
procédés pour imiter la calcédoine. L’auteur deftine
les mêmes comportions à l’imitation'des agathes
& des jafpes. Comme ces diverfes pierres, chacune
dans (on efpèce, font fufceptibles d’une grande
variété de couleurs, & que les procédés de Néry
confiftent principalement à employer à la fois, &
dans lé même verre, toutes les fubftances colorantes,
il faut entendre que ces comportions pro-
duifent un verre d’une üngulière efpèce, dont les
couleurs variées , non-feulement par la qualité des
matières colorantes, mais encore par leurs dofes ,
imitent plus ou moins bien , foit les calcédoines,
foit les agathes, foit les jafpes. Les denfités des
diverfes chaux métalliques employées dans ces mélanges
, étant d’ailleurs aufli différentes que les
couleurs qu’elles fourniffent, il doit réfulter de
toutes ces caufes, des reflets très-agréables, des
veines & d’autres accidens qui complètent là ref-
femblance avec certaines pierres naturelles , du
genre des calcédoines , des agathes Ou des jafpes.
Premier procédé. Sur vingt livres, non de fritte,
mais de beau criftal. blanc, ,on met environ trois
onces d’ une poudre colorante', préparée comme il
fuit.
On fait diffoudre féparément dans l’eau-forte,
quatre onces d’argent & fix onces de mercure : on
mêle enfemble les deux diffolutions , & on y
ajoute fix onces de fel ammoniac, que l’on y fait
diffoudre à une chaleur modérée : on ajoute„au
mélange, fucceflîvemenf & peu à peu, une once
de faffre,. demi-once de manganèfe, demi-once de
ferret d’Efpagne , un quart d’once fafran de mars
calciné par le foufre„ demi-once cuivre des trois
Cuitesi demi-once bleu d’azur, demi-once minium.
On a foin, pendant dix jours , de remuer
plufieurs fois par jour le mélange. On l’expofe
enfuite au bain de fable , à un feu doux : le diffoi-
vant s’évapore, & la poudre colorante fe trouve
au fond du vafe. Nous avons cru inutile de prévenir
que toutes les matières employées dévoient
avoir été auparavant pulvérifées féparément : on
voit que notre auteur ne s’eft pas contenté de fe
fervir de diverfes chaux métalliques-* mais qu’il a
même employé des chaux diverfement préparées
du même métal : tels font le ferret d’Efpagne &
le cuivre des trois cuites.
Lorfque le verre auquel on a joint, en- trois
reprifes, & en le remuant chaque fois avec foin ,
la poudre colorante dans la dofe prefcrite; lors,
dis-je, que ce verre fera bien fondu , ■ & qu’il
aura fubi vingt-quatre heures de chauffe fans qu’on
y ait touché, on y^-mêle peu à peu-, & à cinq ou
fix reprifes, pour éviter le gonflement du verre
qu’on remue à chaque fois , une nouvelle poudre
colorante, compofée de huit onces de tartre rouge
bien calciné, deux onces de fuie aufîi calcinée ,
& demi-once de fafran de mars : on biffe chauffer
le verre , fans y toucher, pendant vingt - quatre
heures, & on le travaille.
t Second procédé. Ce procédé ne diffère du précédent
que par la préparation de la première poudre
colorante, car le même enflai eft coloré par
la même dofe de „poudre que par le premier procédé
: on prend les mêmes précautions; pour la
fufion, & on termine l’opération en mêlant au
verre, une égale dofe de la féconds poudre colorante.
Nous obferverons en paffant,, que c’elt avec
raifon que l’on ne mêle pas cette dernière poudre
à l’autre , comme la chofe feroit poffible & qu’on
l’introduit la dernière dans la vitrification ; parce
que la plupart des matières, qui la compofent,
n’étant pas métalliques, leur effet ne feroit pas
fenfible , fi ondes expofoit trop long-temps au
grand feu, à l’a&ion trop continue duquel la couleur
qu’elles fourniffent ne réfifteroit pas.
Néry , pour faire fa première poudre colorante,
fait, dans fix matras différens, les diffolutions
fuivantes, :
i ° . Trois onces d’argent,par l’eau forte.’
2°. Cinq onces de mercure par l’eau-forte.
3°. Il fait diffoudre dans une livre d’eau-forte,
deux onces de fel ammoniac ; il ajoute en-
fuite | once de fafran de mars, préparé par l’eau
régale , demi-once de ferret d’Efpagne calciné
par le foufre, once d’écailles de cuivre feulement
calcinées à îïn feu modéré dans l’arche, f once
d’oripeau calciné par le foufre.
4°. Dans une eau régale femblable à la précédente,
il met peu-à-peu^ once d’antimoine,| once
d’afur , une once de minium, & { once de vitriol.
5°* Dans le même acide, il met deux onces
de faffre , d'once de manganèfe, £ ,once de cui:
vre des'trois cuites, & une once de'cinabre.
6°. Le fixième matras contient, dans une eau
régale femblable aux précédentes, & en même
quantité, \ once cérnfe, f once lacque , {-once
vert de gris, once écailles de fer qui tombent de
l’enclume.
Après avoir remué pendant plufieurs jours,
fix fois par, jour , le contenu de fix matras, il
mêle toutes, ce^ diffolutions^, en les verfant enfemble
dans un grand vafe ,• fk procédant à l’évaporation
du fluide fur les cendres chaudes à
un feu doux , la poudre colorante fe trouve au
fond du vafe.
Troijîème procédé. Toute 1a différence de ce procédé
avec les précédons eonfiffe encore dans la
poudre colorante dont la compofition eft beaucoup
plus compliquée. Nous allons l’expofer très-
brièvement fans nous mettre en peine de fuivre
exactement les détails minutieux de Néry.
Il fait féparément dans neuf matras les diffolutions
fuivantes :
i°. Quatre onces d’argent pur dans l’eau-fprte.
a0. Cinq onces de mercure par le même acide.
3®. Par l’eau-forte encore, trois onces d’argent
purifié par le mercure & par des lotions répétées
avec la diffolution de fel marin.
4®. Deux gros d’or par ùne eau régale faite avec
trois onces de fel ammoniac fur une livre d’eau-
forte^
5°. Dans une eau régale faite avec deux onces
de fel ammoniac fur une livre d’eau-forté,.
on met une demi-once de cinabre , une demi-
once de fafran de mars calçiné avec le fouffre,
demi-once d’outremer, une demi-once„ de ferret
d’Efpagne calciné avec le foufre.
6°. A une égale quantité de la même eau rér
gale, on combine une demi-once de fafran de mars
calciné par le vinaigre ; une demi-once chaux
d’étain, une demi-once faffre, une demi-once cinabre.
,
7°. Sur une égale dofe de la même eau régale,
on met une once d’oripeau calciné par le
foufre, une demi-once de cuivre des trois cuites,
une demi-once de manganèfe , & une demi-once
d’ècaiiles de fer des forgerons.
8°. Le huitième matras contient une diffolution
dans de femblable eau régale , de demi-once de
minium , une once de vert-de-gris, une demi-
once d’antimoine , une demi-once de réfidu de
la diftillation" du vitriol.
9°. Enfin, dans une égale quantité de la même
eau régale, on met une demi-once d’orpiment,
une demi-once de lacque , & une demi-once d’arr
fenic.
On place tous ces matras bouchés à la chaleur
modérée d’un fourneau , & on les y biffe pendant
quinze jours , les remuant plufieurs fois chaque
jour : on en verfe enfuite le contenu dans
Un grand vaifleau de verre, & après fix jours
de repos du mélange qu’on' remue cependant tous
les jours , on précède, à feu doux, à l’évaporation
, ou fi l’on veut recueillir l’acide, à la
diftillation , & on obtient ainfi b , poudre colorante.
Kunckel obferve, avec raifon , que Néry porte
un peu trop loin les précautions dans ces com-
pofitions, & par là en rend l’emploi plus difficile ,
& plus coûteux ; il pr-opofe un moyen beaucoup
plus fimple, & dont il affure avoir éprouvé l’utilité.
Il fait la diffolution d’argent à part ; il met enfuite
dans le même matras avec furabondance d’eau-forte,
toutes les matières qui doivent être diffoutes par cet
• acide, & il établit les dofes de chacune d’elles, comme
il -le juge convenable; il b it la même chofe pour
toutes les fubftances qu’il doit diffoudre dans
l’eau régale ; il biffe ces trois diffolutions repofer
& en.digeftion pendant vingt-quatre heures, il les
mêle enfuite ; il expofe pendant trois jours le
mélange à une chaleur coftvenable ; il procède
alors . if: à•s j la di, ftti ll)a tvio/n à feu doux.
Les diverfes nuances dont les pierres naturelles-
font fufceptibles peuvent infpirer à. un artifte d’autres
combinaifons que celles qui font offertes ici :•
nous rie nous fomtnes pas propofés de les épui-
fer; peut-être même l’aurio ns-non s tenté vainement
: il fuffit pour notre objet, que les procédés
préfentés puiffent favorifer & éclairer des1
1 recherches nouvelles. Il paroît, aurefte, que le-
but de ceux qui fe font occupés du travail que
nous venons de difeuter, a été fur-tout d’imiter
lès pierres précieufes pour leurs qualités extérieures
, & les plus apparentes , pdles que la couleur;
le fuccès deviendroit fans doute plus complet ; fi
l’on dirigeoit fon attention fur les autres propriétés
des corps , que l’on pourroit nommer in-
trinfèques, telles que la denfité, la dureté &c.
On fe trouve à cet égard dans une alternative
émbaraffante, du moins relativement aux moyens
que nous avons entre les mains. D’un côté l’emploi
bien ménagé des chaux de plomb „peut donnar
aux pierres faélices divers degrés de pefameur
fpécifique ; de l’autre, le v erre, dans lequel il
entre de la chaux de plomb, en devient plus doux,
moins dur.
Lorfque l’on fe borne à faire du verre ou du
criftal coloré, pour les ufages ordinaires du commerce
, on fe -fert des • fourneaux de fufion employés
communément dans les ateliers en grand;
mais lorfqu’on deftine le produit de fon travail
à faire des pierres précieufes artificielles, comme
; cette forte de fabrication ne peut pas donner lieu
I à un grand débouché , que, c’eft en quelque forte
la partie curieufe de b verrerie, & que fes opé-
; rations peuvent être confidérées comme des expériences
de laboratoire, on doit employer des
fourneaux, dont les dimenfions foient appropriées
' à ce genre reffreint, quant à l’étendue & à l ’abondance
du produit. M. Fonranieu a adopté,
comme nous l’avons dit ci-deffus , le petit four-
' neaü rond; propofé par Kunckel : nous croyons
devoir le faire conlioître , mais comme fon auteur
s’eft contenté de le faire répréfenter en perf