90!i ORIGINE GÉOGRAPHIQUE DES ESPECES CULTIVÉES.
aurait été cultivé par les indigènes voisins des sources du Missouri (Nuit.5
Î'rm.j i l ,p. 228). Tout ceci porte à croire que les Cucurbita, en particulier
les Ibnues du Pepo, sont sans exception de l'ancien monde.
M. Ilasskarl décrit deux espèces distinctes et spontanées de Cucurbita
dans l'île de Java (Cat. h, Bogor. ait.y p. 190); cependant M. Blume
(liijdr.^ p." 930) ne mentionnait que des espèces cultivées, Rumphius,
Rheede, Roxburgh, Loureiro, Tbunberg (FL Jap.)^ Wight ne citent
comme spontanée dans l'Inde ou l'archipel indieu aucune plante qu'on
puisse rapporter à l'une de nos formes du C. Pepo. La plante nommée
C. Pepo par Roxburgh (FL Ind., édiL, p. 1832, III, p. 718) paraît différente,
d'après le synonyme cité de Rheede, qui est le Benincasa cerifera.
Le C. Pepo de Loureiro paraît autre chose, d'après le synonyme de Rumphius,
qui est le C. farinosa, RI., et d'après la description. L'abondance
de ces Cucurbitacées dans toute l'Asie méridionale fait présumer que la
patrie originaire des Pepo est là. D'un autre côté, les espèces ou variétés
figurées dans Rheede et Rumphius ne concordent jamais avec les nôtres,
70 R semble, d'après les ouvrages, qu'il y a plus de formes du C. Pepo
en Europe que partout ailleurs, et surtout qu'elles y sont plus anciennes.
Leur nombre est remarquable dans les auteurs du xvf siècle, tels que
Dodoens, Daléchamp, Rauhin. Ce nombre ne paraît pas aussi élevé dans
les ouvrages sur l'Inde et l'archipel indien. J'ignore si les Chinois en cultivent
beaucoup. Forskal n'indique en Arabie et en Égypte que deux formes
(p. Lx:xvi et cxxi i ) . Rauwolf ( F L or., édit. Gronov., p. 12/i) ne mentionne
même pas l'espèce, lui qui énumère les autres Cucurbitacées qu'il voyait
eu 157/i, dans les jardins d'Alep, de Damas et de Tripoli. Pour l'Abyssinie
(A. Rich., Tent. FL Abyss.) et la côte occidentale d'Afrique (Hook.,
FI. Nigr.) le C. Pepo n'est pas indiqué.
8° En résumé, j e regarde comme certain que les formes rapportées au
Cucurbita Pepo ne sont pas d'Amérique ; mais en me rappelant que le nom
Cucurbita est vraiment latin, que les mots grecs KoXoxóvOy; et Sixóa, appli-
«
qués à des Cucurbilacées cultivées sont aussi d'une apparence hellénique
propre, que l'espèce n'a pas de nom sanscrit (le G. Pepo, Roxb., étant différent)
; en réfléchissant au nombre probablement considérable de variétés
du temps des Romains, et surtout au xvi'' siècle en Europe, j'hésite entre la
région méditerranéenne et l'Asie méridionale comme habitation primitive.
Dans tous les cas, assurément, l'espèce n'a pas été retrouvée sauvage. Peutêtre
la découvrira-t-on dans l'Asie méridionale, en Chine, par exemple?
Alors, la question serait décidée. Ces doutes, néanmoins, sur l'origine, en
font naître d'autres sur la valeur de l'espèce, et font incliner à l'idée
qu'elle aurait dévié d'un état primitif par l'effet de la culture.
OUIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 905
CucrMta Meiopcpo, !.. — Le Pastissofi, Bonnet de prêtre, Bonnet
d'électeur, est une courge plus large que longue, couronnée, au sommet,
d'iin renflement circulaire, au milieu duquel s'élèvent des protubérances
plus ou moins saillantes. L'absence de vrilles, ou leur développement sous
forme de feuilles, aident aussi à reconnaître la plante. Ces caractères sont
assez bizarres. Ils indiquent peut-être une forme monstrueuse, devenue
héréditaire. On en voit de bonnes figures déjà, en 1587 (Daléchamp,
p. 618), et plus tard dans Dodonaîus (p. 666), et Rauhin ( i /ui . , II,
p. 22/i, (pii les cultivait depuis 1561) . Lobel semble indiquer cette plante
dans ses Adversaria, p. 287, sous le nom de Cucumeres latiores clypeiformes;
mais il n'en donne aucune figure dans la série de planc.hes de
Cucurbitacées contenues dans ses Ohservationes, p. 36/i et suivantes. Ces
deux ouvrages sont cependant de 1576. Je ne trouve rien qui se rapporte
à l'espèce dans Ruellius (1536), Rrunfels (1536-39), Rrasavola (1539);
d'où il semble qu'elle aurait paru en Europe au milieu du xvi« siècle. Les
noms des premiers auteurs ne font allusion qu'à la forme du fruit et non à
l'oriffine. La désignation de J . Rauhin, Cucurhita siciliana, est tout à fait
arbitraire.
J e ne puis trouver aucune description ou figure, qui s'en approche le
moins du monde, dans les ouvrages sur l'Asie méridionale, l'Afrique ou
l'Amérique. Il ne semble même pas que la plante soit cultivée en Asie, car
Rumphius, Rheede, Wight et Arnott (Prorfr.), Moon (Cat. Ceyl.), Rlume
(Bijdr.) n'en parlent pas, et les Cucurbita Melopepo de Roxburgh et de
Loureiro sont autre chose, d'après les synonymes et les descriptions. Il est
difficile de croire qu'elle existe en Chine depuis plusieurs siècles, car dans
ce cas elle aurait pénétré au Japon, où Thunberg ne l'indique pas, et
dans l'Inde ou l'archipel indien.
Cet ensemble de faits me porte à croire que le Cucurbita Melopepo est
une altération produite par la culture, en Europe, auxvp' siècle.
CucumîsMeio, I.. — Depuis l'époque de la renaissance (Rrasavola,
p. 153) jusqu'à nos jours (Fraas, Syn. FI. class., p. 103), la plupart des
auteurs soutiennent que les Anciens cultivaient le Melon. Ils ne sont pas
d'accord sur les synonymes des Grecs et des Latins. Selon M. Fraas, l'auteur
le plus récent, c'était le Swû« de Théophraste, le ncW; de Dioscorides,
leMrAoTrs'7iwv de Galien, le Melo de Pline. Malheureusement, les
passages des auteurs sont très brefs et parlent des propriétés médicales
plus que des formes et des caractères botaniques. Galien (De ahm., 1. ii,
c. 5) dit cependant une chose qui ne s'applique pas du tout au Melon. « Les
Melopepones n'excitent pas le vomissement comme les Pepon^s. Delà
vient que, dims les Pepones, on s'abstient de la partie intérieure de la
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