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 FAMILLES  LES  PLUS  NOMBREUSKS  EN  ESPECES  DANS  DIVERS  PAYS.  
 parant  de  préférence  les  familles  de  nature  analogue  dans  divers  pays.  
 Ainsi,  on  se  tromperait  si  Ton  se  figurait  que  dans  deux  Flores  
 3  pour  100  d'espèces  de  Conifères  et  3  pour  100  de  Cypéracées  ou  de  
 Caryophyllées  sont  des  valeurs  équivalentes;  mais  3  pour  100  de  Conifères  
 peuvent  balancer  dans  notre  esprit  3  pour  100  de  la  famille  des  
 Amentacées,  et  h  pour  100  de  Crucifères  sont  analogues  à  l\  pour  100  
 de  Caryophyllées.  Il  faut  surtout,  dans  ce  genre  de  comparaisons,  tenir  
 compte  de  la  grandeur  moyenne  des  espèces  et  de  la  fréquence  commune,  
 laquelle  se  lie  heureusement  à  une  condition  plus  facile  à  apprécier,  l'aire  
 moyenne  des  espèces  par  famille  (p.  blû).  
 L'erreur  provenant  de  la  comparaison  entre  pays  d'inégale  étendue  ressort  
 de  quelques-uns  de  nos  tableaux.  Ainsi  la  proportion  des  principales  
 familles  en  France  indiquerait  une  végétation  presque  semblable  à  celle  
 des  environs  de  Montpellier,  et  s'éloigne  à  plusieurs  égards  des  chiffres  
 concernant  les  départements  du  centre  de  la  France.  Le  bon  sens  indique  
 cependant  que  la  Flore  des  départements  du  centre  doit  être  à  peu  près  
 celle  de  la  moyenne  de  toute  la  France.  Il  ressort  de  nos  tableaux  que  
 si  l'on  faisait  la  proportion  de  chaque  famille  d'après  une  moyenne  des  
 quatre-vingt-six  départements,  les  résultats  seraient  autres  que  par  le  
 calcul  fondé  sur  la  Flore  de  toute  la  France.  La  cause  en  est  bien  simple  
 et je  l'ai  déjà  indiquée  (p.  1167)  :  les  espèces  méridionales,  entre  autres  
 celles  de  la  Corse,  du  Var,  des  Pyrénées,  qui  sont  extrêmement  locales  
 et  assez  nombreuses,  pèsent  d'un  poids  disproportionné  dans  la  Flore  de  
 la  France  entière,  tandis  que  les  espèces  plus  répandues,  abondantes  
 même  dans  le  nord,  se  trouvent  diminuées  en  proportion.  Par  analogie,  
 nous  devons  admettre  que  dans  la  Flore  des  États-Unis  septentrionaux,  
 dans  celle  du  Mexique,  de  la Nouvelle-Grenade,  surtout  de  l'Inde  anglaise,  
 en  un  mot  dans  toutes  les  Flores  de  pays  très  vastes,  la  proportion  des  
 familles  à  aire  spécifique  restreinte  (Orchidées,  Légumineuses  ,  Mélastomacées, 
   Myrtacées,  etc.)  est  exagérée,  tandis  que  celle  des  familles  à  
 espèces  communes  et  répandues  (Graminées,  Cypéracées,  Joncées,  Poly- 
 ^onées,  etc.)  est  trop  faible.  L'inverse  a  lieu  quand  on  considère  des  districts  
 peu  étendus,  comme  j'ai  été  obligé  de  le  faire  quelquefois,  faute  de  
 documents  convenables.  
 L'erreur  provenant  du  défaut  de  connaissance  à  l'égard  de  certains  
 pays  n'est  pas  aussi  grande  qu'on  pourrait  le  croire.  Sans  doute  les  Orchidées, 
   les  Cypéracées  et  les  plantes  grasses  sont  mal  représentées  dans  un  
 grand  nombi^e  de  collections  et  de  Flores;  mais  pour  les  autres  familles,  
 on  récolte  à  peu  près  uniformément  et  les  omissions  portent  sur  tous  les  
 chiffres.  
 RÉSULTATS  PRINCIPAUX.  J 2 3 5  
 §  II.  DU  NOMBRE  DES  FAMILLES  QUI  CONSTITUENT  ENSEMBLE,  DANS  CHAQUE  PAYS,  
 LA  MOITIÉ  DES  ESPÈCES  PHANÉROGAMES.  
 Lorsqu'il  s'agit  d'un  pays  dont  la  flore  est  bien  connue  et  qui  se  trouve  
 dans la  zone  tempérée,  en  Europe,  par  exemple,  jusque  vers  le  60"  degré,  
 il  faut  énumérer  les  huit  ou  neuf  familles  les  plus  nombreuses  en  espèces  
 pour  comprendre  la  moitié  du  nombre  total  des  Phanérogames.  
 Sous  des  latitudes  extrêmes,  vers  les  deux  pôles,  il  suffit  d'énumérer  
 les  trois  ou  quatre  familles  les  plus  nombreuses  (voy.  Spitzberg,  Melville,  
 Malouines).  Cela  tient  moins,  probablement,  au  degré  de  latitude  qu'à  la  
 pauvreté  de ces  Flores;  ou  plutôt,  une  certaine  position  boréale  influe  seulement  
 lorsqu'elle  est  assez  extrême  pour  réduire  beaucoup  le  nombre  des  
 espèces,  des  genres  et  des  familles.  En  effet,  pour  quatre  Flores  d'Europe  
 et  trois  d'Amérique,  comprises  entre  Olo  et  71°  lat.  N.,  la  moyenne  des  
 familles prédominantes,  dont  l'énumération  est nécessaire  pour  comprendre  
 la  moitié  des  espèces,  est  de  6,0;  pour  vingt  Flores  d'Europe,  d'Asie  et  
 d'Amérique,  comprises  entre  les  51°  et  60"  lat.  N.,  cette  moyenne  est  de  
 8,3;  pour  seize  Flores  des  mêmes  parties  du  monde,  comprises  entre  
 lxi°  et  50",  elle  est  de  8,0  ;  pour  seize  Flores,  entre  31"  et  hO" lat. N.,  de  
 8 , 1 ;  pour  huit  Flores,  entre  21"  et  30"  lat.  N.,  de  7 ,4;  pour  vingt-sept  
 Flores  intertropicales,  de  8 ,9;  pour  onze Flores  extratropicales  de  l'hémis^  
 phère  austral,  comprises  entre  le  tropique  et  le  37" lat.  S.,  elle  est  de  7,8;  
 enfin pour  quatre  Flores  de  cet  hémisphère,  situées  entre  Z|9° et  52",  elle  
 est  de  5,6.  Cette  moyenne,  pour  un  ensemble  de  plusieurs  Flores,  varie  
 donc  assez  peu,  à  moins  qu'il  ne  s'agisse  de  régions  très  froides,  comme  
 le  Spitzberg  et  l'île  Melville  où  elle  se  réduit  à  trois,  ou  comme  les  îles  
 Malouines  où  elle  est  de  quatre.  
 Si l'on  en  juge  par  les  localités  dont  la  flore  est  complètement  connue,  
 le  nombre  de  ces  familles  prédominantes,  dont  la  somme  fait la  moitié  des  
 espèces  du  pays,  dépend  de  la  richesse  totale  des  espèces.  Ainsi,  dans  le  
 centre  de  l'Europe,  où  les  flores  sont  ordinairement  de  1000  à  1200  espèces  
 et  où  le  nombre  des  familles  comprenant  la  moitié  est  ordinairement  
 de  9,  quelquefois  de  8,  il  arrive  que  pour  les  sommités  des  montagnes  
 (Brocken  ,  Alpes  de  Claris,  sommet  du  Pic  du Midi  de  Bagnères)  où  
 le  total  des  espèces  est  seulement  de  70  à  320,  le  nombre  des  familles  à  
 énumérer  tombe  entre  5  et  8.  
 De  même  dans  certaines  îles  bien  situées,  dont  la  végétation  suffisamment  
 connue  présente  un  nombre  d'espèces  faible  (Sitka,  Açores,  Madère,  
 Fernandez,  îles  du  cap  Vert),  ou  même  un  nombre  d'espèces  réduit  à  39  
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