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farine, & ne peuvent augmenter la folubilité que
d’environ dix livres de .fels varioliques.
L’addition du fel commun a , à mon avis, un
avantage plus grand & d’une très-grande importance
, dont nous allons nous occuper , & fur
lequel on ne fauroit affez infifter.
Ce fécond avantage, qui félon moi eft le plus
grand, eft celui-ci : l’acide vitriolique dégage l’acide
de fel de fa bafe. Cet acide, plus léger que l’acide
vitriolique, dégagé en vapeurs , corrode, par une
propriété propre aux acides en vapeurs, les métaux
qui accompagnent l’or & l’argent, avant de s’y
unir, de la même manière que l’acide du vinaigre,
en vapeurs corrode le plomb en cerufe avant de
s’y unir, & que l’acide nitreux corrode les métaux
qu’on expofe à fes vapeurs.
Les acides font cet effet avec d’autant plus de
facilité , qu’ils fe réduifent plus facilement en
vapeifrs ; & l’on fent par-là que l’acide de fel doit
le faire avec phis d’efficacité que les autres.
Ajoutons encore qu’il fe dégage en partie fous
l’état d’ acide de fel déplogiftiqué, & exerce avec
beaucoup plus d’énergie, & avec une énergie dont
on ne fe fait pas d’idée, fon a&ion fur le phlo-
giftique des métaux, qu’il rencontre dans un état
divifé & propre à lui préfenter leurs furfaces. Peut-
être encore que, par l’aâion du feu, il fe déphlo-
giftique à mefure qu’il fe phlogiftique, & répète
ainfi continuellement fon aélion fur de nouvelles
portions de phlogiftique.’
Sans recourir à cette explication hypothétique ,
nous favons que les acides adhèrent peu aux métaux
privés de phlogiftique ; ainfi à mefure que
l’acide de fel s’unira au métal qu’il attaque, il
s’en dégagera , & portera par préférence fon action
fur les parties métalliques encore phlogifti-
quées:
Suppoféjqu’il s’uniffe au métal phlogiûiqué, l’action
de l’ait: & du feu déphlogiftiquera bientôt le
métal de ces fels , comme nous le voyons dans
tous les fels métalliques que nous grillons ou que
nous expofons à l’aâion réunie de l’air & du
feu , & l’acide de fel fe dégagera & agira de
nouveau.
Les bornes de cet ouvrage ne nous permettent
pas d’entrer dans de plus grands détails. On peut
confulter à cet égard l’ouvrage de M. de Born ,
& le troifième volume des Mémoires de la fociété
des fciences phyfiques de Laufanne, qui renferment
plufieurs mémoires fur l’amalgamation.
Nous terminerons cet article en expofant les
avantages de l’amalgamation des minerais d’or &
d’argent fur la fonte.
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Quoiqu’il foit prouvé que l’amalgamation l’emporte
en tout fur la fonte, il n’en eft pas moins
vrai que les avantages fuivent les différences qui
exiftent entre tel & tel p ay s , entre la manière
de fondre , & que fur-tout ils dépendent de l’économie
des mines. Il réfulte de ceci, que l’amalgamation
offre beaucoup d’avantages généraux ,
mais qn’il y en a d’autres qui ne font que relatifs
aux circonftances dont nous venons de parler.
M. de Born fait voir par lé tableau des frais de
l’amalgamation en Hongrie , combien l’amalgamation
eft préférable à la «fonte. Il eft vrai que
fi les minerais font plus riches, le marc d’argent
coûtera moins ; mais il eft auffi démontré que les
minerais les plus pauvres donneront toujours un
plus grand profit s’ils font amalgamés, que quand
ils font traités par la voie de la f®nte, & même
de la fonte crue, parce que dans ce dernier cas
on épargne toute fonte ultérieure.
Outre que les frais de l’amalgamation font
confidérablement moindres que ceux de la fonte,
elle offre encore d’autres avantages non moins
importans pour les propriétaires des mines, en ce
que les minerais peuvent être dépouillés de leur
contenu , fi promptement que tous les travaux de
l’amalgamation, y compris ceux du bocardage &
du grillage, ne durent que trois à quatre jours :
alors on a extrait tout l’or & l’argent contenus
dans les minerais, tandis qu’aux fonderies le travail
dure pendant quelques mois , &.encore n’a-t-
on extrait que la moitié du contenu , le refte
étant encore partie d^.n$ les mattes, partie dans
l’arcot & dans les fcoriea, d’où il ne peut jamais
être extrait en entier, parce qu’il fe forme à chaque
nouvelle fonte, des mattes, des fcories , &c.
De cette manière il refte toujours, dans ces
différens corps , un affez grand capital dont le
propriétaire ne retire aucun profit ; chofe qui
n’arrive jamais quand les minerais font traités par
l’amalgamation.
Le plus grand profit de l’amalgamation eft pour
l’état, en ce que par fon moyen on peut traiter
les minerais dans les endrçits pauvres en bois,
qu'on épargne non-feulement par fon moyen le
bois, mais encore tout le plomb dont on brûloit
& anéantiffoit une fi grande quantité dans l’opération
de la fonte. Un avantage non moins marqué,
c’eft celui d’obtenir l’argent avec infiniment
moins de déchet que par la fonte.
Travaux fur les mines de plomb.
Dans les mines de plomb ordinaires, ou galènes
le plomb eft minéralifé par le foufre. Il fuffit, pour
obtenir le métal, de chaffer le foufre. Le grillage
& la fonte fuffifent pour y parvenir.
Lorfque
. Lorfque les mines font riches, on les feit fondre
à travers le charbon après les avoir grillées, &
l’on ajoute des matières propres à faciliter la fufion
de la gangue, comme des fcories d’une ancienne
fonte d’une femblable mine , ou des terres calcaires
ou argilleufes, fuivant la nature déjà fubf-
tance terreufe qui fait la gangue de. la mine. On
obtient du plomb duftile & de la matte, ou du
plomb fulfuré, qu’on ajoute après l’avoir grillé à
une autre fonte.
Lorfqu’on a des mines de plomb pauvres , on les
fond fans les griller, & l’on obtient alors de la
matte de plomb ou un plomb aigre & caftant, à
caufe du foufre qu’il contient. On fait calciner cette
matte jufqu’à ce qu’on ait.fait diffiper le foufre; on
la paffe à la fonte, & l’on retire du plomb qui a
toute fa duélilité.
Tel eft en général le procédé qu’on emploie
pour les mines de plomb. Pour faire connoître les
détails de cette fonte, nous décrirons exa&ement
la manière de fondre les mines de plomb du comté
de Gerolsheck ; & comme pour le général les procédés
ne font pas écrits avec affez de détails dans
les ouvrages de métallurgie en françois que nous
avons, je penfe que ce que nous dirons à ce fujet,
pourra intéreffer différentes perfonnes.
On grille le fchlich ou la farine de mine de'
plomb dans des aires à griller ordinaires. Il y en
a trois à côté l’une de l’autre, ou , pour m’exprimer'
plus clairement, le grillage â trois divifions. Dans
la muraille de derrière , il y a au bas une ouverture
qui fert de foupirail. Le fol du grillage qui eft un
peu incliné , repofe fur des canaux d’évaporation.
Le bas du fol eft en fcories, fur lefquelles il y a
un lit d’argille recouvert d’un lit de brafque. Chaque
divifion du grillage a environ douze pieds de
roi ou la longueur de trois bûches de long, cinq
à fix pieds de largeur & à peu près autant de
hauteur. t
Pour arranger le grillage, on- commence à couvrir
le fol d’un lit de bots, qu’on recouvre d’une
couche de charbons , fur lefquels on met un lit
de mine, & Ton continue ainfi alternativement;
On l’allume par le devant. Ce grillage dure trente-
fix à quarante-huit heures. Ce qui a paffé à un feu
paffe à un fécond feu dans la fécondé divifion , &
à un troifième feu dans la troifieme divifion.
Avant de mettre la mine fur le grillage , on
l ’empâte avec du lait de chaux-, pour qu’elle fe
réduife en maffe ; & fi la chaux ne fuffit pas pour
la.faire agglutiner , on- ajoute un peu de coulis
d’ârgille ; mais* on tâche d’ajouter auffi peu de
chàux &- d’argille que poffible , parce que la chaux
eft, comme le.prouvent les expériences de M.
Vallerius , nuifible, & que l’argille rend la- fonte
difficile:?
Arts & Métiers, Tome VIIL
Cette agglutination préfente, il eft v ra i, des
avantages. Le fckLicli ou la farine du minerai ne
coule pas auffi facilement par les charbons , & dans
le fourneau le vent emporte moins de minerai ;
mais, d’ un autre côté, tout ce qui eft agglutiné
ne peut pas fe griller dans l’intérieur à plufieurs
endroits : au lieu de favorifer l’agglutination, l’on
tâche de l’éviter autant que poffible. Il y a dans
ceci, comme dans nombre d’autres chofes , un
certain milieu à tenir.
On grilloit ci-devant les fchlichs dans le fourneau
à réverbère; mais on l’a abandonné , comme à
nombre Tautres endroits, à caufe de la difficulté
qu’il y a de furveiller affez le s . ouvriers pour
qu’ils remuent le minerai auffi fouvent que cela
eft néceflaire. On pourroit remédier à cet inconvénient
_en remuant les fchlichs avec un rateau ma
par l’eau. On a fait exécuter avec fuccès cette idée.
Les grillages font de trente quintaux de fchlich,
& l’on emploie pour les trois grillages une toife
_ & demie de bois. *
La mine grillée fe tranfporte dans la fonderie.
.Elle s’y fond dans un petit fourneau courbe, qu’on
charge par-devant , & qui a deux à deux pieds
& demi de profondeur, fur un quart de pied de
Paris de large.
Ce fourneau eft muni, fur le devant, d’une poitrine
amovible, compofée de trois grands carreaux
de terre grafte. Qu’on fe repréfente un efpace renfermé
par qùâtre murs, dont celui de devant eft
en plaq.ues d’argille , & qui, dans le. mur de derrière,
a une ouverture pour recevoir le vent des
foufflets, & l’on aura uns idée des fourneaux de
fonte ordinaires.
Ajoutez encore qu’il y a ,au bas du mur. de
devant pu de la poitrine, une ouverture ou une
- rainure par où les matières fondues paffent dans
un baffin de brafque en defcendant le long du
plan incliné .que forme la brafque dont eft couvert
le fol du.fourneau, & on aura l’idée du fourneau
& de fon creufet,
Usïe ftru&ure fi fimple n’exige guère de figure;
d’ailleurs , on trouve dans tous les livres de métallurgie
, des figures de fourneaux courbes ou à
manche. La ftruâure de ces fourneaux eft fi fimple,
qu’il eft probable que c’étoit celle que donnèrent-
ceux qui s’avifèrent les premiers de traiter les
mines à l’aide du feu.
Ce même fourneau fert ici pour revivifier les
litharges. "• ’ .
k En voici les dimenfions par pieds de roi.
j Hauteur du fourneau, quatre pieds un tiers.
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