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 8 8 6  ORIGINE  GKOGRAPIIIQÜE  PES  ESPÈCES  CULTIVÉES.  
 fruit  lisse.  Chaque  auteur,  à l'époque  de  la  renaissance,  a eu son opinion à  
 cet égard ous'estmisàcritiquerrassertiondesautres(Dalech.,  l. c.; Matth.,  
 p.  122; Coesalp.,  p.  107;  J. Bauh.,  p. 163,  etc.).  Peut-être  y avait-il des  
 Tuberesde  deux  ou  trois  espèces,  comme  le dit Pline,  et l'une  d'elles qui  
 segreflait  sur les  pruniers  (Pline,  p.  17, c. 10, à la fin) est-elle  la  pèche  
 lisse?  Je doute  qu'on  puisse  jamais  éclairçir  cette  question (a).  
 En  admettant  même  que le Nucipersica  eût été  introduit  en Europe seulement  
 au moyen  âge, on ne peut  se refuser  à  constater  le  mélange  dans  
 les  cultures  européennes  depuis  plusieurs  siècles,  et au  Japon  depuis un  
 temps  inconnu,  de toutes  les qualités  principales  de  pêches.  Il  semble que  
 ces  qualités  diverses  se  soient  produites  partout  au  moyen  d'une  espèce  
 primitive,  qui aurait été la pêche  velue. S'il y avait eu  d'origine deux  espèces,  
 ou  elles  auraient  été dans  des pays  différents, et  leur  culture  se  serait  établie  
 séparément;  ou  elles  auraient  été dans  le même  pays,  et  dans ce  cas  
 il  est probable  que les anciens  transports  auraient  introduit  ici une  des  
 espèces,  ailleurs  l'autre.  Je  fais  autant  de cas  de ce  genre  d'arguments  
 que  de  certains  faits  horticoles  au  moyen  desquels  on  appuie  l'opinion  
 d'une  identité  originelle  des pêches  lisses  et des pêches  velues  (b).  
 Je  suis bien  loin  d'incliner  ä une opinion  de Knight  {Trans,  hört.  Soc.  
 Lond.,  III, p. 3,  extr.  dans  Ann.phjs.  et  chim.,  XIII,  p. 329), d'après  
 laquelle  le Pêcher  serait un produit  de l'horticulture  obtenu  graduellement  
 de  l'Amandier.  Ce savant  ingénieux  a croisé  un Pêcher  et un Amandier, et  
 le  semis  a donné  un  arbre  sur lequel  on a recueilli  des pêches  déhiscentes  
 à  la manière  des amandes  et des pêches  ordinaires.  Le croisement  prouve  
 (a)  Je  n'ai pas pu  découvrir  un  nom  italien  de  fruit  glabre  ou  autre  qui  dérive  de  
 tuber  ou tuberös.  C'est  une  chose  singulière,  car, en  général,  les anciens  noms  de  fruits  
 se  sont  conservés  sous  quelque  forme.  
 _ (b) Les deux  catégories,  dit-on,  se  croisent  facilement,  mais  on  peut  aussi  croiser  
 l'Amandier  et  le Pêcher,  et  beaucoup  d'autres  espèces  reconnues  comme  distinctes. On  
 cite  plusieurs  cas (Trans,  hortic.  Soc.  Lond.,  1, p. 103, II, p.  59) où sur le même  pied,  
 que  dis-je,  sur  le  même  rameau,  il  s'est  développé  des pêches  velues  et des  pêches  
 lisses  {Nectarine  des Anglais).  Ce  serait,  au  premier  aperçu,  l'origine  de la pêche  lisse,  
 mais  on peut  aussi  l'expliquer  par un  croisement  antérieur  de deux  espèces  ou  de  deux  
 variétés  préexistantes.  Ainsi  le  Cytisus  purpureus  est, de  l'aveu  de tout  le monde,  une  
 espèce  bien  distincte  du C. Laburnum.  Cependant  sur les pieds  de l'hybride,  appelé  communément  
 Cytisus  Adami,  on voit  assez  souvent  se  développer  des  branches  à  fleurs  
 rouges  du C.  purpureus,  à  fleurs  jaunes  du C. Laburnum,  et  à  fleurs  intermédiaires  de  
 l'hybride.  Cela  varie  sur  le  même  pied  d'une  année  à  l'autre.  De même  dans  certains  
 orangers  hybrides  (Gallesio,  Citrus,  p.  44). —  Un  argument  plus  fort  est  l'assertion  de  
 quelques  cultivateurs,  que la  pêche  lisse  vient  parfois  de  semis  de la  pêche  ordinaire. Ce  
 serait  le cas du Boston  nectarine  {Trans,  hort.  Soc.,  série,  VI, p. 394 ;  Lindl.,  Jovrn.  
 of  hort.  Soc.,  V, p. 28).  Malheureusement  la  filiation  repose  sur  des souvenirs  ou  des  
 propos  d'horticulteurs,  et  non sur  des  expériences  directes  bien  constatées.  Dans  un  
 autre  cas, M.  Calver,  de  Royalton,  aux États-Unis,  aurait  obtenu  par  semis  des  pêches  
 et  des  brugnons  sur  un  même  arbre  {Phytologist,  septembre  18o'l,  p. 2 9 9 ; dans  un  
 extrait  du  Gardener's  Mag.,  parle  PhytoL).  
 ORIGINE  DES ESPÈCES  LE PLUS  GENERALEMENT  CULTIVEES.  887  
 l'affinité de deux  espèces,  et rien  de  plus.  Quant  aux  interprétations,  dans  
 le mémoire  de Knight,  des auteurs  grecs  et latins  à l'égard  de la  pêche et  
 des  Tnberes,  elles  sont  presque  toutes  erronées,  faute  d'avoir consulté les  
 botanistes  de la  renaissance,  tels  que Matthiole,  Dalechamp  et J.  Bauhin,  
 qui  avaient parfaitement  éclairci  les textes  originaux.  Les pêches  cultivées  
 du  temps  de Pline  n'étaient  pas  mauvaises, ni médiocres, et si les  expressions  
 de  l'auteur  ne sont  pas  assez  précises  à  cet égard,  la  réflexion  fait  comprendre  
 que les anciens  ne se  seraient  pas  donné  la  peine  d'apporter  de  
 pays  éloignés  et de cultiver  un fruit de peu  de  valeur.  
 Enfin,  la grande  facilité  avec  laquelle  nos pêches  se sont  multipliées de  
 semis  en  Amérique  et ont  donné  sans  le secours  de  la greffe  des fruits  
 charnus,  quelquefois  très  beaux,  me  fait  croire  que l'espèce  est  dans un  
 état  naturel,  peu altéré par une longue  culture  et par des  fécondations hybrides. 
   En Virginie  et dans  les États voisins on a des pêches  provenant d'arbres  
 semés,  non grefles, et leur  abondance  est si  grande,  qu'on  est obligé  
 d'en  faire  de l'eau-de-vie  (Braddick,  Trans,  hort.  Soc.  Lond.,  II, p.  205).  
 Sur  quelques  pieds  les fruits  sont  magnifiques  {ib.,  pl. 13) . A  Juan-Fernandez, 
   dit Bertero  {Ann.  sc.  nal.,  XXI, p. 350),  « le Pêcher  est si  abondant, 
   qu'on  ne peut se faire une  idée  de la quantité  de  fruits  qu'on  en  récolte;  
 ils  sont  en  général  très  bons,  malgré  l'état  sauvage  dans  lequel  ils sont  
 retombés.  »  D'après  ces  exemples,  il  ne  serait  pas  surprenant  que  les  
 Pêchers  sauvages,  à  fruits  médiocres,  trouvés  dans  l'Asie  occidentale,  
 fussent  tout  simplement  des pieds  naturalisés  sous un climat  peu  favorable,  
 et que l'espèce  fût  originaire de Chine, où la culture paraît  la plus  ancienne.  
 Amandier. — L ' A m y g d a l u s  communis  est mentionné  par  Pline  (1.  XVI,  
 c.  25, à  la fin, et  1. xv,  c. 22) sous  le  nom grec  Amygdala.  D'après  le  
 chapitre  22 du  livre  xv, dont  la  rédaction  est assez  confuse,  il paraît que  
 les Romains  appelaient  aussi l'Amandier  Nuoe,  et le rapprochaient  ainsi du  
 Jugians.  Pline  doute  que l'Amandier  existât  en Italie  du  temps  de Caton,  
 parce  que  celui-ci  l'appelait  Nux  groeca.  Peut-être,  cela  prouve-t-il seulement  
 qu'on  avait  introduit  l'espèce  par la voie  des Grecs.  On  cite  {Nouv.  
 Duhamel,  IV,  p.  110) des vers  du premier  livre des  Géorgiques  dans lesquels  
 le mot  Nux  s'applique  à  un arbre  fruitier qui  fleurit  au  printemps.  
 La  culture  de l'amandier  était  répandue  en Grèce,  surtout  dans  les îles de  
 l'Archipel.  Théopliraste  et Dioscoride  en  parlent  souvent.  La  distinction  
 des  amandes  amères  et des  amandes  douces  existait  chez  les anciens,  et  
 l'on  attribuait à certaines  pratiques horticoles  l'effet de transformer  les  unes  
 dans  les autres  (Théopbr.,  Hist.,  II, c. 8, à la fin). Je  doute  de l'efllcacité  
 de  ces moyens;  d'autant  plus qu'un  horticulteur  exact, M. Gallesio  {Traité  
 du  Citrus,  p.  31), ayant  semé  souvent  des amandes  douces,  n'a jamais  
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