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puifTe- les remettre toutes à leur place, fulvant
les repaires établi?. Ceci demande une attention
fcrupuleufe de la part du vitrier. Une pièce dérangée
de .fa place arrêteroit l’effet de la machine,
& en avanceront la deftru&ion.
On appelle tourner le plomb l’opération qui fe
fait par les machines que nous venons de décrire.
Les compagnons vitriers étoient autrefois dans
l ’ufage de tourner le plomb qu’ils dévoient employer;
mais l’utilité que les maîtres, fur-tout
ceux qui font le plus employés à faire des vitres
en plomb, ont trouvée à faire cet ouvrage rude
& pénible par d’autres que leurs compagnons,
les a portés à y employer des hommes forts &
robuftes, qui quelquefois dans une journée en
tournent cinq à fix cents lingots qu’on leur paye
au cént.
Nous avons dit qu’on pou voit tourner fur
un même tire-plomb de France ou d’Allemagne
des verges de plomb de différentes faces, depuis,
deux jufqu’à fix lignes. Le plomb de deux lignes
ne s’emploie guere que pour les chef-d’oeuvres
dont il prend le nom. Un plomb trop large maf-
queroit la délicateffe des entrelacs, & la jufte
précifion de la groifure. Il peut auffi fervir à
joindre dans les virres peintes, lorfqu’on les rér
rai)lit en plomb neuf, certaines pièces fêlées qui
ne font pas trop de remarque. Dans des têtes,
par exemple, il feroit plus à propos & moins
diffonant d’en réunir les morceaux à la colle de
poiffon fondue dans de l’eau de-vie, & chaude-«
ment appliquée fur l’épaiffeur des morceaux dé-
funis.
Le plomb de trois lignes de face s’employoit
autrefois très - fréquemment, lorfque l’ufage des
carreaux entourés de plomb étoit plus ufité. Ceux
qui l’avoient accrédité vers la fin du dernier
fiècle, fur-tout dans les maifons royales, ipré-
tendotent que des carreaux de verre entourés de
plomb, dont les ailes,bien relevées par dehors,
enfuite rabattues autour de la feuillure, étoient
retenues dans fes angles avec quatre pointes, &
contre-collées en dedans avec des bandes de papier
étroites, tenoient les appartemens bien plus
clos, que ceux qui n’étoient que collés & con-
tre-collés : mais les dépenfes ïpks fréquentes
qu’occafionnoit non-feulement le renouvellement
de ce plomb , mais encore le dépériffement des
croifées dans lefquelles l’eau de la pluie féjour-
n^nt dans la chambrée du plomb, & fe répandant
dans les feuillures, y croupiffoit & les pourrif-
foit, la découverte du maftic, qui rempliffoit le
même objet d’une manière plus sûre & moins
difpendieufe, parce qu’elle étoit moins fujette à
l’entretien, firent profcrire cet ufage. Il eft vrai
que cet ufage étoit affez agréable à la vue par;
dehors lorfque le plomb étoit neuf ; mais fon
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afpèél devenait auffi difforme lorfque les croifées
fe trouvoient remplies en partie de carreaux
anciennement entourés, dont le plomb étoit de. !
venu tèrne & fa!e, & en partie de carreaux!
nouvellement fourn s & entourés de plomb neuf
à la place de ce qui s’en étoit caffé.
Au refte ce même ufage tenoit encore les vi-
triers affujettis à des précifions géométriques
dans les carreaux cintrés de. différentes me fuies
de certaines croifées, dont les impofies fe ternii-
noient en éventail, & dont il leur falloir rapporter
& équarrir éxaélement les mèfiires fur la
table'avant que de les couper & de les entourer
de plomb neuf, en obfervant comme dans
les panneaux, d'y diminuer l’épaiffeur du plomb
qui devoit les entourer. On ne donne pas à
préfent beaucoup plus de face au plomb qu’on
emploie dans certaines façons de vitres, autrefois,
fi communes dans les croifées des appartemens,
auxquelles on fubftitue fous les jours des croifées
à grands carreaux : ufage qui, en répandant plus
de jour , a déchargé les propriétaires de la dépende
que leur occafionnoit l’entretien de ces
mêmes panneaux, qu’ils étoient tenus de faire
rétablir en plomb neuf, lorfque le plomb étoit
dégradé par vétufté. I
Le plo/nb de quatre-à cinq lignes de face
s’employoit < plus ordinairement dans le façons'
de vitres dites losanges ou bornes couchées, peu
ufitées ailleurs que dans Jes églifes ou dans les
falles des hôpitaux , ou autres lieux publics, où
les grands carreaux, par la quantité qui pourroit
s’en caffer , deviendroient d’une trop grande dé«
penfe. On appelle auffi ce plomb plomb à pièces
quarrécs, parce qu’on l’emploie par préférence
dans cette façon de vitres, où les pièces devenant
tous les jours plus étendues, & par confé*
quent moins planes ou plus gauches, elles ont
befoin d’une enchâffùre plus large. On ne fe
fert guere du plomb de fix lignes que pour les
lanternes de verre en plomb, ou pour les cloches
fur le couches des jardins.
Ce n’eft pas toujours de la largeur de la face
d’une verge de plomb que dépend la folidité des
vitres. Un bon plomb eft celui qui ayant une
bonne ligne de coeur, eft fortifié vers le milieu
dans fes ailes en s’aminciflant vers leur bord,
pour donner la facilité convenable pour les rele*
ver lorfqu’il s’agit d’y inférer de nouvelles pièces
à la place de celles qui fe caftent. Cette efpéce
de plomb, fur-tout lorfqu’il eft un peu arrondi
fur 1e. milieu de fa furface, eft d’un très-bon
ufage pour la jointure des vitres peintes, où le
verre plus épais a auffi befoin d’une plus haute
chambrée, ainfi que d’une plus forte épaifleuc
dans le coeur de la verge, à caufe de fa pC‘
fanteur. On lui donne cette rondeur en enfonçant
y i t
cant un peu en creux le milieu de la côte des
coulïinets. Un plomb trop large dans la jointure
jes vitres peintes en rend les contours moins
'gracieux & plus pefans. * .
Le plomb de jointure ne doit prefque point
avoir d’ourlet fur le bord des ailes; car alors
n’étant pas fujet à fe pliffer, il prend mieux la
forme des contours qu’il encbâffe, & leuf donne
plus de folidité par fon adhéfion. Un plomb
plus étroit affujettit le vitrier à maintenir un
panneau de. jointure de vitres peintes dans ia
première forme, ' lorfqu’il le remet en plomb
neuf, car pour peu qu’il altère avec le gréfoir
la première ordonnance dés pièces , lorfque. le
tout a été bien mis enfemble dès la première
[f0jf’ • un plomb étroit décéléra bientôt fa faute,
en làiffant apercevoir du jour en certains e n -
! droits.
Nous ne devons pas négliger de faire ici
mention d’ un autre tire-plomb , . ainfi que des
.plombs qu’on, y tire , qui eft peu connu en
France , & qui eft fort en ufage en Allemagne.
Nous n’avons décrit jufqu’à préfent que des
■ plombs _de fix lignes, de largeur tout au plus ;
■ mais il ‘s’agit préfentemeut de faire voir qu’on
peut tirer 'd’autres plombs ; qui ont jufqu’à dix ,
lignes de largeur , & qui contiennent le long de
i leur /axe un gros fil de fer.
Le plomb dont il s’agit fe fait en deux pinces
femblables ; elles portent une chambrée quarrée
d’un côté., & une demi-ronde de l’autre. On
fent bien que , lorfqu on tire ce plomb, il elt
né-c.e(Taire qu’une roue du tire-plomb ait- fa circonférence
quarrée,, & l’autre plus ep aille , ' &
demi-ronde v lune de ces chambres eft pour recevoir
le verre, & l’autre le gros ni de fer.
Lorfqu’on a ainfi tiré la quantité de verges de
plomb dont on peut avoir befoin, on en af-
femble deux fur une table, le demi-rond contre
l’autre demi-rond, avec le gros fil de fer entre
deux, que les deux demi-ronds embraffent, &
l’on foude ces deux pièces enfemble avec un fer
dont le bout foit plat & affez large pour cela,
ou bien avec les. fers ordinaires. Il faut mettre
à cette foudufe bien moins de plomb qu à 1 ordinaire,
afin que la verge de plomb en foit plus
blanche.
Quand on a ainfi étamé & foude une face de
cette verge, on la retourne, & l’on en fait autant
fur l’autre face'. La verge, de plomb en cet état
n’a encore rien de gracieux à la vu e , elle n’eft
Pas même folide, parce que le fil de fer n’eft pas
affez ferré ; mais on remédiera à ce double inconvénient
, par une autre & dernière operation ,
qui confifte à repaffer cette verge dans le tire-
plomb : mais il faut auparavant en changer les
Arts & Métiers, Tome VIII.
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deux roues & les deux arbres, ou fimpjement
les deux roues fi elles font mobiles fur l’arbre.
Les deux roues doivent êire plus pétri es de diamètre
de toute la4 quantité que lépaiffeur du
gros fil de fer jointe avec les coeurs des deux
moitiés de la verge peut exiger., ...
Les couffinets doivent porter des moulures
convenables. Lorfqu’on a ainfi repafTe la verge
de plomb dans le tire-plomb monté comme nous
venons d’en donner l’idée, elle eft alors fort
belle, bien unie, bien blanche & tièj-folide,
attendu que cette dernière operation la façonnée
& a bien ferré le gros fil. de fer. On fuppofe
qu’on a bien dreffé auparavant le gros fil, de fer,
qui doit être tiré exprès, pour cela, afùvqu il fe
trouve de la g'roffeur convenable à la largeur de
la verge qu’on fe propoie de faire.
On doit avoir plufieurs lingoûères pour fondre
les verges de plomb de la dimenfion proportionnée
à la force & à la largeur des verges que 1 on
-doit paffer dans.le tire-plomb; il faut en dire de
même des couffinets & des roues. Il eft nécet aire
d’en avoir de toutes les formes & dimenfions
convenables à l’ouvrage qu’on veut faire. On fait
de ces verges depuis .fix lignes jufqu à dix de'
largeur. Dans celles-ci le fil de fer eft plus gros
que dans les- premières.
Lorfqu’on doit affembler de ces verges de plomb
pour monter une vitre, on coupe d abord le plomb
avec te couteau propre à cet ufage & i on fe fert
d’une b.me pour couper le fil de fer. On ménage
fi bien les choies-, qu’on ne coupe le fil de fer
que des verges d’en haut & d’en bas , qui aboutillent
contre une verge horizontale, dont on fe
garde bien de couper le fil de fer. Quelquefois la
' folidité de la vitre demande qu’on, coupe la verge
horizontale au lieu de là verticale : cela dépend
de la direction & du jugement du vitrier. Lorfqu’on
a ainfi affemblé les quatre parties, & qu’on
les a fondées , on les recouvre, des deux côtés
d’une pièce de cuivre qu’on a coupée & même
cifel.ée avec une étampe fur une maffe de plomb ;
on l’étame fur le deffous, on la perce par la face
étamée fur l’affemblage, & parla feule application
du fer à fouder mffifamm.ent chaud, on foude ces
deux lames de cuivre minces , qui non-feulement
couvrent la difformité de i’affembîage, mais encore
fervent d’ornement. Bien fouvent on n eft obligé
de faire aucun affemblsge : on mettout en une pièce
les verges de plomb , lorfque les croifées ne font pas
bien larges. On voit des vitres ainfi conftruites,
qu’on pofe dans une feuillure de la croifée , &
l’on recouvre cette feuillure d’un chaffis affez mince,
de fer, qu’on fait tenir avec des vis & des écrous.
Chacun peut fuivre fes idées là-deffus.
On ne peut rien voir de plus avantageux, de
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