102/1 DES ÉSPÉCES DISJOINTES.
m
1 ii- 1; '
. 'H
. . . J l
les déposer, non sur la còle d'Irlande et d'Écosse, mais dans de petits lacs
dont les eaux s'écoulent vers la mer? On peut, à la rigueur, présumer que
le ^isyriiiciniun auceps, Lam., plante des terrains ordinaires, vivant prèg
du litloral, serait arrivé en un point de la côte occidentale d'Irlande par le
courant américain. Mais quand il s'agit d'une espèce lacustre, c'est bien
plus dillicile. Les seuls arguments en faveur d'une origine étrangère sont
la rareté de l'Eriocaulon en Europe, et l'absence de toute autre espèce de
cette famille. Ce sont des arguments indirects et assez faibles. D'autres
Ilestiacées ont pu exister en Europe avant l'état actuel des choses, et avoir
disparu partout, excepté de ces points occidentaux. Enfin, l'espèce pourrait
avoir été transportée antérieurement, à une époque où son habitation était
peut-être plus étendue en Amérique, et les courants peut-être plus intenses
ou plus directs du Canada en Ecosse.
^ p i r a n t h e s ccrnua, Itich. (IVcottia gcmmipara, Sm ). — Of — Orchidée,
dont l'habitation américaine s'étend de Terre-Neuve et des États septentrionaux
de l'Union à f OTt Vancouver, sur la côte occidentale (Asa Gray, Bol. N.-Sù.,
p. 475 ;l}ab., Trans. Lmn. Soc., XIX, p. 262), et qui a été trouvée sur un seul
point de 1 Irlande méridionale, dans le comté de Cork, d'abord en 1810, puis en
4 843, mais toujours en petite quantité (Bab., l. c. ; Power, Bot. of Cork, p. 62).
• M. II.-C. Watson (PhytoL, 18/|7, p. 765) semblait pencher, pour cette
espèce, vers l'idée d'un transport accidentel ; mais, en 1852 (Cyb., II,
p. Ixìiì), il se contente de dire qu'elle est hibernienne, sans discuter son
origine. On connaît la difficulté de faire lever des graines d'Orchidées.
Quoique ces graines soient d'une légèreté extrême, et que les plantes des
terrains humides aient ordinairement de très vastes habitations, les Orchidées
ont des habitations peu étendues en moyenne. Un transport parle courant
des Florides (Gulf stream), de graines aussi délicates, est inadmissible.
Je croirais donc volontiers à une habitation du Spiraiithes cernua autrefois
moins restreinte en Europe, qui se serait réduite depuis l'état actuel des
choses dans notre hémisphère. En termes différents et moins hypothétiques,
ce serait une espèce disjointe, dont la double habitation proviendrait,
comme celle des autres espèces dans ce cas, de circonstances antérieures
encore mal connues et non des causes actuelles.
Ces idées peuvent sembler bizarres lorsqu'on envisage une ou deux
espèces seulement et sous un certain point de vue, mais elles deviennent
plus probables quand on s'occupe de l'origine d'un nombre d'espèces
communes aux régions arctiques et aux îles Britanniques, et de la question
des origines de nos végétations européennes. Je renvoie sur ce point
au chapitre xxvi.
' H ! !
IIÎHjl
ESPÈCES DISJOINTES NON AQUATIQUES, TROPICALES. 10 2 5
A R T I C L E VI.
ESPÈCES NON AQUATIQUE^, PAirfAGEES ENTRE DES PAYS INTEUTIIOPICAUX ÏIIÈS
ÉLOIGNÉS, OU ENTRE UN PAYS INTERTKOPICAL ET UN PAYS HORS DES TROPIQUES
ÉGALEMENT ÉLOIGNÉ, SANS POSSIBILITÉ OU AVEC UNE PROBABILITÉ
EXTRÊMEMENT FAIBLE DE TRANSPORT PAR LES CAUSES ACTUELLES.
§ I. ÉNUMKRATION.
J'ai recueilli avec soin et énuméré précédemment (p. 766) les espèces
qui ont été transportées et naturalisées d'un pays à l'autre, entre les tropiques,
et celles qu'on peut fortement soupçonner d'avoir été transportées.
Voici maintenant des espèces, divisées également entre pays intertropicaux,
mais pour lesquelles un transport déterminé par les causes de
l'époque actuelle est très improbable, je dirai presque, dans la plupart des
cas, impossible. Tantôt, ces espèces existent dans des régions qui n'ont pas
été modihées par l'homme, tantôt elles appartiennent à des catégories de
plantes dont les graines se transportent difficilement par les causes naturelles,
et que l'homme n'a aucun intérêt à recueillir ou à propager. Ces
espèces n'ont pas des crochets, poils laineux, matières visqueuses, ou autres
particularités, qui rendent les transports faciles. Aucune n'habite de préférence
les terrains cultivés, ni le voisinage des habitations, ni le bord de
la mer.
Plusieurs, j'en conviens, ont des graines petites ou coriaces, qui ont pu
se trouver accidentellement mélangées avec des marchandises ou dans le
lest des vaisseaux, et conserver longtemps leur vitalité. L'impossibilité de
transport ne peut jamais être démontrée d'une façon absolue ; mais il y a
des degrés de probabilité extrêmement faibles, qui en approchent suffisamment.
Dans le but de faire apprécier ces degrés de probabilité très faibles,
j'ai marqué du signe ï ? les espèces pour lesquelles le transport est le
moins improbable. Celles qui n'ont pas de signe ne présentent rien dans
la structure, dans la station ou l'habitation, qui indique une possil)ilité
de ce genr-e. Ainsi, les espèces marquées T? mériteraient peut-être de
passer dans la liste des espèces naturalisées entre Jes pays tropicaux
(p. 766) ; et l'ensemble de cette liste et de la liste suivante réunit la totalité
des espèces à moi connues, qui sont divisées entre les régions équatoriales,
soit par transports à l'époque actuelle, soit par une cause antérieure.
On remarquera, à la fin de l'énumération dont je vais m'occuper,
un certain nombre d'espèces, à l'égard desquelles je n'ai pu arriver à
A"-
m