une autre, rue
Neuve-des-petits-champs, où ils ont vu des planchers
de cette efpèce ; & le 12 avril dernier, ils
fe font auffi tranfportés au village de Boulogne,
dans une maifon reftaurée par M. Ango, où ils
ont examiné un plancher conftruit entre le rez-de-
chauffée & le premier étage, dans une pièce de
dix-neuf pieds de long fur feizepieds de large,
conformément aux plan & profil joints au préfent
rapport, & au modèle en fer d’une ferme, que
M. Ango a dépofé à l’académie pour y reflet, fur
lequel plancher font établies les cloifons marquées
au plan, nous l’avons trouvé très - folide^, difent
MM. les commiflaires, fans aucun fouet ni ébranlement,
quelque effort que l’on fafle en fautant
deffus; ainfi il paroît remplir parfaitement fon objet.
On voit, par le profil, qu’il eft impolfible que la I
barre de fer droite E , faifant office de poutre,
puiffe fléchir, au moyen des efpèces d’embreuve-
mens ou talons q jî reçoivent les abouts de la barre
courbée D. L’écartement des murs de faces eft j
auffi arrêté au moyen des barres B , &c. & nous
penfons qu’on ne ïauroit trop exciter l’émulation
fur l’e/nploi de tous les moyens qui peuvent tendre
à économifer les bois , ïefquels deviennent journellement
plus rares, plus chers & moins bons;
if eft donc à défirer que le procédé de M. Ango
foie mis en pratique par tous les conftruéleurs,
afin qu’un grand nombre d’exemples viennent
confirmer la bonne opinion que nous en a donnée
l’eflai dont nous rendons compte.
Fait au louvre, à l’académie, le 13 juin 1785.
Couverture en feuilles de cuivre, & dépenfe de cettt
couverture j par M . Bonnot.
On a fenti de tous temps la néceffitê de couvrir
les bâtimens d’une manière folide, pour s’y,
préferver des intempéries des faifons ; mais jufr
qu’à préfent on n’avoit pas trouvé le moyen de per-
ter cette partie de l’architeélure au degré de perfection
dont elle eft fufceptible : car ce problème,
fi l’on peut s’exprimer ainfi, offroit plufieurs cas
à réfoudre. On peut cependant les réduire à ce
petit nombre, folidité, légèreté», à quoi il faut
ajouter la dépenfe des matières.
On imagina les tuiles ; elles coûtoient peu, mais
pèfent beaucoup.
On leur fubftitua les ardoifes, qui pèfent moins,
mais coûtent plus. On verra ci-après quel eft Je
rapport, dans la dépenfe, de ces deux fortes de
matériaux.
Pour
V O ü
Pour lés grands édifices, depuis long-temps, on
fait ufage dé plomb. Il a pour lui l’apparence de
la folidité. Je dis l’apparence, car, outre qu’il eil
fuiet à de fréquentes réparations : elles ne fe font
qu’au moyen de fou dure s & du feu ; de-là fou-
vent des incendies , dont nous avons eu des exemples
malheureufement très-récens au pavillon de
Flore des tuileries, à la cathédrale de Bordeaux
& au château de Chantilly. - .| ;
C’eft en s’occupant de ces confidérat'ons. d une ‘
manière fuivie & ^approfondieen voyant auffi'
que, depuis pliifieürs fiècles , lies cours du Nord
i font ufage du cuivre pour les toitures, que le fieur
Bonnot a trouvé le moyen de fubftituer^à l’avenir
! le cuivre aux tuiles , aux ardoifes & au plomb.
| Il en ré fui te plus de légèreté dans les couvertures,
plus de folidité dans leurs difpofitions, & la certitude
de n’avoir plus de, réparations à faire. On
ne pourroit lui reprocher que la dépenfe du mo-1
ment, qui excède celles des tuiles & des ardoifes ;
I mais en étab iflant-une compenfation entre les frais;
I du moment &7ies avantages , foit pour la folidité
J foit pour l’économie des réparations qui n’ont
[ plus lieu-, on fent qu’il y ,a tout à gagner à faire
I nfage du cuivre, tel qu’il l’emploie.
I II y a plus : des archite&es d’ un mérite diftirigaé>
I ont affûté au fieur Bonnot qu’ ils &■ :oient en état
I de démontrer qu’il y auroit de l’économie dans.
I la dépenfe, à l’ inflant même de la conftrtiéfion
I d’un bâtiment, toutes les Fois-que l’on difpoferoit ■
I les plans de bâtiffe & la charpente pour que le
I bâtiment fût couvert en cuivre, & en pratiquant des
I combles plats , pour lefquels il faut moins de hau-
I teurde murs & de cheminées, 8t moins de bois.
I On peut affûter que fi l’on fait encore iifage
I de plomb, c’eft que l’on y tient.par une fuite de
I l’ancienne routine, ou fi l’on veut dire, ancien
I ufage; & que les avantages des couvertures en
I cuivre ne font pas affez connus.
K Ce cuivre, par fa préparation dans les diffé-
I rentes fortes détaillées ci-après, n’exige qu’une
I certaine force : lale&ure du tarif fuiyant va donner
g une idée de la comparaifon que l’on peut établir
K entre les tuiles, les ardoifes, les plombs laminés ,
! ceux coulés appelés plombs ordinaires, & les diïïé-
I rentes efpèces de cuivre.
Il eft efïentiel d’expofer d’abord les différentes
I dénominations adoptées par le fieur Bonnot. Il
I divife le cuivre qu’il emploie pour les bâtiment,
I en quatre fortes principales.
Savoir, i°. le cuivre rouge laminé; 2.0. le cuivre
■ qu’il appelle bâtard, & qui fe divife en deux ■
1 fortes; 30. le cuivre fort, qui fe divife en quatre
1 mîtes ; 40. le cuivre pour tuyaux, qui fe divife
i tn fept ferres»*
Arts & Métiers. Tome V lll.
V O ü 721
• i° . Le cuivre rouge laminé eft deftine aux ba-
timens particuliers, en plein comble & avec pentes ;
il coûte, la toife; fuperficielie , 66 liv. .
2°. La fécondé efpèce eft appelée cuivre bâtard,
parce qu’il eft entre la force du cuivre rouge la-
miné, & celle du cuiv.re fort ètamè. Cette efpèce
de cuivre eft ètamè, & fe divife en deux fortes,
relativement à fon épaiffeur & à fa proportion»
La première forte eft de,7^ I. ) la toife fuperfi-
La deuxième...... .. de 84 y - cielle. .
3°> La troifième efpèce eft le cuivre appelifo r t ,
parce que fon épaiffeur permet qu’il foit fubftituè
par-tout au plomb. Il eft auffi préparé & etarné,
& fe divife en quatre fortes ,, défignées en chiffres
romains, par les n°’ . I , I I , III & I^-
Fe cuivre pour tuyaux de defeente des eaux,
eft préparé 8>i clamé,de deux faces ,■ & fe fabrique
de différentes épailleurs , félon le diamètre des
tuyaux que fon veut.faire exécuter.: Il fe partage en
feptfortes , défignées par première, deuxième ,& c .
Il ne fuffifoit pas de proportionner les forces du
cuivre, aux places, il fahoit encore s occuper de
la manière de les employer folidement, & trouver
-même un moyen de les-pofer-plus fimple, plus
folide & moins difpendieux que l’ufage adopté
dans les cours du Nord; c’eft ce qu’à fait le fieur
Bonnot, & ce qui lui a mérité la confiance de
plufieurs archite&es, qui l’ont occupé à la couverture
de nombre de bâtimens & pavillons, tant
publics que particuliers. Les progrès quil a faits
dans ce nouveau: genre de couverture, lui ont
fait obtenir les fuffrages de MM. des académies
royales des fciences & d’architeâure.
Le fieur Bonnot a auffi imaginé les différens
outils propres à ce genre de couverture, & a
formé des ouvriers inteiiigens, qni s’en occupent
uniquemenr.
Prix des différentes efpèces de cuivre rouge , laminé &
préparé pour couvrir les bâtimens particuliers 6>
édifices publics.
C u i v r e r o u g e .
Cuivre rouge, laminé, pour remplacer
en plein comble les tuiles
& les ardoifes 3. la toife fuperficielie
pofée, eft d e.;.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 5 1.
Les'tuiles, reviennent la toife,
compris ufage, à .................... 14 10
Et les.ardoifes, idem, à ........... 16 10
Y y y y