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à arrêter St affermir la poupée fur le banc ou jumelles.
Elle eft encore percée par une fécondé
mortaife quarrée, dans laquelle on doit paffer le
bras qui fert à foutenir le fupporr. Cette mortaife
doit être entaillée prefque yers le milieu de la
hauteur de la poupée, afin que , quand on voudra
pouffer la poupée avec un maillet, on ait affez
d’efpace pour ne pas offsuier ia vis qui eft deftinee
à arrêter le br-s,
La troifième ouverture eft un trou rond qui
perce auffi tout en travers, & c eft la place de la
baguette qui doit tenir le fupport en arrêt, pour
.qu’il ne culbute pas en avant.
Cette baguette & le bras doivent couler aifé-
ment, afin quon puiffe les avancer & les reculer
fans peine ; & pour les bien arrêter à leur place,
on fe fervira de vis en bois ou en fe r , fichées dans
les ouvertures pratiquées à cet effet. Le talon doit
être pofé fur l’extrémité du bras, afin qu’il ferve
d’appui au fupport , pendant que la baguette le
tient ferme par le haut , & qu’une petite lanîe
empêche qu’il ne gliffe en avant.
C ’eft pourquoi il faut que cette petite lame foit
éloignée du talon , en telle forte que l’épaiffeur du
fupport y puiffe paffer aifément.
De la poupée à tourner le fer.
La poupée deftinée pour tdurner le fer doit être
beaucoup plus folide & plus baffe que la première,
pour pouvoir réfifter, avec plus de vigueur, à la
rudeffe du travail, caufée par la dureté du fer. La
pointe doit être' auffi plus forte, plus courte, &
pofée juftement dans le milieu de la face de la
poupée, pour fa plus grande folidité ; & afin de
pouvoir approcher l’outil autant qu’on voudra de
la pièce à tourner, on fe fert d’un fupport différent
de celui dont on fe fert pour tourner le bois.
Ce fupport eft compofé de deux pièces de bois -,
& d’une cheville de fer à marteau, attachée ou j
fichée dans un prifme de bois, & arrêtée à une j
petite clavette. La première des deux pièces de bois
qui compofent ce fupport, & que j’appelle la bafe,
doit être à peu près deux fois &. demie plus longue
que large , & ouverte ou fendue de manière qu’on
puiffe l’avancer ou la reculer félon le befoin. Elle .
fera auffi percée vers le bout où le fupport ou
fécondé pièce doit appuyer, pour y pouvoir placer
un pivot de fer, fur lequel l’appui de l’outil ou le
fupport doit tourner.
Cet appui ou fupport de l’outil doit avoir la
partie fur laquelle s’appuie l’outil, félon la manière
d,e celui qui tourne le fer; car les uns ne fe
fervent que d’un fimpie bec-d’âne, & les autres
d’un bec-d’âne coudé.
Il faut, pour les premiers, que le dos du fup-
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port foit arrondi à demi ; & pour les féconds, il
faut que le devant du bord fupérieur foit , ou
çhanfrainé, ou taillé en relais, pour pouvoir appuyer
le coude de l’outil.
La troifième pièce qui fert à arrêter la bafe du
fupport, eft compofée de deux pièces, l’une de
fer, & l’autre de bois. La première eft une cheville
de fer à marteau , percée dans l’extrémité de la
queue, par une petite mortaife, afin qu’avec une
goupille , on puiffe l’arrêter dans la fécondé pièce
de bois , laquelle doit être femblable à la queue
d’une poupée, & percée de même par une morr
taife, pour le coin de bois qui doit l’arreter.
De la poupée à lunette, propre a tourner en Tair.
Après avoir expofé les fimples poupees pour
tourner entre les deux pointes, nous allons pro-
pofer diverfes poupées à lunette^pu, comme Kpn
d it , pour tourner en l'air ; & parce qu il faut
toujours fe fervir au moins de deux, nous appellerons
la premièrê antérieure , qui eft celle qui
porte le collet de l’arbre, & la fécondé pdfiérieure,
qui reçoit la queue du même arbre.
Ces poupées., quoiqu’elles paroiffent un peu
compofées , font pourtant affez faciles pour un
fimple j r a v a i l, fur-tout pour tailler la vis fur
l’ouvrage.
La première ou poupée antérieure doit avoir le
haut du devant entaillé par une grande ouverture
quarrée, avec un petit relais pour la place de la
lunette, laquelle fera de deux pièces, 1 une ftab e
&- arrêtée par les deux bouts, & l’autre mobile
fur un clou , pour être hauffée & abaiffée. Chacune
des parties de cette lunette eft une pièce de bois,
beaucoup plus longue que large, fort peu épaiffe,
& garnie, dans le milieu de la longueur, par un
collet ou demi-anneau d’étain, pour tenir le collet
de l’arbre.
Une de ces pièces, favoir, l’inférieure , doit être
arrêtée avec deux vis , une en chaque bout, lur le
devant de la poupée ; mais l’autre, favoir, la fupe*
rieure, n’aura qu’une extrémité arrêtée , afin qu on
puiffe la hauffer par l’autre bout, pour retirer &
remettre l’arbre.
Pour ce fujet cette dernière extrémité aura une
petite avance en dehors de la poupée, peur la
hauffer plus aifément ; & l’endroit où paffe le
clou qui doit l’arrêter quand elle eft pofée fur le
collet de l’arbre , doit être échancrée de manière
que l’ouverture foit en arc de cercle décrit du trou
oppofé comme centre.
Le devant de cette lunette doit être garni ou
couvert d’une platine de laiton ou de fer, échan-
j crée dans le milieu, pour le libre paffage de l’arbre.
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On l’attachera par quatre clous , dont trois feront |
en vis à bois, & la quatrième à tige quarrée & à
queue taraudée , qui , par le moyen d’un écrou ,
fervira à ferrer la platine pour arrêter la pièce fupé-
rieure de la lunette, quand on l’aura pofée fur le
collet de l’arbre.
La fécondé poupée ou la pojlérieure fera auffi
ouverte fur le haut du devant, à peu près comme
la première, excepté que fon ouverture doit être
la moitié moins large , avec une échancrure arrondie,
pour le libre paffage de la queue de l’arbre.
Elle fera pareillement entaillée dans fon épaiffeur,
par deux relais 5 l’un devant pour la place de la
lunette, & l’autre par derrière, -.pour y placer là
pièce qu’on appelle le regifire ou clavier , lequel
n’eft autre chofe qu’une rangée de plufieurs collets,
ou d’éiain ou de bois , pour différens pas de v is ,
& attachés enfemble dans une manière de caiffe.
La difpofition de cette façon de regiftre eft extrêmement
commodepour faire des vis à des boîtes
ou à quelqu’autre pièce que ce foit ; car fans prendre
la peine de changer, ou d’avancer & reculer
la poupée, on n’a qu’à retirer le coin qui ferroit
la clef du collet, & le tranfporter fur le collet ou
la clef du pas de vis que l’on a à faire ^ & la vis
étant achevée, on n’aura auffi qu’à retirer ce même
coin, & le remettre fur la clef du collet ; ce qui
eft d’une exécution très-prompte & très-aifée.
On doit dire auffi que la caiffe qui contient le
regiftre, étant ou de laiton ou de fer, eft beaucoup
plus commode que fi elle étoit Amplement de bois ,
à caufe • qu’elle ne contient pas tant de volume
comme fi on étoit obligé de la tailler dans l’épaif-
feur de la poupée ; ce «qui la rendroit incommode
& très-pefante.
Autre difpofition de deux poupées & de deux différentes
lunettes pour tourner en Voir.
Il s’agit ici de deux fortes de lunettes, montées
chacune fur fa poupée particulière ; & d’une autre
poupée garnie de fa pointe, propre pour ces deux
lunettes.
Cette dernière poupée à pointe doit être percée
en travers , depuis le devant jufqu’au derrière,
& dans une hauteur convenante à celle de l’ouverture
des lunettes , par une mortaife quarrée &
large , d’environ deux pouces, pour' recevoir le
prifme ou parallélipipède , un peu plus long que
la poupée n’eft épaiffe , & auffi épais que la mortaife
quarrée eft large , mais de manière qu’il y
puiffe couler' aifément.
On peut arrêter ce prifme, ou par une vis en
bois, ou bien par une petite clavette de bois , qui
paffe *tout au travers de la poupée, pour qu’elle
ferre bien ce parallélipipède , de même que la 1
Arts & Métiers. Tome VIII.
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petite clef ou coin de bois qui felre l’arbre d’un
trufquin de menuifier.
On fiche fur une des extrémités de ce parallélipipède,
une pointe de fer pour la queue de l’arbre,
& fur l’autre extrémité on pourra pratiquer
un trou dans une petite pièce de fer ou de laiton,
pour la queue en pointe de l’arbre.
Ces fortes d’arbres pourront avoir le goulet creux
où bien garni d’un tourillon de fer fait en vis épais,
& long de fept à huit lignes, pour y attacher des
pièces de bois , ou bien des boîtes de laiton, taraudées
dans le fond.
' Afin d'attacher les pièces de bois fur ces tourillons
taillés en vis ,*il eft néceffaire de les percer
par un côté, & tarauder le trou avec un taraud de
fer de même diamètre & de même pas que le
tourillon.
Après que la vis fera faite fur un des bouts,
environ la- longueur d’ un pouce , on taillera ce
même bout a- pans enfoncés , de façon que les
coins ou les arêtes qui relieront, foient vives 8c
bien taillantes ; & afin que vous faffiez vos écrous
dans la pièce de bois, il faut auparavant avoir
percé l ’endroit avec une tarrière un peu moins
épaiffe que n’eft le taraud.
Des deux lunettes propres pour ces fortes d’arbres
, l’une eft compofée de deux angles à la façon
d’un compas de proportion ; l’autre n’eft qu’une
fimple planche fendue par en bas & ouverte par
en haut, félon la grandeur du collet de l ’arbre ou
de la pièce qu’on veut tourner.
La première lunette fe doit attacher contre la
poupée, par une baguette têtue, dont la tige eft
prefque quarrée, excepté le bout vers la tête, qui
doit être arrondi pour entrer dans l’ouverture de
la même lunette.
Outre cette baguette, on doit encore attacher
la lunette avec une vis en bois, par une de fes
branches, afin que cette branche étant bien arrêtée,
l’autre branche puiffe s’ouvrir aifément lorfqu’on
hauffe la bride, q u i, lui étant attachée par une
goupille, aura une vis à une de fes extrémités,
pour attacher les deux branches enfemble.
Enfin , l’une de fes branches fera fixe fur la
poupée, Sc l’autre fera mobile, pour pouvoir ouvrir
aifément la lunette , quand on voudra retirer
ou remettre l’arbre.
La fécondé lunette n’eft proprement qu’une lunette
de rapport; car on peut en avoir de différens
calibres, félon les pièces qù’on veut travailler. Elle
doit être, ou de bois, ou de laiton, ou bien de
quelqu’autre matière. On la fera auffi longue &
auffi large que la pièce à tourner & la poupée le
demandent.il faudra la fendre jufque vers le milieu,
i- de manière qu’elle puiffe couler aifément fur le