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1130 DiSTlUiiUTlO.N l)i.;s PLANTES j/UN GENllK LANS SON HABITATION.
Les habitations génériques sont quelquefois i.iterrompues par des
espaces considérables. Il n'est pas très rare de voir dans l'hémisphère
austral les mêmes genres que da.is l'hémisphère boréal, avec interruption
dans presque toute la zone intertropicale. D'autres genres sont séparés
par 1 ocean Atlanli.p.e, ou par le grand Océan. Ce phénomène de disionctioa
est très rare pour les espèces, et nous avons vu qu'il fait naître des
reflexions extrêmement importantes, à cause des hypothèses sur l'origine
unique ou multiple des espèces et de l'idée qu'on peut se faire des moyens
de transport actuels ou antérieurs. Il n'en est pas de môme dans le cas
des genres disjoints. La répétition à de grandes distances de quelques
ormes genenques ne conduit à aucune conséquence qui ne soit pour ainsi
dire evidente. Elle indique une certaine analogie de climat. Elle prouve
que la cause quelconque de la formation des genres a agi dans différentes
contrees d une manière semblable. On peut croire aussi que les genres
uiaintenant disjoints ont eu jadis une liabitation très vaste, et que certaines
révolutions du globe ont causé l'interruption actuelle. Ces réflexions
se présentent souvent à l'esprit des géologues. J'y reviendrai dans les
ciiapitres qui suivent, mais pour constater des faits, plutôt que pour
m etendre sur des considérations qui sont ordinairement étrangères à la
botanique et dont je parlerai seulement dans le chap, xxvi
CHAPITRE XIII.
DISTUlliUTION DES PLANTES DUN GENRE DANS SON HABITATION.
ARTICLE PREMIER.
R É F L E X I O N S PRÉLIMINAIRES.
Le sujet dont je vais m'occuper est assez obscur au premier aperçu
Lda vient de ce qu'un genre est une chose complexe et de ce qu'on peut
d ailleurs l'envisager sous des points de vue dilférents.
Ainsi, un genre se compose d'espèces et d'individus. On pourra donc
appeler un genre commun dans telle ou telle localité ou région, parce
que ses espèces y sont nombreuses, ou parce que plusieurs d'entre elles v
sont représentées par de nombreux individus. En outre, à l'occasion de la
repartition des individus dans l'habitation de l'espèce (p. Ii57 m )
nous avons vu qu'on peut envisager tantôt l'association ou l'isolemen't
clans des localités restreintes, tantôt la diflusion ou la rareté dans un
pays d une certaine étendue et dans l'habitation tout entière
DIFFUSION DES PLANTES D'DN GENRE DANS SON IIAPITATION. 1131
En d'autres termes, il y a dans l'étude de la distribution des plantes
d'un genre des faits topographiques et des faits géographiques, des faits
concernant les individus et des faits concernant les espèces envisagées
comme unités. Ces notions se confondent plus ou moins dans l'esprit et
dans le langage des botanistes. Il faut cependant s'efl'orcer de les distinguer,
car dans toutes les parties de la science, la clarté conduit à de bons
résultats, et l'obscurité engendre souvent des erreurs.
A R T I C L E II.
DE L'ASSOCIATION ET DE L'ISOLEMENT DANS LES LOCALITÉS OU STATIONS.
Les espèces d'un même genre, comme les individus d'une môme espèce,
se présentent fréquemment groupées dans une môme localité. L'analogie
de structure et de dispositions physiologiques entre les espèces conduit à
ce résultat. Quand le groupement est un cas fortuit, on y fait peu d'attention,
mais quelquefois c'est un cas habituel pour un genre et alors il
vaut la peine de le constater. Ainsi, les espèces deSaxifraga de nos montagnes,
les Arahis de certaines localités rocailleuses, les Medicago des
prairies sèches, les Erica de certaines plaines à sol léger, les Carex des
prairies marécageuses ont évidemment une disposition à se réunir dans
les mêmes localités. Ce ne sont pas toujours les individus qui se groupent
en quantité pour former des espèces sociales; ce sont quelquefois des
espèces nombreuses du même genre, qui constituent une agglomération,
uniforme en apparence. J1 y a donc des genres sociaux, c'est-à-dire dont
les éléments vivent d'ordinaire en société, comme il y a des espèces
sociales.
Le phénomène se produit dans les mêmes circonstances et par les mênieâ
causes. Je puis donc me dispenser d'entrer dans plus de détails et renvoyer
le lecteur au chapitre VI, article iv, p. /¡57,
ARTICLE m.
DE LA DIFFUSION DES PLANTES D'UN GENRE DANS SON HABITATION.
§ L EN CONSimÎRANT LES ESPiiCËS.
Chaque espèce d'un genre a une habitation d'une certaine étendue,
d'une certaine situation géographique. Elle est séparée des autres espèces
ou elle est réunie plus ou moins avec elles. A ce point de vue, les éléments
d'un genre sont plus ou moins diffus, plus ou moins condensés, et surtout
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