672 CHANGEMENTS DANS L'IÏABITÂTTON DES ESPÈCES. NATUUAMSATÏON A PETITE DISTANCE.
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des chemins eL des terrains cultivés, mais d'origine é t rangère, en Hollande (Pm/ r .
FL Bat., p. 132); rare en Irlande et considérée comme rejetée des cultures
(Power, Guide Cork, p. 38); spontanée dans les prés en Normandie (Hard. Ren.
L e d . , Cat, C(th\,ç. 175), et en Angleterre (Wats., Cyb,, H, p. 34: Bab.,
Mail.), déjà du temps de Kay et même do Gerardo. Sa culture ancienne, lopinion
des auteurs et le fait d'une interruption entre la Dalmatie et la Normandie,
peu probable pour une habitation naturelle, me l'ont croire à une naturalisation.
Lactuca Scariola, L. Cette laitue n'a pas en Europe l'apparence aussi sauvage,
aussi primitive qu'au midi du Caucase, oi^i M. C.-A. Meyer (Fers.) l'indique
m campis et dumetis. En llalie, en France, en Allemagne, en Hollande, et dans
les rares localités où elle se trouve en Angleterre, on la cite conmie venant au bord
des chemins, dans les décombres, les terres vagues et rocailleuses, près des villages,
etc. Elle était déjà dans le Sy/iop-sis de Ray. M. Watson {Cyb., II, p, 42)
la compte comme indigène, avec doute. En parlant de l'origine des plantes cultivées
(chap, ix), je donnerai des argument s en faveur de l'hypothèse que la laitue
cultivée serait le Lactuca Scariola modilié. A ce même point de vue, il serait possible
que notre Lactuca Scariola d'Europe fût un retour à l'état sauvage de la
laitue cultivée. Je n'ose cependant pas considérer ces hypothèses comme des
probabilités, et par ce motif, je n'énumère pas l'espèce comme naturalisée.
Le Crépis setosa, Hall, f., a été introduit par des graines étrangères dans les
comtés méridionaux depuis quelques années (Bab., édit., p. 191 ; non
dans l'édit.I de'l843). Bromlield [Phytoi., 1 849, p. 522)ne doutait pas de l'introduction
par des graines venues do l'étranger. Il parle de l'espèce comme ayant
paru dans l'île de Wight et en Ecosse. Il faudra voir si elle s'établit définitivement.
iinariaiiuiiii, Giv^rtn. (Carduus niariaiaus, Ïj . ) . — @ — Pour
l'Angleterre, je regarde, avec M. Watson {Cyb., II, p. 77) cette espèce comme
d'origine étrangère. 11 semble qu'elle aurait été plus commune autrefois, car, aux
environs de Berwick, elle reparaît souvent lorsqu'on creuse des fossés dans des
jardins (Johnston, Bot. East. Borders, p. 11 3). Elle existait déjà du temps de
Gerardo (Herbal, 1597, p. 989); mais dans les stations où elle se voit encore
aujourd'hui, savoir les bords de chemins, les fossés, les tas de fumier, etc.
Ces stations sont tellement suspectes, et en môme temps si semblables en
France, en Italie, en Allemagne et jusqu'au midi du Caucase (C.-A. Mey. , Verz.,
p. 68), que j"ai dû me poser la question de l'origine probable, et elle m'a fort
embarrassé. Je doute infiniment que l'espèce fût connue des Romains et des
anciens Grecs; en effet, r depuis Bauhin (//isi., III, p. 52) jusqu'à nos jours
(Fraas, Sijn. Fl. class., p. 206), on n'a pas pu citer un synonyme des anciens
qui soit admissible. Sibthorp n'en admet point, et les auteurs modernes, Billerbeck
et Fraas en indiquent de très douteux, qui s'appliqueraient aussi bien à
d'autres carduacées. 2'' Les noms en grec moderne cités par Sibthorp et Fraas
sont absolument différents des noms anciens supposés, et ils ont une forme composée
qui indique peu de vétusté. 3" On ne cite aucun nom de Pline. 4° L'aspect
des feuilles est pourtant assez particulier pour avoir frappé les anciens, si la
plante avait existé en Grèce et en Italie de leur temps. 5" Les noms italiens,
français, allemands, anglais, se rattachent presque tous à une dédicace à la
vierge Marie (Chardon de Marie, Lait de Marie, de Notre-Dame, etc.), qui fait
supposer une apparition de la plante dans le moyen-âge. Il y a dans les langues
slaves des noms qui semblent originaux, par exemple Ostropésen Bohème, Osgebad
et Ossei en illyrien, Podijorz-al en polonais (Morilzi, Dici. iaéd. noms vufg.),
que je ne sais pas expliquer, et qui semblent indiquer une origine du midi de la
Russie ou des pays autrichiens, ou plutôt une transmission par ces peuples, car
la plante n'est pas plus commune, ni plus sauvage dans cette partie de l'Europe
que dans beaucoup il'autres. Le seul pays où d après les Flores, l'espèce semble
très commune et éloignée des terrains cultivés, serait le Portugal et quelques parties
del'Espagne, car Brotero (FL Lus., I, p. 341) dit : In .calcar ois circa Olisiponein
et alibi in Extramadara, rarius circa Conimbricam et in Beira, et Colmeirodit
très commun, eu parlant de l'espèce dans les Castilles et en Catalogne.
Cependant, M. Boissier [Voy- Esp., v. II) ne l'a trouvée que dans les décombres
et près des chemins. M. Munby {EL Alg., p, 90) la dit commune près d'Alger,
mais sans s'expliquer sur la nature.des stations. Si c'était une plante de Barbarie,
même d'Espagne, il serait singulier qu'elle ne fût pas arrivée en Italie et en Grèce
du temps des Romains. Peut-être la découvrira-t-on, vraiment sauvage, en
Syrie? Alors, ce seraient les croisés qui l'auraient rapportée et qui auraient introduit
dans toutesles langues du midi del'Europe, et jusqu'en Angleterre, la dédicace
à la vierge Marie. Cette appellation catholique n'est pourtant ]ias usitée en
Espagne, où les noms signifient s implement c/iarrfoii laileiix. On peut en tirer un
indice de plus en faveur de Tindigénaten Espagne.
DoronicumPardalianches, L., et Doroiiicum plantacjineum, L. MM. Babington
et Watson les regardent comme probablement d origine étrangère; cependant,
les détails donnés dansT tng/.is/t Botany, t. 2654, montrent que l'habitation du
premier, en Écosse, a été découverte déjà dans le siècle dernier, avec toute l'apparence
d'une plante sauvage. Gerardo le connaissait dans le Northumberiand
{Herb., p. 621 ). Il existe enllollande, dans les bois (iVodr. FL Bat., p. 122);
mais M. Fries ne l'indique pas dans la péninsule scandinave, et le dit .adventif
{inqil'ilimm), en Danemarck. Il manque aux lies Feroë. Le Doronicum plantagineum,
L., toujours difficile à d i s tmg u e r , souvent mélangé, dans les Flores, semble
moins spontané dans la Grande-Bretagne {Enyl. Bot., t. 630). On attribue à
cette espèce le Doronicum commun dans les bois du département du Calvados
(Hardouin, Renou, Ledere, Cat., p. 165). Ces habitations, voisines des îles Britanniques,
me font douter d'une origine étrangère, principalement pour la première
espèce.
Aiithemistinctoria.L., Achillea tomentosa, L., et Achillea tanacelifolia, AU.
Ces trois espèces du sud-est de l'Europe, ou du moins de la partie non occidentale,
car la première s'avance jusqu'en Suède, ont été trouvées gà et là accidentellement
dans des localités plus ou moins suspectes (voyez Sm., EngL FL, III,
p. 459; Wats., Cyb., II, p. 131 ; I I I , p. 463). Je ne puis les regarder comme
naturahsées. Elles sont plutôt adventives.
Campanula Rapnnculus, L. Les opinions sont partagées sur son origine en
Angleterre (Watson, Cyb., II, p. 137). Dans plusieurs localités, dit cet auteur,
on peut présumer une diffusion par d'anciennes cultures. Kay (Syn., 3^^ édit.,
p. 277) indiquait déjà des stations suspectes : In aggeribus fossarum et arvis
requietis. L'espèce n'est pas rare sur le continent, jusqu'en Danemarck et en
Gothie. On ne peut donner aucune preuve à l'appui de Tintroduction en Angleterre,
mais seulement admettre sa possibilité ou quelque probabilité.
Specularia hybrida, Alph. DC. — ® — Seulement dans les terrains cultivés
en Angleterre et dans toute l'Europe, excepté en Crimée, où elle existe in rupes