
a , contre l’opinion générale , produit très-peu d*al-
k a l i, après fon incinération. Il fe peut qu’il y
; it eu quelque différence dans le procédé de la
combuftion , & qu’il en ait réfulté de la différence
dans le produit. M. Dantic confeille de brûler
l’arbre pourri fur pied, mettant le feu à la vermoulure
par un temps fec. Il eft difficile de fe
décider entre dsux sffertions contradiétoires , fans
répéter & varier les expériences.
D’après les épreuves faites en grand fur la montagne
de l’Efperou , par le même M. Chaptal ,
les cendres de buis ont rendu par quintal, neuf
livres fept onces d’aikali fixe, celles de hêtre ,
fix livres onze onces ; celles de fapin, une livre
quatre onces ; celles d’yeufe ou chêne verd , dix
livres ; celles de genêt, fept livres quatre onces ;
ces réfultats feroient affez conformes à ce que
nous avons expofé ci-devant , relativement à la
qualité des bois durs ou tendres.
Le cendres fuffifent pour fervir de fondant dans
les compofirifcns de verre commun. On y employé
même les cendres lefcivées , connues fous le nom
de charte : leur alkali eft à la vérité en plus grande
partie épuifé par la lixiviation , mais iQ. il eft affez
difficile qu’on les ait totalement privées de l’ai-’
k a li, qu’elles contenoient ; 2°. la terre même des
cendres eft entraînée dans la vitrification , comme
nous l’avons dit ci-devant, & une femblable addition
, augmente prefque fans frais la quantité du
verre. Les cendres pures donnent à la fufion un
verre plus ou moins vert , & la charée, ainfi que
toutes les terres alkalines , donne un verre jaune.
Ces deux’matières ne peuvent donc être employées
que pour le verre noir à bouteilles, ou pour le
verre vert commun , vulgairement dit chamhou-
rin : la charée pourroit même apporter trop de
jaune dans ce dernier.
Cendres, g ra v e lé e sI
Les marcs & les lies de vin desféchés & brûlés ,
fourniffent des cendres connues fous le nom de
cendres gravelées qui contiennent en abondance
un alkali très-fort, & l’un des plus purs que l’on
connoiffe dans le commerce»
Tartre.
Le tartre, par la combuftion , fe change prefque
en entier en un alkali excellent. Les académiciens
de Dijon ( cours de chimie. T. 3:. pag.
55 ) > remarquent que te tartre eft décompofé fans
intermède , par la feule aâion du feu ; « expofé à
« un fourneau de reverbère dans une cornue, il
n paffe au premier degré de chaleur une eau lim-
» pide, aigrelette, pénétrante , ayant un peu d’o-
h deur , & quelque amertume; en augmentant le J
» feu, il s’élève une huile tenue, accompagnée I
« de vapeurs blanches, & d’une prodigieufe quan-
» tité d ’air : il s’élève peu de temps apiès, une
n liqueur acide , enfuite une huile noire empireu-
» matique, enfin de l ’alkali volatil, avec une por-
” tion d’huile épaiffe. On trouve au fond de la
» cornue une maffe dVilcali fixe. » Il eft vrai-
femblable que la fimple incinération ne dégage-
toit pas tous "Ces divers principes , & queconfé-
quemment on n’obtier-droit pas par ce moyen (impie
, un alkali auffi pur; mais comme toutes les
fubft ances qui pourroient demeurer unies à I’al-
kali , feroient fufceptibles de céder au feu de
calcination, & encore mieux à celui de fufion, il
s’enfuit que le fondant obtenu du tartre par la
feule combuftion , feroit encore préférable à tons
les autres alkalis végétaux , & que les pays de
vignobles , rendroient un grand fervice aux arts,
& fur-tout à celui de la verrerie, fi on s’y appli-
quoit à fabriquer dçs cendres gravelées , & de
l’a'.kali du tartre.
Les cendres de nos foyers , celles que les bûcherons
font dans les forêts, celles des ateliers de
nos divers artiftes, font les plus abondantes, &
par conféquent celles dont les verriers font le plus
à portée de fe fervir, mais quelles différences de
qualités ne trouve-t-on pas entr’elles ? Certaines
de ces différences font dues à des circonftances
locales, d’autres le font à la cupidité des vendeurs.
Dans tous les lieux, on ne brûle pas les mêmes
effences de bois, & nous avons déjà vu que les
cendres des divers bois ne contiennent pas une
égale quantité d’alkalî ; les unes contiennent plus
de matière extraftive , plus de principe colorant
que les. autres. On ne conferve pas par-tout les
l cendres avec les mêmes foins & la même propriété
: nos foyers fontfouvent lereceptacle de toutes
les ordures dont le balai nettoye nos habitations.
Cette caufe paroit bien peu importante , elle a
cependant tant d’influence, que dans les contrées»
où on eft dans l’tifage de couvrir dè fable le fol
des appartenons, les cendres contiennent tant de
fable qu’il eft prefque impoffible de leur en donner
davantage à fondre. Les bûcherons font des
feux en plein air, & nûment fur la terre; lorf-
qu’ils recueillent leurs cendres, non-feulement il
eft affez difficile qu’il ne s’y mêle quelque parties
de terre , mais encore leur intérêt les porte à ne pas
éviter un. danger qui augmente leur bénéfice. Les
cendres de certains ateliers , contiennent fouvent
des fels neutres ; par exemple celles des chaudières
des falines de fource , font fréquemment
combinées avec beaucoup de fel marin , & les fels
neutres nuifént à la vitrification comme nous le
verrons plus en détail , en parlant du fel de
verre.
Il ne peut donc qu’exifter une grande différence
entre les diverfes cendres , & l’emploi de ce fondant
tiendroit l’artifte dans une continuelle incertitude.
Gn a obfervé que l’alkali fixe végétal ;
de quelque cendre qu’il fût extrait, étoit abfolu-
ment identique ; la couleur qu’il donne au verre
eft beaucoup moins foncée , que le verre ou le
jaune fourni par la cendre neuve , ou par la-
charée. Ces confidé rations ont dû conduire à fépa-
rer l’alkali des cendres , de la partie terreufe ,
avec laquelle il eft combiné : cette opération fe
fait par lixiviation. On fait tremper les cendres
neuves dans de l’eau qui diffour la partie alkaline:
lorfque la diffo’.ution bien faturée eft parfaitement
clarifiée on la décante , on la fait bouillir juf-
qu’àficcité, & on obtient ainfi l’alkali, en une
maffe plus ou moins jaune ; en cet état , il prend
le nom de fallu, ou de. potajfe rouge.
On doit, autant qu’on le peut, employer à cette
extraftion de l’eau courante, ou en général la plus
pure ; les eaux de puits contiennent communément
de la fèlenite , dont la décompofition four-
niroit du tartre vitriolé dans le falin.
Les fabricans de falin fe contentent de faire
ieffiver à l’eau chaude les cendres groffièrexaent
tamifées, dans des baquets à deux fonds dont le
fupérieur entre librement dans le baquet, & peut
être enlevé : ils difpofest un léger intervalle entre
ces deux fonds, en les féparant par des baguettes
, ils couvrent les fonds de trois ou quatre
pouces de paille, fur laquelle ils entaffent leurs
cendres prefque jufqu’au haut du baquet. Ils ver-
fent de l’eau dans des baquets, jufqu’à ce qu’elle
fumage les cendres , & lorfqu’elle y a féjourné
affez long-temps, pour s’être chargée d’alkali, ils
la tirent par un robinet ou un bondon placé au
fonds de chaque baquet, dans des vafes difpofés
au-deffous, de la même manière que l’on coule
ordinairement une leffive : fi la diffolution ne leur
paroît pas affez faturée, ils la repaffent ^de nouveau
fur les cendres. Us la font bouillir jufqu’à
ficcité dans des chaudières de fer fondu, avec
l’attention de remuer continuellement la leffive
avec une petite pelle de fer , lorfqu’elle commence
à s’épaiffir, tant pour hâter l’évaporation que
pour empêcher le fel de s’ attacher au fonds de la
chaudière : c’eft ce qu’ils appellent reffuer le falin.
Ce procédé très-fimpîe eft à peu près le même
que celui indiqué par M. Dantic dans fon mémoire
fur la potaffe ( t. 2 , de fes oeuvres ) ,• cependant
avec la différence, que pour hâter l’opération,
& en segmenter le produit, il confeille
de placer au moins trois chaudières de trente à
trente fix pouce/ de diamètre chacune , & de neuf
à dix pouces de profondeur, fur la longueur d’un
fourneau conftruit folidenjent en briques, ou en
pierres à feu , chauffé par un tifar pratiqué à l’une
de ce même fol. La première de ces chaudière!,
c’eft-à-dire , la plus voifine du tifar fert à réduire
la leffive , & l’on y recueille le fel ; la deuxieme
fert à epaiffir la leffive, dont la première doit être
remplie, & ia troifième contient de l’eau pure dont
on charge les baquets. Nous ne nous étendrons
pas davantage fur les procédés employés à 1 ex-
traflion des falins, ceux que nous avons expo-
fés en détail dans l’article glaces coulées pour celle
de l’alkali des foudes pouvant fuppléer à ce que
nous omettrons ici. Nous croyons cependant de-
voir préfenter en peu de mots les méthodes pro-
pofées par Nery & Kunckel (art de la verrerie) ,
en obfervant que quelques fuccès qu elles puiüenr
procurer , elles ne font praticables que dans des
fabrications très-précieufes , lorfque le prix des
marchandifes peut permettre une plus forte de-
penfe , car elles entraînent beaucoup de frais, or,
des extrémités du fourneau , & dont la flamme
dirige vers une cheminée fituée à l’autre extré-
mùé : le tifar eft à niveau du fol de l’atelier &
les chaudières font placées vingt pouces au-deffus
On trouve dans l’ art de la verrerie trois procédés
pour l’extradion de l’alkali fixe ^ les deux
premiers donnés par Nery, ont été principalement
employés par cet auteur, à extraire 1 alkali minerai
contenu dans la rochette ; mais, comme ils
peuvent être propres à l’extra&ion de 1 alkali v égétal
des cendres , nous n’héfiterons pas à les dif-
cuter ic i, & le lefteur pourra appliquer aux cendres
ordinaires des végétaux toutes les manipulations
que Nery fait fubir à la rochette : quant au procédé
de Kunckel , il annonce s’en être fervi pour la fabrication
de la potaffe.
Nery confeille dans fon premier chapitre (p?
i & fuivantes) d’employer des chaudières de cuivre
, femblables à celles des teinturiers, proportionnées
par leur grandeur à la quantité de fel qu^ on
voudra tirer, de les remplir d’eau pure, d’allumer
deffous un feu v if, lorfque l’eau commence
à bien bouillir , d’y projeter une quantité de cendres
bien tamifées, de continuer le feu, jufquà
j ce que l’eaii foit réduite au tiers par l’ébullition ,
obfervant de remuer le fonds avec une fpatule,
pour aider par ce mouvement à la diffolution de
l’alkali contenu dans les cendres, ou poudre de
roquette : on remplit enfuite les chaudières de
nouvelle eau que l’on fait bouillir jnfqu’à réduftion
de moitié. Alors on diminue le feu, on puife avec
des cuillères de cuivre la leffive & les cendres;
on les tranfvafe dans desvaiffeaux de terre qu on
a foin de tenir pendant fix jours pleins d eau pure,
de peur qu’ ils ne s’imbibent de leffive; on laifle
repofer ce mélange pendant deux jours, on le
décante avec foin dans d’autres vafes, obfervant
de ne pas remuer le fèdiment que les cendre* ont
formé : cette même leffive repofee encore pendant
de.ux jours , & de nouveau décantée, & une troifième
opération femblable fournit,comme on voit,
au bout de fix jours , une leffive parfaitement tranf*
1 H h h a