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638 CHANGEMENTS DANS L HABITATION DES ESPECES. NATURALISATIONS A PETITE DISTANCE. 639
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en 1837 : « Elle paraît s'y perpétuer depuis longues années. Les graines
y auront été portées accidenlellement. » Elle n'a pas pénétré encore dans
les départements de la Dordogne (Des Moulins, Cat.^ et Suppl., II), ni de
la Gironde (Lalerr.j FL Bordel,, édit. 18/ i6)/Je n'ai trouvé aucune mention
pour la péninsule espagnole, où cependant la plante est cultivée depuis
près de trois siècles. Elle s'est naturalisée près d'Alger, dans un pré peu
éloi^^né de la colonne Voirol (Munby, F/., p. 5(3). L'espèce paraît s'être
naîuralisée autour des jardins dans lesquels on la cultivait, et non par le
transport des graines au moyen du vent, des oiseaux, etc.
Le C a l e p i n a Corviiiî^ Idesv. (Bunias coclilearioides, Murr.), est une
crucifère bien spontanée dans les lieux humides des déserts, au nord de la
mer Caspienne ( Clans, dans Goibel, Reise^ II, p. 255), dans les prés,
autour de Lenkoran (Holien., PL Talusch, p. l/i/i), dans les prés, également,
à Zante (Reut. et Marg., F/.), en Italie (BertoL, F/, / L , VI, p. 601)
et en Sicile (Guss., Syn.^ II, p. 1/|/|); mais qui, hors des alentours du
Caucase, par exemple en Crimée (Bieb., II, p. 87), en Hongrie (Waldst.
et Kit., II, t. 107), et surtout dans le midi de l'Allemagne et en France,
est indiquée dans des stations plus ou moins artificielles, comme les
décombres, murailles, bords des champs, etc. Cette circonstance, et le fait
qu'elle manque à plusieurs Flores de pays où il semble qu'elle devrait
se trouver (Sm. et Sibth., Prodr. FI. Groec.^ II, p. 8; Fraas, Syn.\
Munby, Fl. Alg. ; Noulet, FI. bassin soiis-Pyr. ; Laterr., FL Bord. ;
Colm., Cat. CataL^ etc.), font présumer une existence peu ancienne
en Europe. Effectivement, Tournefort ne l'indique pas autour de Paris;
du moins je ne la vois pas dans son His loir e des plantes des environs
de Parisj et aucun auteur ne la cite. Néanmoins, du temps de
Vaillant, elle était connue sur les murs des jardins, à Passy. Il la désigne
sous la phrase : Rapislrum folio glauco sinuato flore alho (Bot. Par,^
p. 171), et l'échantillon a été vérifié dans son herbier (DC., Syst.^ I,
6à9). Cette localité, alors récente et unique, à la porte de Paris, fait présumer
que l'espèce était sortie de quelque jardin ou avait été transportée
avec des graines venant d'ailleurs. Maintenant, le Calepina Corvini est indiqué
dans plusieurs localités du centre de la France (Boreau, FL dép.
centre; Lecoq et Lam,, Cat.^ p. 77), et jusqu'aux environs de Paris
(Cheval., Fl, Par.^ p. 867*, Cosson et Germ., FL Par.^ I, p» 107),
sur les murs, les rocailles, dans les champs et les vignes. J. Bauhin ne
paraît pas l'avoir connu (Moris, Fl. Sard.^ I, p. 113), ou, si Ton veut
admettre le synonyme cité autrefois par de Candolle (Syst.)^ il le considérait
comme une plante d'Italie qu'il avait cultivée dans un jardin de Stuttgard.
Lui et son frère connaissaient cependant bien les plantes de la vallée
du Rhin et des pays voisins, et le Calepina Corvini existe aujourd'hui dans
deux localités de la Côte-d'Or (Lor. et Dur., FL^ I, p. 99), en Lorraine,
dans les moissons, où il est peu commun, cela est vrai (Godron, FL, I,
p. 79), près de Mayence et de Coblentz (Koch, Syn. ; Doll, Rhein. FL).
Cette espèce a été indiquée par Murrith dans une localité chaude du Valais,
à Branson; mais en Suisse, elle ne paraît guère que comme plante adventive.
Ainsi, on la trouva, en 1837, dans un terrain à bâtir à la porte de
Genève (Rent., Cat. suppL, 1,1841, p. 11), où elle ne s'est pas maintenue.
Barrelier {Plant, per G^aZL, etc., p. 38) ne l'avait vue que sur les
bords du Tibre. En résumé, ce doit être une plante des bords de la
mer Caspienne, qui manquait probablement à l'antiquité grecque et latine,
et qui s'est répandue dans les temps modernes en Italie, ensuite dans le
midi de l'Allemagne et le centre de la France, où elle est tantôt naturalisée,
tantôt adventive.
Le Bamias orîcntaiîs, L., est une crucifère vivace ou bisannuelle, très
commune en Sibérie, au Caucase, dans le midi de la Russie, en Transylvanie,
en Gal icie(Zawadski ,^nwm. ,p.77) , en Lithuanieet Livonie(Ledeb.,
F L R o s s . , 1 , ^ . 226), en Suède etenDanemarck(Fr ies,5wmma, p. 28),en
Allemagne, seulement au nord-ouest, près delà mer Baltique (Koch, Syn. ;
RohL, Deutsch. Fl.^ IV, p. /|93). Elle croît dans les prés humides, au
bord des chemins, dans les cimetières, etc. Maintenant, elle s'est naturalisée
près de Paris, au bois de Boulogne et à Vincennes (Mut., FL Fr., I,
p. Zi55); depuis longues années, disent MM. Cosson et Germain (F/ . Par.,
I, p. 106); probablement il y a environ 2b ans, car Chevalier (FL Par.,
p. 865) disait en 1827 : (c Elle me semble s'êfre naturalisée dans nos
environs, » Déjà, en 182/i,M. Lejeune (FL Spa, p. 133) l'indiquait près
de Limbourg, Dison, etc., dans les fentes des rochers, comme plante exotique,
naturalisée. M. Th. Lestiboudois {Bot. Belg., II, p. 331) disait en
1827 : (T Semé en divers lieux de la Belgique, où il s'est naturalisé. »
Dans cette partie de VEurope, l'espèce a été évidemment introduite par les
jardins, ou semée par des botanistes. Dans le nord-est, elle paraît être
venue d'Orient, de proche en proche. Linné disait : Crescit in Russia.
Retzius {FL Scand. Prodr., p. 128) la cite cependant en Scandinavie. Le
Flora Danica en a donné une figure, en J819, comme d'une plante peu
commune de Suède, Norwége etDanemarck, sans citer d'anciens auteurs.
Wahlenberg, en J820, dans sa Flore d'Upsal, disait : In arms et agris
nunc temporis tam copiosc ut extirpari nequeat. Quoique le Bunias
orientalis soit en Norwége, il n'est point encore aux îles Féroé (TreveL,
Veg. Fer.), ni en Ecosse et en Angleterre, où il aurait bonne chance de
réussir. Je crois qu'il faudrait l'y transporter pour cela, car malgré ce
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