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1 1 8 2 COMPARAISON DES ESPÈCES DICOTYLKDONES ET MONOCOTYLÉDONES.
espèces, ou la présence d'un petit nombre sur les confins de la région,
peut-être dans quelque localité exceptionnelle, changent les proportions,
tandis que, dans les pays méridionaux , les valeurs numériques reposent
sur des chiflres élevés, et sont, par conséquent, moins variables.
Une question plus importante, qui peut jeter du jour sur les variations
dans les pays du nord, est desavoir comment les proportions se présentent
sur les montagnes et dans les régions montueuses en général. A cet égard,
je me fie peu aux chiffres donnés dans les ouvrages. Les listes d'espèces
croissant à une certaine hauteur sur une chaîne de montagnes sont
presque toujours incomplètes. Elles contiennent bien les espèces alpines
ou subalpines, mais rarement on a pris la peine de constater toutes les
espèces de la région inférieure qui s'élèvent au-dessus de la limite indiquée.
On est beaucoup plus frappé des premières que des secondes, et il
en résulte un total incomplet.
D'ailleurs, les régions superposées ne peuvent jamais être prises dans un
sens absolu ; elles sont trop rapprochées, et leurs limites sont trop irrégulières,
en raison d'une foule de circonstances locales. Au-dessus de
2,000 mètres, par exemple, dans une chaîne de montagnes, et même sur
une seule montagne, il y a des replis de terrain, des expositions qui appartiennent
plutôt, par la température et par la composition de leurs végétaux,
à la région inférieure ; plus bas, ce sont les plantes de la région supérieure
qui descendent le long des ruisseaux et dans quelques localités d'une fraîcheur
exceptionnelle. Les transports introduisent momentanément beaucoup
d'espèces d'une région à l'autre ? Doit-on les éliminer ? Chaque auteur a-t-il
envisagé ces cas particuliers de la même manière ? On l'ignore presque
toujours, et souvent les auteurs eux-mêmes n'y ont pas pensé. En outre,
la surface des régions alpines, subalpines, etc., n'est presque jamais indiquée
; elle est difficile à estimer, et cependant nous savons que l'étendue
des surfaces considérées dans un calcul, modifie les proportions de
familles et de classes, indépendamment de toute différence tenant à la
réalité des choses.
J'ai parcouru toutes les Flores et tous les ouvrages de géographie botanique
pour trouver des énumérations complètes (par exemple à un dixième
près) des Phanérogames croissant à une certaine hauteur, dans une certaine
étendue déterminée ou du moins appréciable. On le croira difficilement,
mais je puis cependant l'affirmer, je n'ai rencontré que deux localités
offrant ces conditions, savoir : le sommet du Brocken et celui du Pic du
Midi de Bagnères, à quoi j'ai ajouté le Jardin du glacier du Talèfre, audessus
de la mer de Glace, près de Chamounix. Pour toutes les autres
localités montueuses, les Flores ou listes de plantes laissent dans le vague,
COMPARAISON DES ESPÈCES DICOTYLÉDONES ET MONOCOTYLÉDONES. 1183
tantôt le fait d'une énumération complète, tantôt la surface de pays envisagée.
11 faut donc suppléer par des documents approximatifs.
Remarciuons d'abord que les trois localités restreintes du Brocken, du
Jardin et du Pic du Midi de Bagnères, offrent une augmentation régulière
de Dicotylédones et une diminution de Monocotylédones, qui correspondent
aux proportions des plaines adjacentes, c'est-à-dire en rapport avec les
degrés de latitude (p. 1179). Ces trois localités élevées, dans le llarz,
les Alpes et les Pyrénées, semblent obéir à la loi générale d'accroissement
de Dicotylédones et de diminution des Monocotylédones vers le midi,
connue le feraient des localités de même étendue, situées dans les plaines.
Maintenant, pour savoir si l'élévation a modifié les proportions des
deux classes, il faudrait connaître des localités voisines de même
étendue ou à peu près, situées à des hauteurs différentes. C'est ce que
malheureusement nous n'avons pas. En comparant le Brocken avec l'île de
Norderney et avec les environs immédiats de Strasbourg, la proportion
des Monocotylédones y est plus forte; mais ces localités sont 50 fois et
500 fois plus grandes, et nous savons que plus on considère un petit
espace, plus, toutes choses d'ailleurs égales, on trouve une forte proportion
de Monocotylédones et une faible de Dicotylédones (p. 116/i). Le Jardin
et le Pic du Midi, comparés aux îles de lioedic et Ilouat en Bretagne,
aux environs de Strasbourg ou à l'île de Capraia, nous laissent dans la
même incertitude par suite des mêmes causes et par des diversités de
chiffres dans tous les sens. Au surplus, des localités aussi restreintes sont
tellement alTectées par les conditions locales du sol et de l'humidité qu'on
ne peut rien conclure de trois ou quatre exemples quelque précis qu'ils
soient en eux-mêmes.
Les observations de M. Ileer, sur les proportions des deux classes dans
les montagnes de la Suisse (a), méritent une mention spéciale. Elles approchent
de beaucoup des conditions d'exactitude désirables, et elles reposent
sur des éléments nombreux de comparaison.
Selon M. Ileer, la Flore de Caudin, pour l'ensemble de la Suisse, donne
une proportion de Monocotylédones aux Dicotylédones = 1 : 3,/i9, et
pour la région alpine seule = 1 : 5 | . Ainsi, augmentation de Dicotylédones
sur les hauteurs, et, j'ajouterai, augmentation d'autant plus frappante
que l'espace de la région alpine étant plus petit, 16 S C \
devraient y paraître moins nombreuses, toutes choses d'ailleurs égales.
Dans les Alpes granitiques du canton de Glaris, M. Heer a trouvé, d'après
(a) Bas Verhullniss d e r M o n o c . ^ a d e r D l o o t y l . , etc., dans l^robel uml lleer,
M i U h e i h i n f i e n a n s t l i e o r e t . E r d k u n d e , U p.