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916 OIUGINE GÉOGUAPHIUUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
plante Tumatle America7iorum(G.Banh., Pin., p. 167). Les auteurs des
xvi" et xvir siècles décrivent l'espèce, cependant rien ne peut faire supposer
qu'elle fût connue avant la découverte de l'Amérique. Un tel ensemble de
faits prouve suffisamment l'origine américaine, quoique peut-être la plante
ait été trouvée, avec une apparence plus ou moins spontanée, dans quelques
localités africaines et asiatiques (a).
Parmi les noms qu'on lui donna en Europe il y a deux siècles, les seuls
qui indiquent l'origine sont ceux de Mala peruviana (Eyst. dans Bauli.,
Hist., ni, p. 621), Pomi del Peru (Bauli., ib.). Je crois d'autant plus à
l'origine péruvienne que l'espèce manquait à la Jamaïque du temps de
Sloane et qu'elle a été introduite à la Barbade, du Portugal, il n'y a guère
plus d'un siècle (Hughes, liarh., p. 1ZÎ8). Cependant M. de Humboldt
(Nouv.-Esp., 2" édit., II, p. /|72) regarde les tomates comme une ancienne
culture du Mexique.
Jusqu'à présent personne n'affirme l'avoir trouvée sauvage en Amérique.
On la cite quelquefois, par exemple à Tepic, dans le Mexique, mais sans
donner de preuve qu'elle ne fût pas cultivée (Benth., Bot. Sulph., p. 1^2).
Le docteur Hooker (7Vaw5. Lin. Soc., XX, p. 202) énumère une variété
du L. esculentum parmi les plantes trouvées aux Galapagos, mais dans
l'île où existent des cultures, celles de James. Il ajoute : « L'herbier de
•Hooker contient des échantillons de cette plante, exactement semblables,
du continent de l'Amérique méridionale et des îles de la mer du Sud. Ils
sont tous plus petits (de fruit?) que l'état commun de l'espèce. )) Ceci doit
s'entendre probablement d'une plante spontanée, mais est-ce bien l'espèce?
n'est-elle point échappée des cultures? Meyen (Nov. act. nat. cur., XIX,
suppl., p. 391) n'a pas trouvé l'espèce en Amérique.
Persca iratissima, «ecrtn. (Laiirus Persea. L.). — \JAvocatier deS
colons français. Avocado des Espagnols, pe a r des Anglais,
n'a rien de commun avec le nspasa des Grecs, qui était un Cordia. C'est
un des meilleurs fruits de l'Amérique tropicale. Cependant il n'était pas
encore introduit dans les cultures de l'Inde au commencement du siècle
actuel (Roxb., Fl.) et son introduction dans l'archipel indien ne remonte
pas au temps de Rumphius. On le cultive beaucoup à Bourbon et à l'île
Maurice, depuis 1758 (Aubl., p. 36/i), mais il n'est pas indiqué sur la côte
occidentale d'Afrique (Hook., F L
Clusius {Hist., p. 2) décrit le Persea, en 1601, comme un arbre fruitier,
rare, d'Amérique, apporté dans un jardin en Espagne, et s'appelant
(a) J'en ai de l'île Maurice. Les écliantillons d'Asie que M. Nees {Trans. Linn. Soc.
XVII, p. 61) et le docteur Wallich (n. 268, suppl. et 2611) rapportaient à cette espèce lé
sont par M. Dunal (Prodr., Xlll, part, i, p. 26) au L. cerasiforme, espèce très voisine.
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 917
Aquacate. Hernandez (p. 89) parle d'un fruit indigène et cultivé au Mexique,
sous le nom de Ahuaca Quavhitl qui semble être le même. M. Nees
(Laur p 129, et Beilr. JEquin. Laurin., in Linnoea) cite des échantillons
trouvés dans les forêts de Para et dans les lieux incultes de Caripe,
de Cumana, qui doivent bien être spontanés. On peut craindre que ceux
venant de pays cultivés, comme Caracas, le Mexique, les îles Antilles, ne
soient ou cultivés ou échappés des cultures. Jacquin les disait introduits du
continentaux Antilles(06.., I, P- 38). Sa patrie s'étend peut-êtrejusqu au
Mexique, car on le rapporte souvent de ce pays. ^ _
Papaya vulgaris, DC. {Diet. mc.,V,p. 2), Carica Papaya, L. - L Orio
ine du Papaver est encore douteuse d'après les auteurs. H y a du moins
des dictionnaires où l'on répète que l'espèce est asiatirjue , tandis que
M Brown a prouvé depuis 1818 l'origine américaine {Bot. of Congo,
p ' 52) Ses arguments sont que l'espèce n'a pas de nom sanscrit; que les
habitants de l'archipel indien la regardaient, d'après Rumphms, comme
d'origine étrangère, introduite par les Portugais; enfin que les autres
espèces du genre sont toutes américaines. Les détails donnes par Rumphius
{Amb., Ì, p. l / i7) ont une grande force, car outre l'opinion répandue
sur l'origine exotique, il dit que l'espèce tantôt n'a pas de nom vulgaire,
tantôt reçoit des noms exprimant seulement l'analogie avec d'autres plantes
ou une importation étrangère. Depuis les réflexions de M. Brown, il a e te
découvert d'autres espèces, mais toujours en Amérique. Roxburg i {H.
Ind édit 1832 IH, p. 825) avait vu fréquemment le Papayer dans les
iardins de l'Inde,'mais il ne cite, en fait de nom vulgaire, que celui de
Papaya qui est américain. H ne paraît pas que dans le siècle dernier 1 espèce
eût pénétré jusque dans les petites îles de la mer Pacifique, car Forster
(Planloe escul.) n'en parle pas. Thunberg ne l'indique pas non plus au
Japon, maisLoureiro {Fi. Coch., p. 772) l'avait vue en Chine, en Cochinchine
et en Afrique. Elle est cultivée effectivement en Afrique, par exemple
sur la côte occidentale (Br., Cougo,]>. 52), aux îles Mascarenhes (Boj., H .
Maur ) et en Arabie (Forsk., p. cxxn). Toutefois rien ne peut faire présumer
que ce soit depuis un temps bien long, et il est certain que les Grecs
et les Romains n'en ont pas eu connaissance, quoique l'arbre soit bien
remarquable.
Tout en reconnaissant la force des raisons en laveur d une origme américaine
il semble que le transport a dû se faire en Asie à l'époque des
premiers voyages des Européens, car en 1 6 2 6 , de Valle en avait rapporte
des graines à Naples, de l'Inde orientale. Elles avaient levé et l'arbre est
figuré par Columna, à la fin de l'ouvrage de Hernandez {Thes., p. 870).
Quand on ouvre les vieux ouvrages sur l'Amérique, on trouve plusieurs