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 1322  VÉGÉTAUX  DE  DIVERS  l'AYS AU  l'OlMT  DE  VUE  DES OUIGINES.  
 La  végétation  des  Alpes  olire  un  grand  intérêt  sous  le  point  (ie  vue  des  
 origines.  Celte  cliaîne  s'est  élevée,  ou  du  moins  a  atteint  sa  hauteur  actuelle  
 pendant  l'époque  tertiaire  et  une  partie  de  répo(|ue  quaternaire.  Déjà  au  
 coniinencenient  de  l'époque  tertiaire,  c'est-à-dire  depuis  la  tin  de  la  mer  
 crétacée,  celte  partie  de  l'Europe  était  émergée,  de  sorte  que  dans  une  
 longue  série  de  siècles,  la  (lore  des  Alpes  a  pu  s'enrichir  par  communications  
 avec  les  pays  voisins  ou  par  des  créations  locales  d'espèces.  Si  de  
 grandes  catastrophes  ont  lait  élever  une  chaîne  aussi  considérable  de  montagnes  
 elles  ont  dû  faire  périr  beaucoup  d'espèces,  mais  il  est  possible  que  
 l'élévation  ait  marché  lentement;  nous  ignorons  aussi  le  rapport  des  destructions  
 d'espèces,  aux  additions,  et,  en  déilnilive,  par  une  cause  ou  par  
 une  aulre,  la  chaîne  alpine  s'esl  trouvée  riche  eu  espèces.  Elle  est  remarquable  
 par  la  (juantité  des  Composées  et  Carnpanulacées,  sans  parler  de  
 familles  voisines  moins  importantes.  
 Les  régions  supérieures  oll'rent  une  quantité  énorme  de  ces  Dicotylédones  
 gamopétales  épigynes.  Elles  ont  Jusqu'à  17  ou  18  pour  il 00  de  
 Composées  (voy.  p.  1199),  ce  qui  est  bien  conforme  à  l'idée  de  la  nouveauté  
 de  ces  plantes  dans  le  monde.  
 Il  y  a  probablement  cinq  catégories  dans  les  espèces  ties  Alpes  :  
 Des  espèces  conijuunes  avec  les  Pyrénées,  les  montagnes  du  nord  de  
 l'Allemagne,  la  Scandinavie,  l'Ecosse,  les  pays  du  nord  en  général.  Ce  sont  
 probablement  des  plantes  anciennes,  remontant  à  l'époque  des  gla(;iers  en  
 Angleterre,  de  l'Océan  qui  couvrait  une  partie  de  l'Allemagne  et  qui  s'étendait  
 (les  Alpes  et  de  l'Ural  à  l'Ecosse  et  au  Labrador.  En  elfet,  la  végétation  
 des  îles  et  rivages  de  celte  mer  devait  se  composer  surtout  de  Cypéracées. 
   Graminées,  Joncées,  Naïades,  Renonculacées,  Caryophyllées,  
 Scrophulariacées,  Polygonées,  Saxifragacées,  Crucifères  et  autres  plantes  
 d'une  organisation  peu  compliquée,  ne  craignant  pas  l'humidité,  et  ayant  
 une  habitation  étendue.  Connue  conhrmation,  c'est  bien  dans  ces  catégories  
 qu'on  trouve  le  plus  d'espèces  à  présent  disjointes  entre  les  Alpes  et  
 le  nord.  
 2° Des  espèces  analogues  aux  précédentes,  de  même  origine,  mais  ayant  
 disparu  partout  ailleurs  que  dans  les  Alpes.  Il  est  impossible  de  les  distinguer  
 et  diflicile  d'apprécier  leur  nombre.  Les  fossiles  indiqueront  peutêtre  
 quelque  chose  à  cet  égard,  d'après  les  fails  isolés  découverts  en  
 Angleterre  (p.  807,  1315).  
 3«  Des  espèces  venues  de  pays  voisins  par  les  plaines  ou  montagnes  
 moins  élevées  que  les  Alpes,  après  la  destruction  de  la  mer  qui  couvrait  
 l'Allemagne.  Elles  pouvaient  venir  du  plateau  de  l'Auvergne,  émergé  dei)uis  
 longtemps,  des  Apennins,  même  de  la  Sibérie  méridionale,  car  ces  pays  
 llÉFLEXIONS  sun  CE  GENRE  D^HYPOTIIÈSES,  ETC.  
 étaient  couverts  de  végétaux  depuis  une  série  de siècles  et  communiquaient  
 avec  les  Alpes  par  des  plaines,  à  peu  près  comme  aujourd'hui.  On  pourrait  
 conjecturer  la  date  d'arrivée  ou  de  création  de  (luelques-unes  de  ces  
 espèces  en  voyant  celles  qui  se  trouvent  communes  aux  Alpes  et  aux  montagnes  
 plus  anciennes,  comme  les  Pyrénées  et  les  Apennins,  sans  exister  
 en  Scandinavie  ou  en  Ecosse,  et  celles  qui  existent  dans  les  Alpes,  en  
 Erance  ou  en  Allemagne  et  qui  manquent  aux  îles  Britanniques,  sans  
 qu'une  condition  actuelle  de  climat  puisse  l'expliquer.  Les  premières  
 seraient  venues  par  le  midi  au  commencement  de  l'époque  tertiaire,  les  
 secondes  seraient  arrivées  du  midi  ou  de  l'orient  après  la  séparation  de  
 l'Irlande  ou  niême  de  l'Angleterre.  Du  reste,  il  n'est  pas  i)rol)able  que  
 beaucoup  d'espèces  de  cette  catégorie  soient  extrêmement  anciennes,  
 puisque  dans  les  végétaux  fossiles  de  la  plus  ancienne  époque  tertiaire  
 (éocène),  on  rcmar([ue  surtout  des  familles  étrangères  à  notre  végétation  
 européenne,  et  l'on  peut  inférer  de  là  un  climat  assez  dilférent  (a).  
 / r  Des  espèces  propres  aux  Alpes,  et  d'une  date  par  conséquent  peu  
 ancienne.  Dans  le  nombre  seraient,  je  crois,  beaucoup  de  Composées,  
 mais  il  est  impossible  de  distinguer  ces  plantes  des  espèces  de  la  seconde  
 catégorie.  Les  espèces  particulières  aux  Alpes  peuvent,  en  effet,  avoir  
 existé  jadis  ailleurs,  sans  qu'on  le  sache,  ou  avoir  été  créées  sur  la  chaîne  
 alpine  elle-même.  
 5»  Des  espèces  arrivées  depuis  l'époque  historique.  Elles  sont  rares  
 dans  les  régions  élevées.  
 ARTICLE  MI.  
 RÉFLEXIONS  SUR  CE  GIÎNUE  D'ilYrOTHÈSlîS,  AiOYENS  DE  LES  VÉRIFIER  
 ET  ERUEnilS  A  ÉVITER.  
 Parviendra-t-on  à  classer  beaucoup  d'espèces  dans  les  diverses  catégories  
 dont  je  viens  de  ])arler?  C'est  possible  ,  surtout  au  moyen  de  recherches  
 de  botanicpie  fossile  dans  les  couches  supérieures  et  récentes  du  
 sol,  au  moyen  de  l'étude  des  tourbes  et  des  diluvium,  et  par  une  bonne  
 classiiication  des  espèces  connnunes  aux  Alpes  et  à  d'autres  chaînes  ou  
 régions.  
 Chaque  partie  du  monde,  chaque  groupes  d'îles  ou  île  éloignée  des  terres  
 otfre  des  problèmes  analogues.  Les  botanistes  peuvent  et  doivent  préparer  
 (a)  Ad.  Brongniart,  Tabi,  des  vég.  foss.,  dans  Dictionnaire  univ.  de  l'hist.  nal.,  1849.  
 —  Unger,  Genera  et  species  pl.  foss.,  1  vol.  in-8,  1850.  
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