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1 1 / Í 6 SITUATION GÉÜGUAPUIQUE DES FAMILLES.
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SITUATION GÉOGUAPUIQÜE DES FAMILLES.
,]'ai souvent répété, à l'occasion des espèces et des genres, que la chose
la plus mystérieuse pour nous est la situation d'une forme végétale dans
une certaine contrée plutôt que dans une autre. Je n'ai pas besoin de dire
que les mômes considérations s'appliquent aux familles. Rien dans lu
structure comme des Aurantiacées, par exemple, ne peut faire soupçonner
pourquoi elles existent dans l'Asie méridionale, et pourquoi elles manquaient
à l'Amérique, avant que l'homme les y eût naturalisées. R est
également impossible de comprendre par l'étude des plantes et des climats
actuels, pourquoi la famille des Cactus, famille nombreuse en genres et
en espèces, et celle des Yocliysiacées, sont propres à l'Amérique; celle
des Stylidiées, à l;i Nouvelle-Hollande et à quelques régions voisines; celle
des Bruniacées, au cap de Bonne-Espérance; pourquoi plusieurs familles
occupent les régions intertropicales, et d'autres les régions extratropicales
des deux mondes; pourquoi les Épacridées, si communes à la Nouvelle-
Hollande, manquent au Cap et à tout l'hémisphère septentrional, tandis
que les Tainariscinées manquent à l'hémisphère austral et au nouveau
monde; pourquoi les Équisétacées manquent absolument à la Nouvelle-
Hollande (Lindl., Introd. to nat. syst., p. 311; Lehm., P/ant. Preiss.)
et îles voisines. Ce sont des faits, remontant à des causes antérieures,
peut-être fort anciennes et très variées, telles que l'existence et la séparation
des continents à l'époque de la création de certaines formes végétales,
et les changements successifs des terres et des climats, pendant la
série des événements géologiques. Bornons-nous ici à considérer la
situation de chaque famille comme un fait actuel, qui oifre des lois et se
prête h certaines modifications intéressantes à constater.
A R T I C L E UL
LIMITES GÉOGRAPeiQUES DES FAMILLES.
La limite extrême d'une famille s'établit par diverses espèces de différents
gemmes qui se trouvent sur chaque île ou continent. Ainsi, pour s'assurer
de cette limite et des causes qui la déterminent, on doit parcourir
le périmètre tout entier et étudier les circonstances variées qui arrêtent les
espèces dans leur expansion sur cette ligne.
Cependant, comme les plantes d'une même famille ont une ressemblance
LIMITES GÉOGRAPHIQUES DES FAMILLES.
assez grande et assez intime, et qu'en général une famille comprend un
nombre considérable de genres et d'espèces jetés depuis des milliers
d'années sur divers continents, il arrive que la limite s'est établie d'une
manière quelquefois assez uniforme en raison de la circonstance predominante
de tous les climats, la température. Ou jugera par les exemples
suivants, qui ont été recueillis au hasard, du degré d'uniformité des limites
de familles, autant qu'on peut les connaître à l'époque actuelle.
A n o n a e é c « . - E n l 8 3 2 (Alph. DC., 31ém. sur les Anon. Zi«) on en
connaissait 18 genres et 204 espèces; aujourd'hui, environ 19 genres et
m espèces. La limite dans l'hémisphère boréal est constituée aux Etats-
Unis d'Amérique par l'Asimina triloba, Dun. (Uvaria triloba, ïorr. et
Gray), qui s'avance jusqu'au /i2-/43e degré de latitude, dans l'ouest de
l'état de New-York (A. Gray, Man. hot. N.-St.). On pourrait s'attendre
à trouver des Anonacées dans le midi de l'Europe, ou au moins à Madere,
dans le nord de l'Afrique, en Syrie, en Perse ; mais dans toutes ces régmns
la famille n'est pas représentée. L'Anona senegalensis est spontané jusqu'aux
îles du cap Yeri, sous le 17« degré (Webb, FI. Nigr., p.
et l'Anona Forskalii, espèce fort douteuse, est en Egypte, mais cultivée.
Dans le nord de l'Inde, les Anonacées s'avancent jusqu'au pied de la grande
chaîne et dans les vallées chaudes de l'Himalaya, où l'élévation détermine
évidemment leur limite. Dans l'Asie orientale, dont le climat ressemble
beaucoup à celui des États-Unis, on ne connaît pas d'Anonacée au delà
des 28 à SO-' degrés de latitude, car l'Uvaria japomca, Thunb., est un
Kadsura (Magnoliacée), et M. Bunge n'a pas vu d'Anonacée dans le nord
de la Chine (Ennm. pl. Chinoe bor.). R en est de même dans l'hemisphère
austral, car le cap de Bonne-Espérance et la région du Rio de la
Plata ne présentent aucune Anonacée. - Ainsi la famille est généralement
comprise entre 0 et 80" de latitude, mais la présence de quelques especes
un peu exceptionnelles aux États-Unis, et l'absence de la partie occidentale
de notre hémisphère européen, déterminent des exceptions graves
au delà et en deçà du 30«= degré. Évidemment le climat n'en est pas la
cause, puisque des Anonacées supportent le froid excessif des Etats-Unis;
mais c'est le fait de la position des espèces, fait qui remonte à des causes
antérieures de création et d'expansion géographique.
M.riaeée. - On doit en connaître aujourd'hui environ 1300 espèces,
appartenant à i/i genres. - Dans l'Amérique septentrionale quelques
es èces mal connues avancent jusqu'en Floride sous les 28 a 30« degres
(Torr. et Gray, FI. N.-Am., I, p. /.76). Le Myrtus communis, qui depasse
toutes les autres Myrtacées dans notre hémisphère, est mdique a
Madère (Lemaun, cat. msc.), mais non aux Acores (\Yats., dans Hook.,