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ment des poteries rendra l’exhalation des Vapeurs
impoffible.
Enfin, après avoir propofé les moyens dont
nous venons de .parler, ces meffieurs citent l’application
qu’ils en ont fait & les heureux effets
qui en font réfuliés.
Une foffe fttuée dans la rue ©alande, au coin
de celle des Anglais, étoit célèbre dans le voifi-
rage & parmi les vuidangeurs , par le nombre
d’hommes à qui elle avoir coûté la vie; jufques
alors, difent MM. Cadet, Parmentier & Laborie,
on avoit toujours commencé la vuidange fans
pouvoir l’achever. Un maître vuidangeur venoit
tout récemment d’y renoncer aptèi une nuit de
travail, pendant laquelle plufieurs ouvriers avoient
été pris du plomb, &-avoient péri miférablemenr.
Le ventilateur entreprit la vuidange de cette foffe
mortelle : Je cabinet fut dreffé & la clef enlevée,
on aperçut une quantité énorme de débris anatomiques
qui rendoit cette foffe fi dangereufe.
manda de Veau ; on lâcha un robinet, & le tuyau
de cuir fe remplit. Une pomme d’arrofoir ter-
minoit ce tuyau, & répandoit l’eau en forme
de pluie.
L ’effet de ces deux fecours combinés, fe-ré-
duifit au petit avantage de refter dans la foffe
quatorze minutes au lieu de fept, au bout dtf.
quelles il fut obligé de remonter ; on fit auffi ref-
pirer de l’alkdi à travers un mouchoir qui en
étoit imbibé, à un ouvrier qui travailloit au fond
de Ja foffe ; mais cette expérience ne lui procura
qu’une incommodité de plus , & le fit remonter
plutôt que les autres.
:.! Ou a vu ci-devant que MM. Cadet, Parmentier
r & Laborie, avoient imaginé , pour accélérer le
' courant d’air, de place1* un fécond fourneau , dans
; le f)nd de la foffe, qui, par dés conduits de
tôle, communiquoit avec le tuyau d’aifance, far
lequel étoit pofé le fourneau fupérieur.
MM. Cadet, Pa mentier & Laborie, délirant
voir la différence du travail , ils le firent commencer
d’abord fans appliquer leurs moyens fecou-
rables; le premier ouvrier q iife mit à puifer la
vanne, fut ap.ès quelques minutes attaqué t r è -
vivement de lamitte & du plomb; ils firent alors
ufage de la chaux vive , à la quantité de deux boif-
feaux, qui fit ceffer Vinfeâion horrible qui fe répandoit;
en même temps ils firent allumer le feu
du fourneau placé non fur le fiége d’aifance le
plus élevé, comme ces meilleurs l’auroientdéliré,
mais fur celui du rez de chauffée , auquel la fitua-
tion du lieu les reduifoit ; par ces deux moyens
réunis , le travail fe continua fans accideut, depuis
cinq heures du foir jufqu’à fept heure» du
matin.
La vanne épuifée, il falîoit que tes ouvriers
s’étabÜffent dans l’intérieur de la toffe ; le premier
qui y defeendit, fut, au bout de fix minutes,
attaqué de la mute 8t du plomb, & le fécond eut
le même fort une minute plus tard.
Pour varier les fecours & tâcher d’ en trouver
de plus efficaces, MM. Cadet, Parmentier & Laborie,
employèrent en cette occafion des tuyaux
de cuirs, par lefquels ils faifoient parvenir de
l ’air frciis & de l’eau aux gens qui travailioient
au fond de la foffe.
Un troifième ouvrier ayant remplacé les deux
qui s etoient trouvé mal, au bout de quatre minutes
il demanda de l’air; on lui en fit paffer,
en faifant jouer un foufflei, auquel étoit adapté
un des tuyaux de cuir, dont nous venons de
parler, & qui lui répondoit fous le nez; deux
minutes après, ne fe trouvant pas mieux, ilde-
Quand la vanne fut enlevée, & que l’efpace
fut alliez grand, ils établirent ce feond fourneau
dans l’intérieur de la fotfe, le plus près de la heurte
qu’il leur-fut poffible(les deffins qu’ils ont joints
à leur mémoire, reprèfentent très-bien cette dif*
pofition). Il fut moins de cinq minutes à s’allumer
, & commença à tirer avec uni vivacité étonnante
; effet qu’il eft aife aux phÿficiens de comprendre,
car l’intérieur de la fofie étant rempli
de vapeurs très-denfes, qui réfiftent à l’effort de
la pefanteur de l’air extérieur, fe raréfient par la
grande chaleur, & fe porrent du côté où elles
trouvent moins de réfiffance; le fourneau fupérieur
a déjà raréfié la colonne d’air, qui répond
à l’orifice du tuyau d’aifance; ainfi les vapeurs
du bas, preflées par le poids de l’atmofphère,
doivent néceffairement enfiler l’orifice inférieur
du tuyau, qui donne dans la foffe, & monter
avec une vivacité d’autant pLs grande que le
feu du fourneau eft violent ; c’eft efftélivtm.nt
ce qui arriva , en un quart d’heure, la foffe né-
toit plus reconnoiffable , difent les auteurs du
mémoire ; auparavant Vétabliffement de ce fourneau
, les ouvriers pouvoient à peine refier dedans
le temps néceflaire pour remplir un demi tonneau;
mais dès le .moment que le fourneau fut allumé,
ces mêmes ouvriers en remplirent jufqu’à quariÉ
de fuite, fans êt e incommodés ; ils étoient même
en état d’aller plus loin, fi l’entrepreneur, attendu
leur fatigu.e précédente, ne leur avoit défendu
de continuer plus long-temps. Le travail aya.ft
été fufpendu pour chommerHe dimanche, on eut
la précaution de cKaig rie fourneau de charbon,
afin de continuer l’évacuation des vapeurs malfaisantes
, & difpofer la heurte à être attaquée fans
dangers.
Cette partie du travail efi toujours redoutable
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I. E x p é r i e n c e .
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aux vuidangeurs, dans toutes les foffes en génépi
; maïs elle devenoit des plus périlleufes dans
celle-ci, par les débris de cadivres dont elle
étoit mélangée : mais le feu des fourneaux ayant
évacué toutes les vapeurs dangereufes, la heurte
fut attaquée & enlevée fans accident.
Les ouvriers fortirent fains 8c faufs de cette
foffe meurtrière, qui étoit devenue, par les moyens
que nous venons de décrire , d’après MM. Cadet,
Parmentier 8c Laborie , auffi innocente qu’une
foffe ordinaire.
Telle eft la fubftance du mémoire que nous
avons lu avec une grarde attention , & qui nous
a fait affifter à des opérations, dont le bien public
& le défir de répondre à la confiance de l’académie
pouvoient feuls faire furmonter les dégoûts.
Il nous refte aéhiellement à rendre compte de
nos propres expériences, & des conféquences que
nous en avons tirées , relativement au but que
l’on fe propofe.
P r e m i è r e e x p é r i e n c e .
I Le io du mois de mars, nous nous tranfportâ-
mes d.ns la rue de Joui, où les entrepreneurs du
ventilateur avoient établi leur cabinet. La foffe
étoit fttuée dans un lieu fouterrain , auprès d’une
baffe-cour. L’établiffement des foufflats fut très-
difficile, & ne promettoit pas un grand effet ; nous
nous contentâmes de prendre une idée générale
du travail, & nous renvoyâmes à une occafion
plus favorable , les expériences pli s exa&es que
nous nous propoftons de faire ; nous dêfcend'mes
ce endant dans la cave où étoit la foffe. i°. Nous
y remarquâmes une odeur très-forte de foie de
foufre décomposé. a0. On plongea une perche
dans la foffe , que l’on [retira doucement, afin
d’en dégager l’air inflammable ; on approcha du
papier allumé, mais l’on n’aperçut aucun effet
particulier.
On jeta de la chaux en morceaux , n’en ayant
pu avoir en poudre, qui ne fit aucun effet fen-
fible; l’odeur de foie de foufre continuoit toujours.
Nous remontâmes, & nous examinâmes les tonneaux
qui fervent aux ti'anlports des matières,
qui nous furprirent par leur propreté ; l’un de nous
ayant mis la tête dedans, ne s’aperçât d’aucune
nuuvaife odeur. *
Nous bornâmes là nos premières obfervations.
Quelques jours après une autre foffe, fttuée rue
& hôtel Saint-Avoie, nous mit à même d’en faire
de nouvelles.
On defeendit à l’ouverture de la foffe un flacon
rempli d’ean, difpofé de manière qu’on pouvoir
le retourner & le vuider à vok n:é: on le Vuida
effe&iv cment à quatre pouces ou environ de la
furfice de la matière, on le retira promptement,
& on le boucha avec exiétitude ; cet air , par
l’examen qu’on en fit, n’avoit aucun ca a&ère particulier,
& étoit à-peu- près de même nature que
Tair commun. Il eft à obferver que la foffe n’étoit
qu’à moitié pleine, qu’on avoit eu de la peine à
enlever la pierre à caufe de fa pefanteur, & que
pendant cet intervalle elle avoit pris néceffairement
air.
I I I . E x p é r i e n c e .
On defeendit des chandelles, & l’on jeta du
papier allumé dans la foffe, qui y brûla comme
dans l’air atmofphérique.
I V . E x p é r i e n c e .
On remplir un gobelet d’eau de chaux, que l’on
fufpendir, pendant un quart-d’heure, près de la
furface de la matière, fans qu’il y eût de précipitation
; on apercevoir à peine une légère pellicule
fur laquelle fe peignoient les couleurs de l’iris.
V. E x p é r i e n c e ,
On ramaffa des efflorefcences qui s’étoiem formées
à la clef de la voûte ; ces efflorefcences n’é-
toient point fulfureufes, elles paroiffoient plutôt
être terreufes : on les mit fur une pelle rouge, &
elles répondirent une odeur animale.
V L E x p é r i e n c e .
Nous avons pris une tirette à moitié pleine de
gadoue ; on projeta deffus de la thaux vive en
poudre qui ayant couvert la furface de la matière,
l’odeur a été détruite complètement; mais
ayant remué le tout avec un bâton, l’odeur fe fit
fentir comme auparavant, ‘du moins on y remarqua
peu de différence, de forte que la chaux nous
parut d’abord , dans cette premièie tentative ,
n’agir qu’en couvrant exaâement la matière ; mais
1 on verra par la fuite |ce qu’il en eft. Il eft à remarquer
que, dans cette expérience, la matière
étoit trop épaiffe pour que le mélange fût allez
intime pour pouvoir fe combiner exactement Ô£
dénaturer l’odeur.
V I L E x p é r i e n c e .
Pour nous affurer fi effectivement la chaux n’a-
gifloit que comme tout« autre fubftance pulvérifée
qu’on répandoit fur la furface de la matière, nous
avons répé.é ia même expérience avec du plâtre