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880 OUIGINE GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
coda des Romains, étaient l'abricot. La patrie de l'espèce, vérifiée parles
modernes, me paraît ici plus certaine que le sens des mots grecs et latins,
car le peu de caractères donnés par les anciens sur les Malum armeniacum
et les Proecocia s'appliquent également aux abricots et aux variétés
précoces de pêches (Spreng., Comm. in Diosc., II, p. à 16).
Cette question de nomenclature a quelque intérêt à cause de l'origine
contestée de notre nom abricot. Les uns le font venir de l'arabe Barkouk,
les autres du mot latin Proecoccia, écrit quelquefois Proecoqua. Voyons ce
qui est le plus probable.
Les Grecs du temps de Théopbraste ne connaissaient ni le Pêcher, ni
l'Abricotier, car le seul arbre, selon cet auteur (Hist, pl., 1. vu, c. 12),
qui émît ses fleurs avant ses feuilles était l'Amandier. Dioscoride, trois
siècles et demi plus tard, c'est-à-dire dans le premier siècle de l'ère chrétienne,
parle du Pêcher et ajoute (l.i, c. 165) : «Le fruit plus petit que la
pêche que l'on nomme Armeniaca et que les Romains appellent Proecocia
(Trpaixóxta) Convient mieux à l'estomac. » Pline, son contemporain, mentionne
ce fruit sous le nom unique de Proecocia (1. xv, c. 12). l\ dit que
les pêches mûrissent en automne, et les PriEcocia en été, que ceux-ci avaient
été introduits depuis trente ans. Galien {De alim., 1. 11, c. 20) dit que les
uns distinguent les Armeniaca et les Proecocia, tandis que d'autres les
réunissent sous le nom A'Armeniaca. Il est à regretter qu'aucun de ces
auteurs ne parle ni de la nature des noyaux, ni de la couleur des fruits. Le
peu de caractères indiqués me paraissent convenir à l'abricot, sans vouloir
nier que cela convient aussiàla pêche précoce. Les Grecs modernes appellent
l'abricot npwoxxiaet Bepixoxxta (Fraas, Syn. Fl. class., p. 69); les Italiens
disent Armellini, et plus ordinairement ylïèzcocca. Albicocco; une variété
se nomme Albicocca hiricola (Targ., Diz., II, p. 79). Dans l'île de Sardaigne,
où les traditions latines sont bien conservées, on dit Piricoccu
(Moris, FI. Sard., II, p. 8)', dans le pays de Venise, Baricocolo
(Moritzi, Diet. inéd. noms vulg.). Tous ces noms ont certainement l'apparence
de descendre de Armeniaca, de Proecocia, ou quelquefois de
Arbor proecox, qui s'appliquerait bien à l'abricotier, soit pour les fleurs,
soit pour le fruit comparé à la pêche. En vieux français on disait ime ^ n e
et Abricot (J. Bauh., Hist., I, p. 168)-, envieux allemand, Armenellen^
3Iarillen, etc. (id.), qui semblent dériver toujours de l'un ou l'autre des
noms grec et latin.
Les partisans d'une origine arabe font dériver abricot de Barkouk;
mais il faudrait pour cela : 1° que la culture de l'Abricotier fût ancienne
dans les pays arabes; 2° que le mot Barkouk s'appliquât ordinaii-ement
à l'abricot; or, ni l'une ni l'autre de ces conditions n'est exactei La culturé
OUUilNK DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉKALEMENT CULTIVÉES. 881
de l'Abricotiei' ne seml)!e pas très ancienne dans le midi de l'Asie et (!ii
Egypte. Il n'existait point de nom sanscrit (Pidd., Index), quoique l'abricot
soit aujourd'hui abondant en Cachemir, et dans le nord de l'Inde. Les
noms indiens sont eux-mêmes peu nombreux. Je n'ai vu citer aucun nom
hébreu. Si les anciens Égyptiens avaient eu l'abricot, certainement les
Grecs et les Romains l'auraient cultivé avant l'ère chrétienne. Ainsi, les
Égyptiens ont dû le recevoir depuis cette époque, soit par les Romains,
soit par la Perse et la Syrie. Dans le moyen âge, le mot arabe Barkouk
s'appliquait bien à l'abricot, mais seulement en Afrique et en Andalousie,
selon Elm Baithar, médecin arabe, né à Séville, qui avait été jusqu'en
l'erse dans le commencement du xiif siècle. Il avait trouvé ce nom appli-
(pié en Syrie, à une petite espèce de prune (Ebn Baithar, trad. alleni, de
Sondtheimer, I, p. 132). J. Bauhin avait déjà d i t (Hùi . , I, p. 168) que
le nom arabe ordinaire de l'abricot était Mermex, Mirmix, Mcx,
Mesmes, Mirmis. Forskal (p. cxiii) et Belile (III.) confirment que
Misciwiisch est le nom de l'abricot, et Barkouq celui d'une prune. Il est
^irobable que les Andalous l'avaient confondu avec les noms dérivés du
mot latin proecox. Le mot espagnol actuel, pour l'abricot, est Albaricoque,
très semblable aux noms italiens, malgré sa tournure arabe. Ainsi,
en définitive, je crois le nom abricot d'origine latine, et les noms arabes
Mermex, Mesmes, etc., me paraissent dérivés de l'autre nom gréco-latin
•Armeniaca, d'où l'on a tiré, en Europe, Armegnes, Armendlen, etc.
Peut-être le nom arabe vient-il du persan, car on dit aussi en Perse
Mischmisch (Roxb., Fl. ind., II, p. 501).
Il est inutile de réfuter l'opinion d'un auteur moderne (Besclierelle,
Dict. franç.),qm fait venir abricot d'un mot celte, abred, signifiant
précoce. Les Celtes ne connaissaient probablement pas l'abricot.
B»ôciiers. -- Les Grecs et les Romains ont reçu le Pêcher, Amygdaïus
Persica, L. (Persica vulgaris, Mill.), à peu près au commencement de
l'ère chrétienne. Le nom de Persica, Malum persicum, indiquait d'où ils
l'avaient tiré. Je ne reviens pas sur ces faits si connus (ïliéophr., Hist.,
iV, c. IV; Diosc., 1. I, c. CLXIV ; Pline, édit. Genève, l. XV, c. xiii).
On cultive aujourd'hui divers Pêchers dans le nord de l'Inde (Royle,
m. Him., p. 20/i) ; mais, chose remarquable, on ne leur connaît aucun
nom sanscrit (Roxb., Fl. Ind., 2^ édit., II, p. 500; Piddington,
/ni/cic; Royle, l. c.); d'où l'on peut inférer une existence et une culture
peu anciennes dans ces régions. Roxburgh, ordinairement si explicite pour
les noms indiens modernes, ne mentionne que des noms arabes et chinois
(a). Piddington n'indique aucun nom indien, et Royle, seulement des
(a) Ro5(3j chef du commerce français à Canton, les avait recueillis d'arircs des nianusî
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