•1180 nOMPAHAISON' DES F.SPKCES DICOTVr^KnOKES ET iiONOCOTYLÉnONES.
élévation pour que la plupart des localités se trouvent à la limite des neiges
perpétuelles. En pareil cas, la i)roportiou des Dicotylédones doit augmenter
et celle des Monocotylédones diminuer. Le contraire est probable si le pays
présente de vastes étendues marécageuses. Il se trouve alors dans la condition
des localités froides et humides des hautes montagnes, où l'on sait
((ue malgré l'élévation absolue la proportion des Dicotylédones est faible
et la proportion des Monocotylédones considérable. Les régions polaires,
d'une certaine étendue, comme le Labrador, l'Islande, l'île Melville, etc.,
doivent offrir un mélange de ces deux catégories de conditions. Il doit en
résulter des variations dans les classes, selon que l'une ou l'autre des
conditions prédomine, tandis que sur les montagnes les localités marécageuses
sont ordinairement une exception.
Je reviens aux pays rapprochés des tropiques ou de l'équateur.
La proportion des classes y est peu connue, faute de renseignements
l)récis sur le nombre des espèces et sur l'étendue des contrées dont les
auteurs ont voulu parler.
Selon M. R. Bro^vn {Gen. rem., p. 6), les proportions dans la Nouvelle-
Galles du Sud, d'après des collections déjà assez complètes, étaient de
3 à 1, c'est-à-dire 75 et 25. Le pays où les collections dont il s'agit
avaient été faites doit s'entendre de la zone étroite comprise entre la mer
et les montagnes, ayant Port-Jackson pour centre, sous 33°55' lat . sud.
Les chiffres paraissaient à peu près semblables de l'autre côté du continent
australien sous une latitude analogue, mais à l'extrémité australe de
Yan-Diémen (/iS« lat.), et aussi dans la partie équinoxiale de la Nouvelleliollande,
vers la baie de Carpentarie, le rapport semblait à M. R. Brown
devoir être de /i à 1, soit 80 et 20. Ceci serait bien différent de ce qu'on
observe en Europe, car la Nouvelle-Galles, étant un pays plus sec et plus
chaud que Van-Diémen, devrait offrir une proportion de Monocotylédones
plus faible. La Flore de Van-Diémen par le docteur Hooker n'étant pas
terminée, je ne puis dire à quels chiffres s'élèvent réellement, d'après des
documents complets, les espèces des deux classes. Pour la colonie de
Swan-River, au sud-ouest de la Nouvelle-Hollande, les collections de Preiss
donnent IZiôO Dicotylédones et 355 Monocotylédones (a). Le rapport est
donc de /i,l à 1, soit 80, 3 et 19,7, ce cjui se rapproche plus des chiffres
admis par M. Brown pour Van-Diémen et Carpentarie, c|ue de ceux qu'il
admettait pour le même pays, d'après des documents inférieurs à ceux de
Preiss. Les proportions de 80 à 20, si fréquentes dans les divisions de
(a) Grisebach, Bericht, 1844, p. 8-i, cl I.elimann, Pl. Preiss., vol. II, fasc. I. J'ai prouvé
ne pas comprendre les Suppléments qui se rapportent à quelques familles et aux
plantes de Drummond en partie.
COMPARAISON DES ESPÈCES DICOTYLÉUONES ET MONOCOTVEÉDOKES. -MH/
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l'Australie, se voient aussi en Egypte, pays analogue au point de vue de
la distance de l'équateur, de l'étendue et des conditions de sécheresse. La
grande dilTérence est dans la composition des familles, soit de Dicotylédones,
soit de Monocotylédones, en particulier de celles-ci, car les Orchidées,
Iloemodoracées, Restiacées, Liliacées, ne ressemblent guère aux Graminées
et Cypéracées de l'Egypte.
Au cap de Bonne-Espérance, le chiffre des Monocotylédones est singulièrement
élevé (2Zi pour 100), malgré la sécheresse générale du pays et
l'étendue de surface considérée dans le calcul. La proportion est plus forte
que dans une étendue correspondante de l'Europe moyenne. Cela s'explique
par l'abondance des Liliacées et des Iridées, qui forment 35 pour 100 des
Monocotylédones, et qui sont ordinairement dans ce pays des plantes de
terrains, secs. Du reste, le travail remarquable de M. E. Meyer (a) fait
ressortir la composition particulière des Monocotylédones de l'Afrique
australe, et montre combien les proportions des deux grandes classes
varient d'un district à l'autre. Les extrêmes, pour des Flores, il est vrai
imparfaitement connues et sur des espaces de terrain inégaux, se trouvent
être 1 : 2,/i5 et 1 : /i,90. Ce dernier chiffre basé sur /i8 Monocotylédones
et 235 Dicotylédones (16, 9 et 83, 1 sur 100 Phanérogames), le plus favorable
aux Dicotylédones, existe dans les collections deDrège pour un district
élevé et desséché de l'intérieur. Sous de pareilles conditions, et pour
une petite surface, les proportions se trouvent à peu près comme aux îles
Canaries, dont les circonstances ne sont pas très différentes. En général,
au Cap, comme en Europe, les Dicotylédones augmentent sur les montagnes
et les Monocotylédones diminuent. La région orientale fait exception
à cet égard, mais cela tient probablement à une abondance considérable de
p l u i e s , \ e qui fait rentrer l'exception dans les règles ordinaires (b). Dans
l'île Maurice, la proportion des Monocotylédones est très élevée. A l'île
Norfolk, dans les îles de la Société, elle est assez forte. L'influence d'un
climat humide s'y fait sentir. Les chitïres concernant Bahia, Juan-Fernandez,
Java, sont douteux, et je n'oserais en faire usage.
Dans la zone équatoriale, en particulier sur terre ferme, les proportions
sont encore incertaines.
M. R. Brown {Gen. rem., p. 5) estimait le rapport de 5 à 1 (83,3 et
16, 7 pour 100) dans la moyenne des Flores de pays entre 0" et 30" latitude
nord. Les herbiers du Congo lui fournissent ensuite, pour cette région
africaine, chaude et humide, le rapport de Zi à i (80 et 20 pour 100).
Pour l'immense étendue de côtes formant Angola, le Congo et les deux
{a) 7Aoei Pflanzen geogr. Documanle, p. 32.
(b) Id., ibid., p. 35.
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