
autres centres établirent fa largeur. Pour tailler
les douves de la baignoire, ils font ufage du
crochet, ou de l’efpèce de paneau ou ftrche dont
nous avons déjà parlé. Ce crochet porte deux courbes
: l’une doit fervir à donner la forme aux
douves qui feront peu bombées fur leur furface
extérieure, & qui font devinées à être pofées fur la
largeur de la baignoire. L’autre côté du crochet
prefente une courbe très-bombée , & prefcrirà
celle propre aux douves que l’on placera fur fa
largeur.
Le tonnelier , quand il a taillé fes douves différemment
, comme nous venons de le voir , fui-
vant la place qu’elles doivent occuper, lie deux
cercles. Il commence par leur donner un peu la
forme de la baignoire, en les y contraignant avec
la main.
Il pôle, dans fon cercle chaque douve , en les
faifant porter fur le trait qu’il a fait fur le terrain
; & la différente taille des douves ne tarde
pas à faire prendre la même, figure au cercle qui
doit enfuite la faire. conferver aux douves une
fois arrangées.
Les tonneliers ont divifé les ouvrages de leur
reffort ; & quoique dépendant tous de la même
communauté, les uns embraffent une partie, tandis
que les autres s’attachent à une autre. A Paris,
il y a des tonneliers qui fabriquent uniquement
les vaiffeaux dont les pièces font retenues par
des liens de tôle , les brocs, féaux, &c. On les
nomme tonneliers [erreurs.
Comme le broc efl ,"de toutes tes pièces que
coF.ftruit le tonnelier , celle qui par fa forme
exige le plus de foin, nous parlerons de fa eonf-
tru&iori, après avoir dit un mot fur fon ufage.
Le broc fert le plus fouvent à tranfporter dès
liquides d’un lieu dans un autre, lorfqu’on a def-
fein de mettre la liqueur dans un autre vafe plus
propre à la conferver. On l’emploie aufli dans
quelques endroits comme mefure. On vendues
liqueurs au"broc, & cette mefure contient plufieurs
pintes. De là eft venu le proverbe ufité vulgaire- .
ment, boire à plein broc. A. Paris , on en fait de
différentes grandeurs , & on emploie dans leur
eonflruâion les différens moyens que nous allons
détailler.
Tout le monde fait que la partie renflée d’un
broc, efl: vers fa bafe ; que depuis cet endroit
jufqu’à fon ouverture, le broc diminue de largeur
; & qu’enfin il s’élargit un. peu pour pren- j
dre une forme propre à yerfer commodément
la liqueur qu’il contient.
Le broc efl composé, comme les tonneaux;
de plufieurs petites planches. Moins on leur donne
de largeur , & plus la courbe du broc & fa forme
efl régùlière.
Le bas de chaque douve doit donc être plus large
que fon extrémité fupèrieure ; & cet angle que
nous avons dit qu’on remarquoit en examinant
lépaiffeur de ces efpèces de douves taillées, au
lieu de fe trouver à la partie moyenne de la
douve, comme fur le tonneau , doit ici être placé
vers la bafe de la planche ; parce que, comme
nous venons de le dire, le broc doit être plus
renflé vers cette partie.
Pour former cet angle , les tonneliers n’ont
aucune mefure. Le coup d’oeil leur fufEt ; & ils
le tracent cependant affez régulièrement, ainfi
que le bifeau qui doit fe trouver fur l’épaiffeur
des douves, pour qu’elles puiffent toutes fe toucher
, & prendre la courbe qu’elles doivent donner
aü broc.
"• Elles font toutes bombées fur leur furface exterieure
; &l intérieurement le tonnelier a enlevé
une partie de leur épaiffeur dans la portion qui
doit faire la partie la plus renflée du broc , pour
lui donner plus de capacité, & pour faciliter la
courbe que chaque douve doit prendre, lorfqu’ellt
fera maintenue par les cercles.
Pour retenir les douves & monter le broc;
les tonneliers les arrangent & les pofent à côté
les unes des autres , de façon que leurs extrémités
inférieures, celles qui étant plus larges,
doivent devenir la bafe du broc , fe touchent.
Il les maintient toutes avec un ou deux cercles.
Quand une douve efl. trop large , ou qu’au
contraire il la croit trop étroite, il la diminue,
ou il la change & la. remplace par une plus large..
# Les extrémités de ces douves oppofêes à celles-
ci qui font ainfl affujetties tendent à s’écarter
les unes des autres.
Pour les faire revenir, il les place dans tm chau-
deron rempli d’eau, & il les y laiffe bouillir
pendant quelque temps pour attendrir lé bois.
Alors il fe fert du bâtifloir pour réunir ces extrémités
ainfi écartées ; & Î1 les maintient par
un fécond cercle qu il a lie comme le premier
avec de lofier , & qui efl d’une grandeur convenable.
Pour refferrer encore tes cercles, il fe fert de.
petits coins de bois qu’il fait entrer à force entre
les douves & le cercle j & il le laiffe ajnfi pendant
quelques jours.
Il ne s’agit plus enfuite que de former le ja-
ble qui doit retenir le fond du broc, & de fubf-
tituer aux cercles de bois des cercles de tôle maintenus
par des clous. On ajoute encore à l’ouverture
du broc une plaque forte de cuivre, ou
de tôle, pour former cet évafement. dont nous
avons parlé, dont un côté comprima sert de gouttière
& de conduite à la liqueur , quand on veut
verfer dans un autre vafe celle que contenoit le
broc.
On ajoute encore une anfe que l’on retient avec
des clous. Nous ne parlerons pas de ces dernières
opérations : leur perfeétion dépend de l’adreffc
de l’ouvrier; & il n’eft pas poflible de décrire
ce quelle feule peut donner.
Il faut au tonnelier qui fait les brocs, plufieurs
outils dont nous n’avons pas encore parlé : de
grands cifeaux, ou forces, pour couper la tôle, '
une petite enclume pour ferrer , & river les clous
qui maintiennent les pièces de tôle qu’il emploie.
Le bidon que nous avons déjà cité en. parlant
des vaiffeaux dont la conflruâfon appartient au
tonnelier, efl encore une efpèce de maintenu
par plufieurs bandes de fer. Il fert aufli de
mefure aux liquides. On l’emploie principalement
pour diftribuer le vin qu’on donne à chaque matelot
dans les équipages de la marine.
Les tonneliers réparent aufli les cuves. Ils achètent
de vieilles cuves pour en faire des cuviers,
baignoires, &c. en diminuant les douves & les
travaillant fur la grandeur'qu’ils veulent donner
au nouveau vaiffeau qu’ils fe propofent de conf-
truire.
Ils font des poinçons avec les douves des vieux
tonneaux , & avec celles qu’ils ne peuvent employer
à faire des poinçons. Ils conüruifent des
quarts ou des barri 1s. Les futailles coupées fervent
a différens ufages. On les nomme communément
baquets. Les marins les connoiffent fous
le nom de bailles.
Les tonneliers emploient ordinairement de vieilles
douves à faire des féaux , leilles , brocs, &c.
dont nous venons de parler; mais dans certaines
provinces, ils en font aufli des tables, des fontaines
, qui s’adoffent le long des murs , &c.
fin vignes , n occanonnoient pas la confommation
des vieilles futailles ; & beaucoup plus de tonneaux
étoient dépecés & vendus à différens OU'
vriers, comme layetiers , qui les employoient a
faire des boîtes , pul pitres , caiffes à mettre de<
arbuftes ou des fleurs, &c. A&uellement or
^es dépèce que lorfque les douves fon
abfolument hors d’état de fervir à contenir dt
vin , après même avoir été diminuées de longueur
& converties en un vaiffeau plus petit que celui
qu’elles formoient étant neuves.
Nous avons dit que les tonneliers dans les
villes maritimes faifoient les bouées dont on fe
fert pour reconnoître en. rade l’endroit où un
vaiffeau a jeté fon ancre. C .s bolées flottantes
fur l’eau lui indiquent l’endroit où il doit envoyer
fa chaloupe pour lever l’ancre, ou bien l’endroit
où l’ancre a pris dans le terrain , pour qu’un
autre bâtiment évite de donner fur la patte qui
po.urroit l'endommager. Nous croyons devoir dire
deux mots de leur cônftruétion.
On en fait de deux efpèces. Les premières fon-t
formées en cône. Le côté le plus large de ces
bouées , & celui qui fert de bafe au cône, efl
fermé par le premier fond qui entre d.ns une
feuillure, ou dans un jable pratiqué dans chacune
des planches qui forment la bouée , à peu
près à trois pouces de leur extrémité.
On me*t encore dans l’efpaçe du bouge , c’eft-
à-dire , depuis ce fond jufqu a, l’extrémité des
planches qui fervent à le former, de Vétoupe 8c
du bray, que l’on recouvre de groffe toile ; &
l’on attache fur l’extrémité de ces douves, tm
fécond fond de fapin , ou de toute autre bcis
léger. Ce fécond fond fert à parer les bouées des
abordages , qui pourroient endommager le premier
fond, faire prendre eau, & enfoncer la
bouée.
L’autre extrémité de la bouée efl terminée par
une pointe aufli aiguë qu’il efl poflible. Elle efl
cependant garnie d’un fond placé dans une rainure
femblable à celle de l’autre fond , & faite
de la même manière. Ce fond efl placé au tiers
de la bouée, à compter de la pointe du cône.
Les bouée* ainfl confiâmes, font liées parplu-
fleurs cercles de fer qui en maintiennent les planches.
Les plus groffes en ont fept ou neuf. La
bouée bien ferrée & retenue efl outre cela brayée
& recouverte de goudron.
Au haut de la bouée du côté du grand diamètre
on pratique une efpèce d’ouverture de
boa don, large d’un demi-pouce, & qui fert à
cambuger la bouée , à vider l’eau qui pourvoit
y entrer à la longue, ou par le défaut d’exactitude
dans la réunion de fes pièces. La bouée
foftie des mains du tonnelier, efl garnie à bord
des cordages qui fervent à l’attacher à Taurin qui
efl un Cordage dont un bout efl amarré aux
pattes de l’ancre, l’autre, à la bouée. Il fert à
indiquer, comme nous l’avons dit , la perpendiculaire
de l’ancre.
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