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V I O L E T T E .
( Art de préparer le sirop de )
X jv. firop de violette , qu’on nomme auffi firop
violât, eft très-agréable à boire, & laide dans la
bouche le parfum de la fleur ; il n’eft ni coûteux
ni bien difficile à faire, mais il faut avoir attention
de choiflr la violette des jardins , par préférence
à celle des champs ou des bois, bien inférieure à
la première, en odeur, en couleur & en vertu : on
'pile, mais très - légèrement, dans un mortier de
marbre & avec un pilon de bois, une livre de fleurs
de violette, bien mondées de leurs queues & de
leurs calices : après avoir légèrement pilé ces fleurs,
on les met dans une cucurbite de verre , qu’on a
eu foin de faire bien chauffer auparavant & par
degrés, de crainte qu’elle ne caffe, ou pour plus
de fureté , on prend un pot de faïence dont l’ouverture
ne foit pas bien large, qu’il faut pareillement
échauffer avant d’y mettre les fleurs pilées.
Les fleurs étant dans le vaiffeau, on verfe par-
deffus deux livres d’eau bouillante ; on bouche
exactement le vaiffeau dans lequel on a mis les
fleurs infufer dans l’eau ; on le place fur la cendre
chaude; l’on fait durer l’infufion pendant douze
heures, après quoi on paffe l’infuflon au travers
d’une ferviette, en la preffant fortement pour en
enlever toute la teinture ; on;laiffe repôfer ce produit
pendant une groffe demi-heure; on décante
la liqueur par inclinaifon, pour féparer un peu de
fécule qui s’eft précipitée ■ au fond. Lorfqu’on la
pefera , on en trouvera à-peu-près dix-fept onces;
pour ces dix-fept onces, on prendra deux livres
de fucre ; on le concaffëra ; oh lè mettra dans un
matras de deux pintes au moins; on verfera par-
deffus les dix-fept onces d’infufion de fleurs de
violette ; on bouchera bien le matras , & on le placera
au bain-marie & à un feu bien modéré. Il faudra
remuer de temps en temps le matras fans le
déboucher, pour accélérer la diffolution du fucre,
ÔC bien prendre garde qu’il ne foit frappé d’un
froid fubit, ce qui pourroit le faire caffer. Le fucre
étant diffous , on laiffera éteindre le feu & refroidir
le matras ; alors on pourra tranfvafer le flrop dans
des fioles ou petites bouteilles.
Les firops d’oeillet , de fleurs d’orange & de
coquelicot fe préparent de la même manière que
le firop de violette.
« y * * »
-fx S 5 m
vis.
V I S .
Jl ARMi les machines qui agiffent comme plans
inclinés , la vis eft une de celles dont les arts
font le plus fouvent ufage. La partie faillànte de
la vis fe nomme f i l e t , & la diiiance d’un filet à
l’autre fe nomme pas. L’on donne le nom d’écrou
à un corps dont la cavité cylindrique eft taillée
intérieurement en forme fpirale, enforte que la
vis puiffe y retourner à angles correfpondans. Les
vis fe font en bois ou en métal : les unes font à
filets quarrés , d’autres à filets angulaires ; les unes
à pas alongés, d’autres à pas ferrés. Dans l’ufage
de cette machine , il faut que la puiffance fafle un
tour entier pour faire avancer la réfifiance d’un
pas. Les machines les plus intéreffantes en ce genre,
font la vis d’Archimède & la vis fans fin.
L’on fait des petites vis de fpr qui fe terminent
en pointe, & qui doivent fe creufer elfes-mêmes
leur écrou dans le bois ; elles peuvent être regardées
, ainfi que nos tire-bouchons , comme machines
compofées, qui font tout à la fois l ’office
de vis & de coins.
Les vis ordinaires des fortes preffes étant faites
à la main, c’efi-à-dire, avec un trait de feie 8c
j des coups de cifeaux de chaque côté du filet pour
i le former, il efi: impoffible que l’ouvrier le plus
adroit n’y faffe quelque faute, en laiffant des en-
■ droits plats & d’autres plus bombés : d’où il ré-
fulte que les pas de la vis ne pofent pas tous
enfembie dans les filets de l’écrou. On a été
obligé, pour cette raifon , d’écarter ces filets ,
attendu que lorfqu’ils font plus ferrés, leur inégalité
les fait fouvent éclater. D ’ailleurs , quand
il eft nécefîaire que la preffion foit confidérable,
! ces filets alongés font fujets à fe defferrer, ce qui
exige beaucoup plus de force pour tourner le
levier; c’eft pour cela qu'on a imaginé un outil
qui remédie à tous ces inconvéniens, au moyen
I duquel on donne à ces groffes vis de bois , le
meme degré de perfection qui fe trouve dans les
i petites vis faites à la filière.
Vis d*Archimède«
Parmi le grand nombre de machines ÿ dont la
partie principale eft une v is , la fameufe vis d’Archimède,
connue depuis près de deux mille ans,
y tient un rang diftingué. Cette vis doit être confin
é e comme un plan incliné. En l’exapiinant, on
Arts & Métiers. Tome VIII»
y reconnoît les propriétés propres à ce plan : on
peut s’en fervir fort utilement dans bien des occa-
iions , pour élever des eaux. Cette machine fimple
produit des effets admirables ; elle eft compofée
d’un tube ou canal creux , incliné à l’horifon , qui
tourne fur deux pivots, & d'un canal ou tuyau
qui l’enveloppe : on l’incline fous un angle d’environ
quarante-cinq degrés. L’orifice de la partie
baffe du canal creux ou de la vis , eft plongé dans
l’eau. Lorfque, par le moyen d’une manivelle, on
fait tourner la vis, l’eau s’élève dans le tube fpi-
ral, & vient fe décharger en haut ; par le moyen
de cétte ingénieufe machine, l’eau monte en vertu
de la même force qui ordinairement la fait def-
cendre , c’eft-à-dire , la pefanteur ; lorfque , du
haut de la vis d’Archimède, on laiffe couler une
bille, elle defeend jufqu’en bas par fon propre
poids ; mais f i , avec une manivelle , on tourne la
v is , il fe forme à chaque inftanr un nouveau plan
incliné, le long duquel remonte la bille , en trouvant
toujours une nouvelle chute, & fuivant les
lois de la pefanteur ; c’eft de cette manière que
l’eau s’y élève. Cette machine eft propre à élever
une grande quantité d’eau avec une très-petite
force ; c’eft pourquoi elle peut être utile pour
vider des lacs ou des étangs. Comme elle fe meut
fur deux pivots, une force très-peu confidérable
la fait tourner, pourvu qu’elle foit bien en équilibre
avec elle-même; mais #n ne peut guère s’en
fervir que pour élever l’eau à une hauteur médiocre,
parce que cette vis, étant néceffairement
inclinée, ne peut porter l’eau à une grande élévation,
fans devenir elle-même fort longue, par-
là très-pefante, & fans courir les rifques de fe
courber 8c de perdre fon équilibre. L'eau étant
montée à une première hauteur, on peut la reprendre
avec une autre v is , & ainfi de fuite.
Vis fans fin,
C’eft une machine compofée d’une v is , dont le
cylindre ou noyau tourne toujours du même fens,
fur des pivots qui terminent fes deux extrémités.
Les filets de cette vis , qui font le plus fouvent
quarrés, mènent, en tournant, une roue verticale
dont ils engrennent les dents ; cette roue
porte, à fon centre , un rouleau avec une corde ,
à laquelle on attache le fardeau qu’on veut élever :
par le moyen de cette machine on peut vaincre,
avec très-peu de force, une très-grande réfiftance;
mais cet avantage coûte bien du temps, cas
Pppp.