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1 1 2 2 ORIGINE PR0RA11LE DES ESPÈCES SPONTANÉES ACTUELLES.
glaciaires de l'époque quaternaire. Jusqu'à ce qu'on ait avance cette étude,
on en est réduit aux conjectures. Le phénomène de l'extinction des espèces
paraît lent et borné à quelques catégories-seulement. On peut le comparer à
la formation rare et lente de nouvelles races, à la suite d'une grande diffusion
et d'un long isolement (p. 1087,1091), et si une proportion insignifiante
de ce que nous appelons espèces est provenue de ces races nouvelles,
une sorte de compensation existerait dans ces deux phénomènes ;
seulement ils ne concerneraient pas la grande majorité des véritables
espèces, lesquelles durent jusqu'au moment où des catastrophes en détruisent
à la fois un nombre considérable, et où de nouvelles créations par des
causes impossibles à comprendre modifient profondément l'ensemble du
règne végétal.
Les mêmes considérations s'appliquent aux races ou sous-espèces. Rien
ne prouve qu'elles aient une durée définie. Elles peuvent s'éteindre par des
causes extérieures, à des époques irrégulières, lentement ou brusquement.
Elles ont de plus que les espèces, une cause d'extinction : c'est la facilité
de se croiser avec les races de la même espèce. Dans ce cas, la race la
plus robuste et la plus abondante finit par absorber l'autre, comme on le
voit fort bien dans les animaux domestiques (a).
ARTICLE V.
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS.
Dans ce qui précède, j'ai cherché à analyser les questions si difficiles de
l'origine des espèces, en considérant ces questions une à une, dans l'ordre
qui semblait le plus favorable à leur examen. Je vais les reprendre dans
l'ordre de leur importance et de leur succession chronologique. Les plus
anciens phénomènes sont les plus obscurs ; mais heureusement, ce ne sont
pas les plus nécessaires pour l'explication des faits actuels.
Voici les propositions qui résument la série de mes recherches et de
mes réflexions sur l'espèce.
1. Les sciences d'observation ne peuvent pas faire comprendre un phénomène
extra-naturel, comme la formation première d'un ou plusieurs
(a) Les races humaines présentent quelque chose d'analogue, mais pour arriver, au
moyen de leur etude, à des résultats probants, il faut éliminer toutes les formes qui sont
considerees tantôt comme races, tantôt comme espèces, selon les idées ou les préjugés de
chacun. A ce pomt de vue je ne saurais trop engager à réfléchir sur les faits concernant
le peuple juif. J y reviens souvent parce que c'est le phénomène le plus clair de tous.
Personne n a pretendu que ce peuple formât une espèce, mais ses formes se conservent
depuis des milliers d années, sous tous les climats, avec tous les régimes et toutes les
influences es plus diverses. Voilà une vraie race. Elle peut durer indéfiniment, à une
seule condition, que les individus continuent à s'unir entre eux exclusivement. Pour
les races Inmiaines, comme pour les autres, l'isolement est la condition la plus importante
et la plus rare. '
RESUME ET CONCLUSIONS. 1123
êtres organisés, tirant leur origine, ou de la matière inorganique, ou du
néant. L'étude des faits peut conduire seulement à indiquer certaines circonstances
qui caractérisaient les êtres organisés à leur origine.
2. Nous ignorons dans quelles parties du globe et à quelle époque géologique
les premiers végétaux ont paru. Il est possible que ce soit dans des
contrées que l'Océan recouvre aujourd'hui, et dans des terrains où les
traces de végétaux d'un tissu délicat ne se sont pas conservées. Néanmoins,
la température probablement très élevée des anciennes époques
permet de croire que les végétaux sont d'une date moins ancienne que les
couches les plus inférieures de la surface du globe.
3. Les surfaces terrestres s'étant successivement élevées au-dessus de la
mer, ou abaissées au-dessous, il y a eu des centres successifs et variables
de végétation. Il a pu exister quelquefois des contacts ou des moyens de
communication entre plusieurs centres, de telle sorte que les espèces ont
pu se propager de l'un à l'autre, et périr dans leur contrée d'origine tout
en se conservant ailleurs.
h. A chaque époque, et probablement dès l'origine, il y a eu un grand
nombre d'individus végétaux qui se ressemblaient assez pour qu'un naturaliste
piit les croire sortis d'une souche commune, en raison surtout de
ce qu'ils se fécondaient facilement les uns les autres. Si, contrairement à
certaines probabilités, ces individus étaient uniques ou réduits à des
couples uniques dès l'origine, ils sont devenus promptement multiples, et
toutes les conséquences à l'égard de la distribution actuelle sont les
mêmes, vu l'ancienneté du point de départ et les variations des terres
émergées.
5. Les espèces ont paru successivement pendant les diverses époques
géologiques et ont duré plus ou moins longtemps.
6. Nos espèces actuelles, en particulier, datent pour la plupart d'époques
antérieures à la configuration présente des continents.
7. Elles ont pu se répandre beaucoup dans les temps anciens, et leur
habitation peut avoir été ensuite coupée par des obstacles aujourd'hui
insurmontables. Elles peuvent aussi avoir été transportées, dans ces temps
reculés, par des causes qui n'existent plus. Ainsi, la disjonction de certaines
espèces sur de, hautes montagnes et dans le nord, celle de plantes
aquatiques ou hygropbiles dans des pays très éloignés, celle d'espèces à
grosses graines sur des îles et sur un continent éloigné ou même rapproché
; enfin, la séparation de quelques espèces à des distances immenses,
peuvent s'expliquer par l'ancienneté et par une diffusion jadis très grande,
aussi bien que par des origines multiples.
8. Les espèces qui ont aujourd'hui une aire étroite, malgré des moyens
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