788 CítAAGEMENTS DANS I/HABITATION DES ESPÈCES. NATURALISATION A GRANDE DISTANCE. 789
pour haie, à cause des épines. On le cite comme spontané, depuis longtemps :
l'^aux Antilles (Sloane, Jam., II, p. 49, Sena spuria arborea, etc., Jacq., ylmer.,
p. 122); en Malabar (Rheed., Mai, VI, t. Vj. Les auteurs modernes l'indiquent
aussi en Colombie (Benth., Bot. Siilph., p. 87), dans le Mexique occidental
(Hook, et Arn., Vorj. Beechey): en Chine (M.), à Ceylan (Moon, Cat.,
p. 34), à Java (Zoll., Ver:;., p. 2), mais sans qu'on puisse savoir exactement si
les échantillons étaient bien spontanés et si l'espèce était ancienne dans le pays.
Je la crois originaire de l'Asie méridionale. En effet : lRheede dit : « In hortis
et coemeteriis colitur, caeterum crescit in eremis et fruticelis, » expressions
remarquables par leur sens positif et par leur date ancienne (1 685), tandis que
les premiers auteurs américains (Sloane, Browne) ont jeté des doutes sur l'origine.
2^ L'espèce a des noms vulgaires nombreux et qui paraissent indigènes à
Ceylan, dans le Bengale et le Malabar (Moon, Roxb., Rheede; Piddington,
Index). Aux Antilles ce sont des noms européens par leur forme et leur sens
(Sloane, Maycock, FL Barbad.). Sloane raconte que, d'après Ligon, l'espèce
aurait été introduite aux Barbades des îles du Cap Vert (où elle n'est pas indiquée
par Webb, FL Mgr., mais où elle peut avoir été cultivée jadis). Hughes, en
1750, ne dit rien de lorigine aux Barbades. BrownQ (/am., p. 225), après
Sloane, soupçonne qu'elle a été apportée à la Jamaïque de quelque autre colonie,
quoique de son temps elle y fut spontanée; Schlechtendal {Linn., \ 830, p. 1 93)
dit quelle a été d'abord cultivée à Saint-Thomas, où elle s'est naturalisée;
Aublet {Guy., I, p. 186) n'en parle que comme d'une plante qu'il avait vue cultivée
à Tîle de - France ! Enfin, on ne cite aucun synonyme de Piso ou de Hernandez,
les plus vieux auteurs sur l'Amérique, et cependant une pareille espèce
n aurait pas été négligée. Si elle est originaire de Ceylan et de Malabar, il n'est
pas étonnant que Roxburgh {Fi. Ind., 2« édit., v. II," p. 255) ne l'ait vue que
cultivée; il affirme que les pieds élevés de graines des Antilles sont semblables
à ceux de l'Inde. Les deux autres espèces du genre sont, l'une d'Asie, l'autre
d'Amérique; mais il est possible que le genre entier tombe dans le C^esalpinia.
Aselepias curassavica, î.. —Commun en Amérique; indiquéaussi aux îles
de la Société (Lay et Collie, dans EndL, Fl. Sudseeins., etc.) et à Canton (Hook,
et Arn., Voy. Beechey, p. 200) ; mais il me paraît évident qu'il s'est échappé des
jardins ou qu'il a été apporté dans ces localités. On sait combien cette plante
se multiplie aisément. Si elle était primitive ou ancienne en Asie, on la verrait
presque partout. Roxburgh n'en parle pas dans son Flora Indica, édit. Gardner
[Joiirn. horlic. Soc., IV, p. 40) la cite comme naturalisée etd'origine améri--
caine, dans l'île de Ceylan. Les 39 autres espèces d'Asclepias connues sont
d'Amérique, ce qui me paraît indiquer assez clairement l'origine.
? Ipomoea pes-tigridis, L. — ® — T Inde et archipel indien (Choisy,
P/'odr., IX, p. 363); 2Mle de Saint-Thomas, mais seulement dans les cultures
de canne à sucre, et d'après cela probablement introduite (Schlecht., Limi. 4 831,
p. 741 ; Choisy, L c.).
Quamoclit vulgaris. Choisy (Ipomoea Quamoclît, r .). — 0 — Cette
petite plante, si distincte et si élégante, est spontanée dans l'Asie méridionale et
l'Amérique intertropicale. Elle est souvent cultivée, d'où l'on peut présumer
qu'elle s'est échappée des jardins Je la crois originaire d'Asie, car elle est fort
commune dans l'Inde, où elle porte plusieurs noms vulgaires, en particulier un
nom sanscrit (Roxb., Fl. Ind , édit. Wall., Il, p. 93; Piddington, Index) : mais
à Ceylan, il est douteux qu'elle croisse (Moon, -Caí,) et elle a un nom étranger
(p. 3). En Amérique, elle est abondante et spontanée certainement en plusieurs
points, notamment au Mexique (Benth., Bot. Snlph.^ p. '133), à Para
(Choisy, Prodr., IX, p. 336) ; mais je vois qu'à la Jamaïque, dans le siècle dernier,
elle n'existait que cultivée (Browne, Jam., p. 155), comme aujourd'hui, à
l'île Maurice (Bojer, H. Maur.). Introduite dans les jardins européens en 1583,
Csesalpinus en parla le premier (p. 4 54), sous le nom de Gelsiminiim rubrum. Il en
ignorait l'origine. On lui donna dans les jardins le nom de Quamoclil,ei Camerarius,
en 1588, la figura sous ce nom (Hort, med., p. 135). Il dit : « Planta nova ex
India, » ce qui s'entendait alors plutôt de l'Amérique (voy. id., p. 94). Clusius
(Curse post., p. 8), en 16H, donna une bonne planche, et appela l'espèce Qiiaynoclit
aut Quamochlit sive Jasminum aniericaniim. Ainsi, la notion vraie ou fausse
que l'espèce était américaine, s'est introduite entre 1 588 et la mort de Clusius.
L'orthographe nouvelle du nom Quamochlit semble montrer qu'on croyait le mot
mexicain. Je ne sais où de Theis {Gloss., p, 242) a été imaginer que Quamocht
vient de xvafxoç, haricot, et xXtzdç, bas, nain. Linné (II. Cli/f., p. 66), dit : « est
nomen harbarum. » Malgré Vh ajouté par Clusius, on continua d'écrire Quamoclit
(Columna, Aq. et ierr,, t. LXXII, très bonne). L'espèce n'est pas spontanée
en Afrique, ni dans les îles de la mer Pacifique.
llyptis capitata, Jacq. — Commun dans FAmérique tropicale, a été trouvé
aussi à Manille (Benth., Prodr., XII, p. 1 06). Je ne le possède que d'Amérique.
La rareté extrême, partout ailleurs, montre qu'il y a eu une introduction locale à
Manille. Le calice n'est pas épineux. Voyez page 784.
U^ptîs spicata, Poit. — ®—-Est dans le même cas (Benth., ib., p. 1 21
son calice est scabre, non épineux; sa présence en Asie dans un seul point, où
il y a beaucoup d'espèces introduites, est suspecte. Voyez d'ailleurs page 784.
n ^ p t i s suaveolcns, Polt. — @ — Commun en Amérique, a été trouvé
aussi à Java (ZolL, 2241 !), aux Moluques, aux Philippines et dans l'Inde
(Benth., Prodr., XU, p. 126). Le cahce est poilu ; de plus, entre les poils, on
voit une matière suintée qui donne probablement la bonne odeur de l'espèce. Il
faut remarquer que c'est une plante officinale, cultivée comme substitut de la
mélisse. Par conséquent, il est possible qu'elle se soit échappée des jardins de
Java, Manille, etc. Voyez page 784, les probabilités d'origine de tous les Hyptis,
Gomphrena globosa, L. — @ — Spontané maintenant dans quelques
points de l'Amérique méridionale et de l'Asie méridionale. Étant, en outre^ généralement
cultivée; ayant des graines nombreuses, dures, lisSes, et qui germent
avec une grande facilité dans les sables humides et près des terrains cultivés, il
n'est pas probable que cette plante soit originaire de deux continents. Elle
a plutôt été transportée par l'homme. En partant de cette hypothèse, l'originede
l'espèce est un problème assez délicat. Les indices botaniques sont en faveur de
l'origine américaine. En effet, il y a 78 Gomphrena bien connus [Prodr,,
XIII, part. Il, p. 383), dont 75 américains et 3 de la Nouvelle-Hollande. Je regarde
le Gomphrena hispida, L., fondé sur une mauvaise planche de Rheede. comme
très douteux, ainsi que le Gomphrena cylindrica, Schum., dont M. Moquin n'a
pas eu d'échantillons et dont le Flora Nigritiana ne parle pas. Le Gomphrena
hispida, de IMnde, paraît tout aussi bien une Verbénacée ou une Composée qu'un
Gomphrena. Ainsi, il est peu probable qu'un vrai Gomphrena se trouve ou en
Asie, ou en Afrique. Les indices lopographiques (stations, localités) sont douteux.