
du grenier, & éloignées de deux pouces l’une de
l’autre. Elles étoient couvertes par-tout d’une
toile de crin. L’air fe diftribuoit à toute? ces lattes
par un . grand conduit commun, qui étoit placé
à l’une de leurs extrémités.; & ce conduit rece-
voit l’air en quantité des foupapes, qui étoient à
l’un des bouts des Ventilateurs, d’où l’air paffoit
dans un muffle ou boite. Il entroit dans les Ven- \
lilateurs par leur autre extrémité, où il y âvoit
deux ouvertures femblables aux précédentes,. &
non par l’ouverture latérale.
Le diaphragme étoit mu par le moyen d’un levier
attaché à la verge de fer. Ce diaphragme étoit
de bout, fon extrémité inférieure étant appuyée
fur le plancher ; fituation qui étoit la plus commode
pour ce lieu.
Lorfqu’on eut mis du blé dans ce grenier, à la
hauteur de plus de. deux pieds, je pouffai de l’air
à travers le grain, par le moyen des Ventilateurs,
de manière à faire foulever de trois ou quatre
pouces, un mouchoir qui étoit étendu par-deffus
le blé; mais comme la force avec laquelle le vent
paffoit à travers le blé, étoit un peirplus. grande
à l’endroit du grenier par où il entroit, on avoit
mis un peu plus de grain à cet endroit qu’aux
autres.
Le 13 juillet on fit laver vingt-deux boiffeaux
de blé qui étoit fort fale. Pour cet effet, on laiffa
tomber tout doucement le blé fur un filet d'eau
courante,-au moyen de quoi ce qu’il y avoit
d’ordures fe débaraffa facilement d’avec le blé,
& nagea fur l’eau, d’où on les tira avec une'
écumoire. Enfuite on agita bien le froment, & en
ayant ôté l’eau fale, on y en verfa de nouvelle,
qui le rendit bientôt parfaitement net. On le mit
alors à égouter pendant quelque temps, fur des
claies d’ofier couvertes de toiles de crin; après
quoi on le porta dans le grenier ci-deffus, où il
fut étendu de i’épaiffeur Ue feize pouces & demi.
A neuf heures du matin le ’temps étant couvert,
& par un vent de nord-eft fec, nous commençâmes
à pouffer de l'air à travers ce blé , & il
paffa très-librement. En deux heures de temps,
l’humidité vifible fe trouva diffipée, ayant été
abforbée en partie dans le grain , & en partie
entraînée par le vent. Le lendemain vers les fix
heures du foir, le foleil étant bien découvert,
& le vent étant fec', la pouffière commença à fc
détacher du blé lorfqu’on le remuoit..
Le troifième jour, fur les trois heures après
midi, le blé qui étoit le plus bas, fe trouvant
affez dur pour être mis fous la meule, on lè retourna.
Enfuite il furvint quelques jours pluvieux
qui rendirent l’air fi humide, dans les maifons ,
que l’humidité s’attachoit aux murailles; de forte
que pendant ce temps là , le blé ne fécha point dû
tout pas meme en l’éventant. C’êft ce dont je
m’affurai en mettant quatre livres de blé dans un
tamis de crin., & plaçant ce tamis fur le blé
dans un endroit où l’air le traverfoit librement.
En pefarit de temps en temps ce tamis, je con-
noiffôis combien le froment avoit perdu de fon
humidité dans lés différentes températures humides
ou fèches de l’air.
J'ai olffervé que le blé féchoit plus vite dans
le milieu des jours fecs, & qu’il féchoit un peu
plus lentement lorfque la rofée eommençoit à
tomber fur le foir, & jufqu’à ce qu’elle fut difli-
pée le lendemain matin. Lorfque l’air étoit beaucoup
chargé de vapeurs humides, le blé ne féchoit
pas du tour. L’on voit par là combien il eft
à propos- que les Ventilateurs reçoivent, par le
moyen d’un conduit, un air chaud de la cuifine,
lorfque cela fe peut. Mais quoiqu’on n’avance pas
à fâcher le blé par cette méthode pendant un temps
extrêmement humide ; cependant il arrive fi fou-
vent que l’air eft affez fec pour produire'l’effet
défiré , qu’on devroit fe munir de femblables Ventilateurs
, principalement pour fécher le blé qui
a été coupé par un temps froid & humide ; ce
qui coûtera beaucoup moins de temps que lorf*
qu’il faudra fécher du blé lavé.
Ayant ceffé depuis le famedi au foir jufqu’au
lundi matin, d’éventer le blé qui étoit reflé humide,
il avoit eontraélé un goût de relent; mais
ce goût fe diflipa tout-à-fait lorfqu’il eut été expo
fé trois heures au vent des Ventilateurs, quoique
l'air fût très-humide. L’on voit par-là de quelle
utilité peuvent être ces Ventilateurs, pour corriger
le goût de relent que contraéle quelquefois
le blé; On peut auffi en conclure que , quoiqu’on
ne puiffe le fécher par camoyen , lorfque le temps
eft humide, alors même il peut fuflîre pour l'empêcher
de s’échauffer & de contrarier aucun mauvais
goût.
Ayant remarqué que la partie inférieure de la
couche de grain avoit été feehe long-temps avant
la partie fupérïeure , nous ôtâmes du grenier, la
moitié du b lé, & alors ce qui refta fut bientôt
fec; lorfque-la couche n’eut plus que la moitié de
i’épaiffeur qu’elle avoit auparavant, & que l'air
ne fut plus humide.
Le Li feptembre V.. S. fuivant, on lava par un
temps ferein & fec, fix boiffeaux de blé plein d’or-
; dures, & on le fécha par le moyen des Ventilateurs
, au vent defquels on l’expofa pendant cinquante
huit heures, au point qu’il falloit pour être 1 porté au moulin. Le blé féché de cette manière,
avoit une belle couleur , & fut vendu fur lé pied
de quarante chelins ou quarante livres la charge,
plus qu’il ne l’auroit été avant que d’être lavé.
J'ai obfervé que l’air paffoit beaucoup plus facilement
pendant un temps humide, à travers le
blé chargé d’humidité, que lorfqu’il devenoit fec;
car il 'falloir fenfiblèment une plus grande force
pour faire aller les Ventilateurs, lorfque l’air &
le froment étoient fecs, que lorfqu’ils étoient humides".
Cette différence venoit, à ce que je crois,
de ce que l’air & le blé fe repouffent mutuellement
avec plus de force, lorfqu’ils font fecs , que
lorfqu’ils font humides ; & cette repulfion aura le
même effet pour empêcher le libre paffage de l’air,
que fi les intervalles que laiffent entr’eux les grains
étoient diminués.
Le grenier dont j’ai parlé ci-deffus, n’avoit de
furface que vingt-huit pieds quarrés. S’il y eût eu
dix pieds de long & autant de large, comme fa
furface auroit été de-cent pieds quarrés , dans ce
cas une charge de blé, qui occupe un efpace de
cinquante pieds & demi cubiques , étant étendue
dans un pareil grenier, n’auroit eu que fix pouces
de haut. On peut donc, dans un grenier ou fur un
plancher de cette étendue , fécher ^parfaitement
dans une feule fois, une pareille quantité de
froment mouille, o-u qui a été coupé par un temps
froid $1 humide : & le blé éventé de cette manière
peut-être feche au même point, que l’eft tout autre
grain qui a ete expofé dans fon épi à un air fec &
en plein champ ; ce qui arrivera plus tôt ou plus tard
félon que 1 air chaffé par les V en tila teu rs , fera
plus ou moins fec. |
Les meuniers peuvent faire fécher commodément
par cette méthode, le blé qu’ils auront lavé,
& donner par conféquent aux fermiers un plus
haut prix du blé.fale, puifquer lorfqu’il eft féché
par le moyen des Ventilateurs, il eft fort bon
& fait de belle farine, n’étant point altéré par la
chaleur du feu, qui eft la méthode dont ils ont
été obligés de. fe fervir jufqu?à préfent. Plus le
ble aura été féché par le moyen des Ventilateurs,
mieux la farine qui en fera faite, fe confervera.
C’eft pourquoi ils font obligés de faire fécher fur
des fourneaux, }& blé dont la farine doit être
tranfportée fur mer.
Dans les moulins on pourra placer les 'Ventila*
/ T J ’ m-aniére que la grande roue du moulin
les faffe jouer, au moyen de quoi on épargne le
travail de main.
• j , on éyente k klé lavé avec un air chaud
tire d une étuve , il féchera bien plus vîte ; & fi
a cValeur de cet- air n’eft pas plus grande que
celle du foleil en été, il y a tout lieu de croire
quelle ne eau fera aucun dommage au grain.
I*a quantité d’humidité dont il faut, dépouiller
une charge de b lé , eft fort grande ; car fuppo-r
ons qu un gallon de blé ne retienne que dix
onces d eau > ainfi que je l'ai obfervé au fujet
d’une pareille quantité de blé fale que je fis laver,
quoiqu’il en retienne davantage, la quantité totale
d’humidité que retiendra une charge de b lé , n’ira
pas à moins de deux cents livres.
On peut auffi fe fervir très-commodément des
mêmes Ventilateurs, dans les moulins, pour y
vanner le blé; mais alors il faudra qu’ils foient
plus grands que ceux dont on fe fert pour l’éventer
: car je me fuis affuré par voie de comparai-
fon, que les grands Ventilateurs ci-deffus décrits,
chaffoientle vent avec une vîteffe double de celle
que lui communiquoient les vans circulaires dont
on fe fert communément. Mais lorfque ces vans
font placés dans les moulins, & qu'ils tournent
plus vite que" quand on les fait aller à la main
dans les greniers, ils vannent.bien mieux.
Si deux heures de fouffle fufnfent pour enlever
quatre onces d’humidité d’un gallon de blé
mouillé,- il eft évident que cette méthode ne
fauroit qu’être fort utile pour le blé qui à mûri,
& qui a été coupé & ferré par un temps froid
& humide. Il- n’eft pas douteux qu’on ne vienne
à bout par ce moyen, de diffiper les exhalaifons
humides du b lé , qui, venant à s’échauffer, lui
communiquent un goût de relent; fit qu’en le
confervant bien fe c , il n’en devienne plus beau
pour le marché, & beaucoup meilleur pour l'u-
fage.
Le blé n’a pas befoin d’être conftamment éventé
de cette façon, mais feulement par intervalles ÿ.
& quand il fera une fois parfaitément fec ? il fuf-
fira de l’éventer dé loin à loin.
Comme le blé qui a été éventé , peut être mis
en grand tas, fans qu’il foit befoin dé laiffer aucun
endroit de réferve pour le changer déplacé,
les greniers déjà conftruits en pourront contenir
une plus grande quantité; & à l’égard de ceux
qu’on bâtira dans la fuite ,. on pourra les faire
d’autant plus petits.
On ménagera ce qu’il en coûte pour faire remuer
le blé; & celui qui aura été ainfi féché
par le moyen des Ventilateurs, fera, & de meilleur
goût,& plus fec que ne le peut être celui qui
aura été fimplement remué ; outre que par ce
moyen ^ori peut corriger du b lé , qui fentiroit
même l’échauffé.
On peut épargner fur les vaiffeaux la dépenfe
des fa es ; ou fi on y tranfporte le b lé, il s’y confervera
plus long-temps , lorfqu’on renouvellera
par le moyen des Ventilateurs du vaiffeau, l’air
qui fera^entre lts fa es , fuppofé cependant que le
blé ne fût pas humide lorfqu’il a été enfaché. Ce
renouvellement de l’air fera également mile à
plusieurs autres fortes de marchandifes dans Les.
vaiffeaux.