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82A ORIGINE GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
est r/]9omQ?rt mammola, Chois^ (Convolvulus mammosus^Jjonw ; Batata
ììiammosa, Rumph., Amb.,\. IX, tab. 131). Cette espece croît spontanément
près d'Amboine (lluniph.), où elle est aussi cultivée. Elle est estimée
en Cochinchine. M. Clioisy lui rapporte, avec doute, le Convolvulus chrysorhizus,
Solander, variété de la Batate ordinaire, selon Forster, qui est
Tespece cultivée sous le nom de limava^ Gumarra ou Gumalla^ dans les
îles d'O-Taïti, à l'île de Pâques et dans la Nouvelle-Zélande septentrionale
(Forst., PL esc,, p. 56).
Quant à la Batate {Batatas edulis)^ personne, à ma connaissance, ne dit
l'avoir trouvée sauvage, ni dans l'Inde, ni en Amérique {a). Clusius {Ilist,^
II, p. 77) prétend bien qu'elle croît « spontanée dans le nouveau monde
et dans les îles voisines » ; mais il ne donne pas de preuve de son assertion.
iBeiianthus tuhcrosus, L. •— La racine appelée Topinambour en français,
Jcrtisalem [h] artichoke en anglais, Pataca^ en espagnol (Herrera,
Agric.y IIL p. 2Zi6), a été cultivée en Europe depuis le commencement du
xvii'' siècle, comme venant d'Amérique. Columna, qui en a parlé un des
premiers, en 1616, l'avait vue dans le jardin du cardinal Farnèse, et la
nomme Aster peinianus tuberosus (Col., Ecphr.^ II, p. 11). Bauliin
(Pro<ir.,p. 70), en 1619, l'appela Chrysanthemun htiÎoMnm brasilianum,
Parkinson lui donna le nom de Battatas canadensis. Plusieurs
auteurs de cette époque donnèrent vaguement l'épithète de indicum. Linné
(H. Cliff., p. /l20) a adopté l'opinion de l'origine canadienne, qui est décidément
une erreur, au moins quant au Canada proprement dit ; mais qui
pourrait bien s'appliquer aux districts plus méridionaux compris autrefois,
d'ime manière vague, sous le nom de Canada. La plante n'a été trouvée
sauvage nulle part. D'après sa manière de vivre, elle doit provenir d'une
région tempérée, et, d'après tous les témoignages, d'Amérique. Je doute que
ce soit du Brésil, car sur AO espèces décrites dans le Prodromus^ il n'y en
a pas une seule de ce pays. L'origine péruvienne a,^ en sa faveur, le
nom du jardin Farnèse au moment de l'introduction, et le fait qu'il existe
deux ou trois Helianthus dans la chaîne des Andes (Meyen, Nov, act,
Acad. nat. cur., XIX, SuppL, I; DC., Prodr., V, p. 585).
Cependant M. de Humboldt (Nouv.-Esp.^ S^édit., vol. II, p. 473) n'a
vu l'espèce cultivée dans aucune partie des colonies espagnoles, et la
grande majorité des espèces du genre provient du Mexique et des États-
Unis. M. de Martius (Syst. mat. med. Brasil.) n'a pas vu le Topinambour
au Brésil. Je ne puis rien découvrir dans les noms vulgaires qui indique
(a) Le n'' 701 de Schomburgk, Coi/., 1, est spontané clans la Guyane. Selon M. Choisy,
c'est une variété du Batatas cdulis ; selon M. Bentham (Hook., Journ. hot., V, p. 352),
c'est le Batatas paniculata. Mou échantillon, assez impariait, me semble différer des deux.
(Ò) Par corruption de Girasol, des Italiens (Phillips, Comp. KUoh. gard,^ I, p. 294.)
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 825 X.
l'origine. MM. Torrey et Gray (FI. N.-Amer., II, p. 332) parlent de
l'espèce comme cultivée aux États-Unis et se naturalisant quelquefois dans
les haies, etc. Je ne la vois pas dans les Plantoe Fendlerianoe, de
M. Gray. Elle manque à nos Icones ined. Floroe mexicanoe, de Mocino
et Sessé.
Raphanus sativus, L. — Les radis et raiforts se trouvent quelquefois
spontanés dans la région de la mer Méditerranée, par exemple en Espagne(
Lag. dansDG., SysL,ll, p. 663), dans File de San Pietro,près delà
Sardaigne (Moris, FI. Sard., I, p. 99), plus fréquemment encore en
Grèce (Fraas, Syn. Fl. class., p. 123), où l'on présume que c'est le pa=pavk
¿íyp!« de Théophraste et de Dioscoride, le même nom étant appliqué dans
la Grèce moderne au Raphanus sativus sauvage (Fraas, l. c.). D'après Dioscoride
(1. II, c. 138), la plántese nommait chez les Romainsirworacm.
Le nom ancien s'est conservé en Italie sous la forme AeRamoracia (Targ.,
Dizz., p. Ihh). A défaut d'une ancienneté démontrée, la fréquence de la
plante dans ce pays, indique une origine spontanée, tandis que vers le
centre et l'ouest de la région méditerranéenne, elle se'serait plutôt naturalisée
çà et là, par l'effet de la culture. On l'indique aussi en Grimée (Lerche,
cité parLedeb., Fl. Ross.,l, p. 225) et au mont Ararat (Hehn, ib.), ce
qui, du reste, concorde avec l'assertion de Pline (1: xix, c. 5), que le Raphanus
appelé áypia par les Grecs, avait un nom particulier dans le Pont, Armon
(a). D'après Rose (Diet, agrie., XI, p. 39), lè voyageur Olivier Paurait
trouvé sauvage en Perse ; mais Rose a attribué souvent à Olivier des
faits analogues, sans en être probablement bien sûr. Linné (Sp., p. 935)
avait eu connaissance de la variété chinoise oléifère, et il dit de l'espèce
(( habitat in China ». Cela ne prouve pas qu'elle y fût spontanée. Thunherg
(Fl. Jap., p. 263) dit qu'au Japon : « crescit juxtavias, colitur ubi-
» que. » M. Runge ne l'a pas rencontré dans la Chine septentrionale. Roxburgh
(FI. Ind., Ill, p. 126) en parle comme d'une plante cultivée dans
l'Inde, à racine grosse comme la jambe d'un homme, sortant en partie de
terre et ayant un nom sanscrit Mooluka. Cela ne peut guère s'appliquer
au radis. Wight et Arnott (Prodr. Fl. pen., vol. I, p. 19), de même que
(a) Armon paraît la source du mot latin Armoracia. Celui-ci a été transporté d'une
manière fatale par les modernes au Cochlearia dit Armoracia, le Cran ou Chren des
Slaves et de plusieurs dialectes allemands et français. Mattinole (édit. 1570, p. 333)
avait averti déjà que l'Armoracia des anciens n'était pas le Cran, mais Linné n'en a tenu
compte, et a propagé l'erreur de quelques botanistes du xvr siècle, en établissant le nom
spécifique Cochlearia Armoracia. C'est par une seconde erreur que l'on a traduit souvent
en français le nom de Cochlearia Armoracia par Cran de Bretagne, tandis que : 1° l'espèce
n'est pas spontanée dans ce pays, et 2" l'adjectif du mot Armorique serait armoricus, ica,
et non Armoracia. J'ai donné, page 654, les preuves détaillées de l'origine et de la
patrie du Cran, espèce de la Russie méridionale et des provinces voisines, introduite dans
l'ouest,.
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