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Rheede(J7a/a/>,, X, l. 37), un des premiers autours qui aient parlé do rospòce(ou
1 ()89), dit : « Crescit in aronosis, » et il n'ajoute pas môme qu elle fut cultivée au
Malabar. Roxburgh, cependant, n a jamais vu la plante dans Tlnde que cultivée
{FL Ind,, édit., v. II, p. G3). Loureiro {Fl. Coch., I, p. 21 8) dit également:
et Passim citila in Cochincliina et China, Moon {Cat., p. 21) l'indique comme
spontanée à Ceylan. Uumphius, en 1750, dit : « In Amboina quondam exotica
fuit planta, ex Java delata, nunc autem satis mulliplicata est in hortis. » {Herb.
Amb., V, p. 290, tab. 100, f, 2.) Or, à Java, elle est seulement cultivée (Blume,
Bijdr., p. o/i-S ; Zoll., herb, et Verz., p. 73). Spanoghe l'indique à Timor : « In
hortis culiis )) {Linnoea, 1841, p. 346) ; et Thunberg, au Japon : « Crescit hinc
inde soepe culla in ollis » {FL Jap.^p. 11 4). B;autres auteurs citent la pianto
aux îles de la Société, en Chine, etc., mais n affirment pas qu'elle fût spontanée.
Elle l'était à la Jamaïque, en 1789; mais autour de la ville de Savannah, et
Browne doute de rorigine de l'espèce (yam., p. 184). Aublet ne dit pas si la
plante était spontanée ou cultivée à la Guyane. Mais le fait le plus significatif est
l'observation do M. de Martius (Beitr. Amar., p. 90) : « Quoique l'on regarde
cette plante comme do linde orientale, je dois dire que je l'ai trouvée dans les
parties intérieures, au fond de la province de Rio-Negro, au bord du Japura. Si
elle a été introduite dans cet endroit, ce ne peut être qu'avec la nourriture des
poules que les Portugais amènent dans leurs canots. )> Ainsi, dans l'intérieur du
Brésil (où il y a tant de Gomphrena), et peut-être au Malabar et à Ceylan,
l'espèce paraît spontanée. J'ajouterai que la variété blanche (y Moq., L c.)est
bien spontanée au Mexique (Moq., 1, c., herb. DC.! ). Les arguments historiques
sont que les Européens ont reçu la plante de l'Inde, car Breynius (Ceni.,I, t. 51),
e n 1677, l'appelait Amarantho affmis Indioe orientalis, de même Commelyii
{Hort., I, t. 85), et ils on ont parlé les premiers. On ne cite aucun synonyme des
anciens ouvrages sur l'Amérique, tels que Sloane, Hernandez, Piso ; tandis quo
Rheede et Rumphius n'ont pas manqué d'en parler; enfin, les arguments lin-^
(juistiques sont assez confus dans le cas actuel. Roxburgh attribue à la plante un
nom sanscrit, Amlana, que Piddington {Index, p. 40) écrit Umlana. Ceci indi^
querait une ancienne culture dans f Inde ; mais quoique l'espèce soit assez remarquable,
on pourrait bien l'avoir confondue avec des Ceiosia, Achyranthes, ou
quelque autre plante à tleur persistante. Je dois dire cependant que les noms
sanscrits offrent d'ordinaire une grande précision. Il y a aussi des noms vulgaires
dans les langues modernes de l'Inde, de Ceylan, du Japon. Peut-être sont-ils simplement
tirés de faspect et de la nature de la fleur, comme les noms usités par
les Européens, Perpetuas, soit Immortelle aux Philippines (Blanco, Fi.), Immor^
telle à fîlo Maurice (Bojer), Bouton de bachelier à la Jamaïque (Browne). En
résumé, les indices botaniques et topographiques sont pour l'origine américaine;
les indices historiques et linguistiques pour l'origine asiatique. Je penche pour
les premiers.
P î s o n l a aculcata, L. — 5 — 1 « En Amérique, des Antilles au Brésil
(Choisy, m Prodr., XIII, part, n, p. 440); 2'' dans l'Inde (Roxb., Fl. Ind.,
r edit., p. 217), où il affirme l'identité ; à Timor (Decaisne, Herb. Tim , p 45-
Choisy, c.), auxMoluques, Philippines (Choisy, A l'île Maurice, il n'est
que naturalisé (Bojer, H. Maur.,p. 265), et je ne les vois pas indiqués ailleurs en
Afrique. Cet arbuste croît dans les fourrés, sur les côtes. Ses fruits portent des
g l ^ e s crqchuçs et gluantes, p^r lesquelles ib s'^Ut^chent aux corps étrangers.
Les plumes des oiseaux en sont quelquefois tellement garnies, qu'ils no peuvent
plus voler (Sloane, Jam., II, p. 25). Les épines sont aussi un moyen par lequel
des branches peuvent adhérer, et se trouver transportées avec les fruits sur des
vaisseaux. Je regarde le transport comme très probable. Ce qui m'étonne, c'est
dene pas trouver l'espèce citée en Afrique et sur la côte occidentale d'Amérique.
Elle paraît plus commune en Asie qu'en Amérique (comi)arez Roxb., /. c., avec
Swartz,, où l'espèce n'est pas indiquée). Elle a des noms vulgaires dans l'Inde,
et s'il n'y en a pas en sanscrit, ce n'est pas étonnant, puisque l'espèce habite
les parties méridionales de l'Inde. Les autres Pisonia sont, ou d'Amérique, ou
d'Asie, et deux d'entre eux de l'île Maurice. La probabilité pour fespècc actuelle
est un peu en faveur do l'origine asiatique, et d'un transport, déjà ancien, par
adhérence à des l)allots, etc.
JUiraViîlis J a l a p a , i,. — ^ — 1 ° En Amérique, spontanée au Mexique (Mernand.,
Thes. ami., 1 651, p. 279 ; Borland. ! h. DC.), à la Jamaïque (Sloane, I,
p. 211 ), aux Barbades (Maycock, F/.), et probablement sur une grande partie
du continent do l'Amérique méridionale ; mais je n'en possède pas d'échantillons,
et la plante étant souvent cultivée, il est difficile de savoir où elle est spontanée.
Elle n'est pas indiquée dans Rumb. et B., ni dans les plantes du Pérou, de
Moyen (^cL nal.car., XXI), ni aux Galapagos (Hook, f., Trans. Soc. Linn.,
XX, part. n). Malgré le nom do Merveille du Pérou, donné par les Espagnols, à
l'époque de l'introduction de la plante, je doute qu'elle fût originaire de ce pays ;
elle semble plutôt du Mexique ; 2" en Asie, dans le Malabar (Rheede, X, tab. 75, où
il ne dit ])assi elle est spontanée ou cultivée) , à Ceylan, spontanée (Moon, Cal.,
p. 15), Amboine dans les jardins et ad arearum oras (Rumph.,1. VIII, p. 41),
en Cochinchine (Lour., I, p. 123), Chine {id.; Voy. Beecheij), au Japon (Thunb.,
KtBmpf., cité par lui), à Java, inapricis et in /¿ori/s (Blume, Bijdr., p. 732), cultivée
à Timor (Span., Linnoea, 1841, p. 342). Je crains une erreur dans Piddington
{Index, p. 57), où se trouvent indiqués un nom sanscrit et divers noms indiens
pour le Mirabilis Jalapa, qui n'est pas dans Roxburgh (F/. Ind., et 2® édit.), ni
dans Wall. {List,), ni dans Ainslies (ilfai. med. Ind.). Dans le nord de l'Inde, pays
du sanscrit, le Mirabilis n'aurait pu se trouver que cultivé, à cause du froid.
En résumé, l'espèce est aujourd'hui, et depuis deux siècles au moins, cultivée
et spontanée en Amérique et en Asie.Elle est rarement en Afrique; cependant
elle commence à se naturaliser à l'île Maurice par l'effet des cultures (Bojer,
H. Maur.). Comme les cinq espècesdu genre sont toutes spontanées en Amérique,
je soupçonne celle-ci d'être naturalisée en Asie, par suite d'une culture générale
et d'une reproduction facile. Gardner le pensait pour l'île de Ceylan {Jonrn. hortic.
Soc,, IV, p. 40).
m i r a b i l i s dichoAoma, L, — ^ — Espèce d'Amérique (Choisy, Prodr.,
XIII, part. II, p. 428), souvent confondue avec le Mirabilis Jalapa, souvent cultivée
avec elle. J'en ai vu des échantillons de Taïti et de Pulo-Pinang, deux localités
où il y a des jardins. Étaient-ils spontanés?
La nécessité de prouver ou de discuter les faits m' a obligé d'entrer dans
beaucoup de détails sur ces espèces communes aux régions intertropicales.
J e vais résumer en un tal)leau le résultat de mes recherches. Les espèces
seront classées maintenant selon leur origine probable,