$(i8 O i U G I N K GÉOGUAPllKJUK DES ESPÈCES CULTIVÉES.
If it
trouva d'excellentes au \ned des collines de Buxedwar (Turner, Voy. au
Thibet, p. 20 et 387, d'après Koyle), et celte localité est au nord-est de
Rungpoor, dans le Ikngale. Le docteur Wight {III. Ind.^ p. 107) dit,
jnais sans détails et sans préciser la saveur du fruit, que l'Oranger se
trouve sauvage dans jungles montagnes de la péninsule. Loureiro
{FL Coch.^ p. 5(39) décrit un Citrus Auranlium, à pétiole presque toujours
ailé et a pulpe (( acido-dtilcis. » qui paraît bien l'Orange douce; et il
ajoute: a Habitat culta incultaqtie in Cochinchina et China, » Ces
faits prouvent que l'Oranger à fruit doux se maintient habituellement, si
ce n'est constamment, comme le dit Gallesio, parle semis des graines, et
qu'il est ou spontané d'origine dans une grande étendue de l'Asie méridionale,
ou naturalisé dans une portion au moins de cette vaste région, à la
suite d'une culture ancienne etgénérale.
Afm d'éclaircir ce dernier point, il faut chercher dans quel pays la culture
a commencé et comment elle a marché. Un fruit aussi gros et aussi
agréable n'a pas pu exister dans une région sans que l'homme eût essayé
de le cultiver, et cette réilexion inspire assez de sécurité dans les recherches
qu'on peut faire. Celles de Gallesio ne laissent rien à désirer. Il prouve
d'abord (p. 287) que l'Oranger apporté de l'Inde, par les Arabes, en
Egypte, .en Palestine et dans le midi de l'Europe, n'était que l'Oranger à
fruit amer, soit Bigaradier. Les citations des textes arabes sont très concluantes.
De môme pour le midi de l'Europejusqu'auxv^siècle (p. 29'2). Du
x'^ au xv^ siècle, les chroniques parleiit souvent de l'Oranger, mais toujours
à fruit aigre. C'est aussi celui que les Portugais trouvèrent sur la côte
orientale de l'Afrique après avoir doublé le Cap p. 2/i0). En arrivant
dans rinde, ils trouvèrent des Orangers à fruits doux. Le Florentin,
qui accompagnait Vasco de Gama, et qui a publié la relation du voyage,
dit : (( Sonvi melarancie assai^ ma tutte dolci, >:> (Il y a beaucoup
d'Oranges, mais toutes douces.) Ni ce voyageur, ni ceux qui suivirent ne
témoignèrent plus de surprise d'une espèce d'Orange aussi agréable. Gallesio
en infère que les Portugais n'ont pas été les premiers à rapporter
1
l'Oranger doux de l'Inde, où ils arrivèrent en 1/Ì98, ni de Chine, oii ils
parvinrent en 1518 (Gall., p. 300). D'ailleurs, une foule d'écrivains du
commencement du xvr siècle parlent de l'Orange douce comme d'un fruit
déjà cultivé en Italie et en Espagne. Il y a plusieui's témoignages pour les
années 1523,1525 (Gall., p. 302). Ainsi, l'opinion de ceux qui regardent
les pieds cultivés en Portugal comme les plus anciens, n'est pas fondée.
L'Orange douce est probablement venue au travers de l'Asie, de proche en
proche, par l'inlluence des Arabes, et plus tard par l'effet des relations si
ré(juentes du midi de l'Europe, surtout de Genes et de Venise, avec
O U I G I N E DES ESPÈCES L E PLUS GÉlNËUALEMEINT CULTIVÉES. 86 9
l'Orient (Gall., p. 315). Gomme la rivière de Gênes est devenue de bonne
heure le centre du commerce des Oranges, on peut croire que les Génois
ont été les principaux agents de cette introduction. Le nom d'Orange de
Portugal donné sovivcnt aux meilleures Oranges douces, viendrait simplement
de ce que le climat de Portugal leur est favorable, ou de ce que les
Portugais auraient introduit de Chine, à une époque moins ancienne, des
Orangers de qualité distinguée.
Rien ne prouve que l'Oranger à fruit doux fût ancien dans l'Inde. Au
contraire, s'il avait été spontané ou cultivé de toute ancienneté dans ce
pays, surtout dans la péninsule et à Geylan, on ne peut douter que l'expédition
d'Alexandre, les communications avec la Perse, les voyages des Romains
par la mer Rouge, ne l'eussent fait connaître dans l'occident beaucoup
plus tôt. Assurément, on l'aurait choisi, cultivé et propagé de
préférence au Limonier, au Cédratier et au Rigaradier. Roxburgh (Fl.
Ind., 2" édit., v. III, p. 393), si explicite pour les fruits de l'Inde, en
parle à peine.
Dans l'Archipel indien, l'Oranger à fruit doux était considéré comme
venant de Chine (Rumph., Amb., II, c. Zi2). Il était peu répandu dans les
îles orientales de la mer Pacifique (Fors^, Pl. esc., p. 35). Les Chinois,
au contraire, les Cochinchinois et les Japonais (Thunb., Fl., p. 292) cultivent
l'Oranger à fruit doux en abondance et depuis un temps immémorial.
Probablement, l'habitation primitive se trouvait dans la Chine méridionale,
la Cochinchine, le pays des R i r m a n s ; peut-être Sillet, où le docteur Wallich
paraît avoir vu la plante spontanée, comme Loureiro en Chine et en
Cochinchine. Quant aux localités du Bengale, et surtout de la péninsule
indienne, j e les crois plutôt l'efiet de la dispersion de graines jetées hors
des cultures.
Dans les colonies, on sème l'Oranger et il se répand quelquefois de luimême
(Macfadyen, Fl. Jam., p. 128). J'ai dit que, d'après des expériences
directes de Gallesio, il conserve toujours de graines sa qualité,
tandis que Macfadyen (voyez la note ci-dessus) nie positivement que cela
soit constant. Les deux assertions peuvent se concilier si l'on suppose que
Gallesio a écarté toute chance de croisement avec le Bigaradier et que les
cultivateurs de la Jamaïque ne s'en sont pas préoccupés. Il se peut aussi
que Macfadyen appelle orange amère une orange acide plutôt qu'amère à la
façon du Bigaradier (voy. la note p. 866).
Ceci me ramène à la question de l'espèce, question ({ue les semis ne
peuventjamais trancher. Le Bigaradier et l'Oranger à fruit doux ayant,
selon les probabilités exposées ci-dessus, la même habitation primitive, j'y
vois un argument de plus en faveur de l'opinion qui réunit les deux races
fê'i i mi