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9 1 8 OIUGINE GÉOGKAI'JIIQUE UEtì ESPÈCES CULTIVÉES.
descriptions ou figures du Papayer. Sloane (Jam., II, p. I6/1), Hughes
(Barbad., p. 18J, tab. Ih et 15) n'affirment pas que la plante soit indigène
dans les Antilles, mais Crowne (Jam., p. 360) le dit positivement
pour la Jamaïque. Hernandez (Thes., p. 99) mentionne le Papaya comme
indigène à Saint-Domingue. Ximenès l'aurait vu au Mexique (M-argr., Bras.,
p. lOA), mais sans affirmer qu'il fût spontané. Le voyage de Beechey
(Bot., p. /Ì25) l'indique aussi à Realejo du Mexique; nous ignorons s'il y
était spontané. Marcgraf (i?ra5., p. 103), en 16/18, décrit et figure l'espèce
sous le nom de Papay ou Mamocira des Portugais. Il dit : « Masubique
in sylvis obvia; foemina liaud ita frequens et in hortis tantum abundat. »
Piso (édit. 1658, p. 159) répète cette phrase. Sir W. Hooker (Bot.
mag., tab. 2898) ne donne aucune localité pour la plante spontanée.
J'en ai cherché inutilement dans Aublet, de Martins et autres auteurs. Ainsi
l'assertion de Marcgraf, en faveur de l'habitation spontanée au Brésil, est
encore la plus positive. Celles de Hernandez et de P. Brown, en faveur des
îles Antilles, me paraissent moins certaines. Cependant on peut hésiter
entre ces deux pays, comme origine de l'espèce.
F i g u i e r . — L'ancienne espèce de Linné, Ficus Carica, a été divisée en
plusieurs par M. Gasparrini (Bicerche sulla nat. del Caprifico e del Fico,
ui-à% Napoli, 18/Ì5, p. 76), et M. Miquel, après examen attentif, admet
cette division (Hook., Lond. journ., I8/18, p. 222). Le premier ne donne
aucun détail historique sur l'ancienneté et l'origine des espèces qu'il admet ;
le second se borne à une énumération, plus abrégée encore sous ce point
de vue. La plupart des figues cultivées aujourd'hui en Italie étaient probablement
connues des Anciens; mais il faudrait une étude spéciale pour
s'en assurer, et M. Gasparrini est presque le seul qui pût la faire. Dans cet
état, je me borne à quelques réflexions seulement r
1" Le Figuier est indiqué déjà dans Homère, Théophraste et Dioscorides,
avec la distinction de Figuiers sauvages et Figuiers cultivés (Fraas,
Syn. Fl. class., p. 2/|2); 2» les livres des Hébreux en parlent souvent;
30 on attribue un nom sanscrit au Ficus Carica, L. (Piddington, Index,
p. 37). Je vois cependant que Roxburgh, ordinairement si attentif aux
noms anciens et modernes de l'Inde, ne mentionne que des noms bengali,
persan et arabe (FL Ind., édit. 1832, HI, p. 528). Zi° Un très grand
nombre d'espèces du genre Ficus, tel que Gasparrini et Miquel le limitent,
se trouvent spontanées dans l'ancien monde. 5° M. Gasparrini indique
comme spontanés en Italie ses Ficus leucocarpa. Ficus Dottata et
Ficus pohjmorpha. Plusieurs autres sont seulement dans les jardins. Il
est vrai qu'on n'a probablement pas cherché à les distinguer parmi les
Figuiers spontanés dans les pays voisins. 6° Les graines de Figuier passent
ORIGINE UES ESPÈCES LE l'LUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 919
intactes dans les organes digestifs de l'homme et des oiseaux, qui peuvent
ainsi les semer hors des cultures. Les pieds indiqués comme spontanés, par
M. Gasparrini, par exemple, se trouvent souvent sur de vieux murs, près
des habitations. Il est bien difficile d'estimer jusqu'à quel point des Figuiers
sauvages sont d'origine ancienne dans un pays où ils sont naturalisés par
l'eifet\les transports accidentels. 7° Enfin, il est vraisemblable, d'après cet
ensemble de faits, que les Figuiers cultivés sont tous originaires de l'Asie
occidentale, eu particulier de la Perse, de la Syrie, de l'Asie Mineure, peutêtre
aussi du sud-est de l'Europe et de la côte septentrionale d'Afrique.
A r t o c a r p « ^ L. — L'Arbre à pain est indiqué par les anciens
voyageurs comme cultivé et donnant une des bases de la nourriture dans
toutes les îles orientales de la mer Pacifique, par exemple, à O'Taïti, à la
Nouvelle-Guinée, aux Célèbes, aux Moluques. Les indigènes en possédaient
plusieurs variétés, notamment celle dont les fruits sont dépourvus de
graines, ce qui indique une très ancienne culture.
Sonnerat a transporté l'Arbre à pain à l'île de France (Voy. à la Nouv.~
Guinée, p. 100), où l'intendant Poivre le répandit. Le capitaine Bligh
avait pour mission de le transporter dans les colonies anglaises d'Amérique.
On sait qu'une révolte de son équipage l'empêcha de réussir la première
fois; mais, dans une seconde expédition, il fut plus heureux. En janvier
1793, il débarqua 150 pieds d'Arbre à pain dans l'île de Saint-Yincent,
d'où l'on a répandu l'espèce en Amérique (Hook., Bot. mag., tab. 2869).
La structure, íes usages et le transport de pays en pays sont très bien
connus (voyez Forsk., Plant, esc.; Rumph., Amb., I, p. 112; Hook.,
l. c., etc.); mais je ne puis découvrir dans aucun auteur l'affirmation que
l'espèce soit spontanée quelque part.
L'amiral Anson ne l'avait vu que cultivé dans l'île de Tinian (Foy., trad,
franç., IH, p. 5i), quoique Sonnerat le cite pour une assertion contraire.
Les auteurs dont je viens de parler, non plus que Guillemin (Zephyr.
Tait.), Trécul (Mon. des Artoc., dans Ann. sc. nat., 3^ sér., YIH,
p. 110), Endlicher (Ann. Wien. Mus.) ne parlent que de pieds cultivés,
ou se taisent sur ce point. Rumphius seul indique un arbre sauvage de l'île
de Banda, comme type de l'espèce; mais la figure qu'il en donne (1, tab. 3/i)
n'a pas les feuilles découpées, et je vois que MM. Hasskarl (Cat. h. Bog.
alt., p. 78), Trécul (L c.) et Hooker (L c.) ne citent pas cette planche.
A r t o c a r p « s î n t c s r i f o l î a , L . — L e Jacquier, Jack tree des Anglais,
qui tire son nom des noms vulgaires indiens Jaca, Tsjaka, est très
répandu dans les cultures de l'Asie méridionale, depuis un temps immémorial.
On ne lui connaît pas de nom sanscrit (Piddington, Index)-, par
conséquent, il n'était pas cultivé autrefois dans les plaines du nord de