89Zi OllIGINE GÉOGRAPHIQUE UES ESPÈCES CULTIVÉES.
sphériques, et ceux des goyaves pyriformes des goyaves pyriformes. Cela
serait d'autant plus aisé à vérifier que les graines conservent longtemps
leur l'acuité de germer (Raddi, p. 5) et multiplient la plante avec facilité,
soit dans les cultures, soit ailleurs (Jacq., 06s. , II, p. 7; Bojer, H. lilaiir.,
p. 139). Si la forme du fruit est héréditaire, les deux goyaves seraient
des espèces, ou au moins des races; si elle n'est pas héréditaire, ce ne sont
que des variétés dans l'acception pure du mot. Le silence des auteurs
sur toute transformation par l'effet des semis peut faire croire à l'hérédité,
d'autant plus que les jeunes pieds donnant des fruits dès la troisième année
(Rheede, MaJab., Ili, p. 32), les transformations auraient été facilement
remarquées. Voyons si la distribution géographique conduit à distinguer
deux espèces.
Psidium pyriferum^ L. — La goyave pyriforme est commune aux
Antilles (Jacq., Obs., II, p. 7). Les Français la nomment Goyave du pays
(id.). Elle abonde hors des cultures, parce que les animaux en sèment les
graines avec leurs déjections (id.). A la Barbade, on lui donne le nom de
Goyave française (Maycock, Fl. Bai'bad., p. 206). En lisant Sloane
(II, p. 161), le plus ancien auteur sur la Jamaïque, on peut douter qu'il
ait vu des goyaves pyriformes, tandis que plus tard Hughes {Jam., p. 132)
les indique dans cette île. Ces faits conduisent plutôt à l'idée d'une origine
étrangère et d'une naturalisation dans les îles Antilles. Hernandez (Nov.
llisp. thes., p. 85), un des premiers auteurs sur l'Amérique, paraît mentionner
le Ps. pyriferum comme ayant un fruit beaucoup plus gros que le
pomiferum et une absence de mauvaise odeur qui le faisait rechercher dans
les jardins. Il dit que les deux espèces croissent : « In calidis locis mon-
» tosis, et campestribus, et proecipue Quauhnahuaci. » Plusieurs auteurs,
Aublet, de Humboldt et Bonpland (Nov. gen., VI, p . 152), Schomburgk
(Journ. of Bot., H, p. 318), Bentham (Bol. Sulph., p. 97), indiquent
le Ps. pyriferum à la Guyane, à Cumana, à Guyaquil, sans dire s'il était
cultivé ou spontané. Pison (Hist. Bras., p. 7h) le décrit bien sous le nom
de Guaiaba. Il paraît l'avoir vu sauvage au Brésil, car il dit : « Monlibus
» aut sylvis densioribusnon innascitur, sed planitiem et campos amat. Agrestis
» esse desiit, villicorum quippe industria viridariis illata, numerosas plantas
)) concipit et procréât ut nihil frequentius occurrat. »Mais il ajoute : «Fruc-
» tuum enim grana ab avibuset pecoribus deglutita, et moxper alvum cum
» excrementis deposita , locis licet arenosis et tristioribus, altissime ger-
» minant maximeque luxuriant. Aliis Indiarum regionibus communis ha3c
» arbor, ac proinde hic patriam Brasiliani negant, sed tractu temporis inter
» illas habita est. » Macgraf (Bras., p. lOâ) le dit aussi apporté au Brésil
soit du Pérou, soit de l'Amérique septentrionale (ce qui peut s'entendre des
ORIGINE-DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 895
Antilles et du Mexique). Il est commun aujourd'hui au Brésil, cultivé et
spontané, selon Raddi (iííem., p. 3),
En définitive, quoique cet arbuste soit très ancien et très répandu en
Amérique, nous ne pouvons discerner nulle part d'une manière satisfaisante
s'il est spontané, ou s'il est naturalisé par l'effet des cultures. En admettant
le dire des anciens auteurs, il aurait été spontané au Bi'ésil et au Mexique,
à une époque où les cultures n'étaient pas aussi nombreuses (ju'à présent.
On ne peut guère douter qu'il n'ait été introduit dans l'archipel indien par
les Portugais ou les Espagnols dès leurs premiers voyages, quand on lit
l'article de Rumphius (I, p. lAl ) et qu'on remarque les noms vulgaires
usités dans cette région, presque tous dérivés du nom américain Guiava.
Rheede (Malab., HI , tab. 3/i) indique l'espèce comme cultivée dans la
péninsule indienne. Elle n'a point de nom sanscrit (Roxb., Piddington).
Forster ne la mentionne pas dans ses Plantoe cscuïenloe des îles de la mer
Pacifique, ni Thunberg dans son Flora Japónica. Loureiro (Fl. Coch.,
p. 379) prétend l'avoir vue cultivée et spontanée en Cochinchine, mais
l'espèce qu'il décrit est douteuse, ayant le fruit ovoïde, quelquefois arrondi,
rarement pyriforme. D'ailleurs, nous savons que les graines se sèment facilement
hors des jardins.
P s i d i um pomiferum, L.—Selon Jacquin (Obs., Il, p. 7), il était moins
cultivé aux Antilles que le précédent, et on le nommait à la Martinique
Goyavier de Cayenne. R semble, au contraire, d'après Sloane (H, p. 161)
et Maycock (Fl. Barbad., p. 206) être plus répandu aux Antilles. A la
Barbade, on le nomme Goyavier commun ou de jardin. D'après J. Acosta
(Hist. Ind., trad, franc., 1598, p. 176) cet arbre se serait introduit et
naturalisé à Saint-Domingue depuis l'arrivée des Espagnols. Hernandez
(Nov. Hisp. thes., p. 85) en donne une description et une figure très
reconnaissables. Selon cet auteur, presque contemporain delà conquête du
Mexique, lePs. pomiferum croissait « in calidis locis montosis, et campestribus,
et praicipue Quauhnahuaci. » Kegel l'a trouvé dans la Guyane hollandaise,
spontané, car il dit : « In fruticctis prope Paramaribo copiose,
Guayava incolarum. » (Schauer in Linn., XXI, p. 272). Aublet (Guy.,
p. Zi87) le nomme Goyavier des savanes. Raddi lui rapporte VAraca
guacu de Piso (Bras., p. 75) et de Marcgraf (p. 105). Ces auteurs ne
s'expliquent pas sur l'origine et la nature spontanée. La Flore du Brésil
de Saint-Hilaire (H, p . 282) n'en parle pas, mais l'espèce appelée P s .
Larruotteanum, pourrait bien, selon Cambessèdes lui-même, êlre le Ps.
pomiferum sauvage, à petit fruit. Selon Raddi (Mem., p. 3) il est cultivé
et spontané au Brésil, sans doute près de Rio.
Ce même Psidium pomiferum est extrêmement répandu en Asie et dans
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