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8 0 8 CIIANGEMFmNTS DANS î/ilAIUTATtON ])KS ESPÈCES.
On il Irouvé clans les mêmes tourljos ¡les iruils et des Irenes de Corvlns
Avellana, espèce (|ui existe encore dans la Grande-Bretagne et aux Grcades
(Wats., Ctjh., Il, p. 379). Le Hetnla alba, L., manque aux îlesFeroë, mais
on le voit encore dans la tourbe (Ch. Martins, Vég. Feroë, dans Voy. en
Scandin., etc., Ji, p. 363). L'auteur ne croit pas que la destruction en soit
ancienne, et il l'attribue à l'imprévoyance des habitants. Il serait intéressant
de chercher dans les couches anciennes de tourbe, en Ecosse, en
Irlande, et ailleurs, les espèces qui existaient jadis dans le pays et qui ont
disparu, soit en se maintenant aujourd'hui dans d'autres régions, soit d'une
manière absolue peut-être, comme le cerf gigantesque des tourbières
d'Irlande. Malheureusement, il ne paraît pas que ce travail ait été fait,
même en Ecosse, où tant d'hommes instruits pourraient s'en occuper, et
où M. Neill en avait indiqué l'importance, déjà en 18/|3 et même antérieurement
(Ann. of nat. hist., XI, p. 73).
En général, dans les pays froids et humides, la destruction d'une forêt
amène la production de la tourbe, et celle-ci empêche la reproduction des
espèces ligneuses. On l'a vu fréquemment dans le nord-ouest de l'Europe
(Lyell, 6r>o/.), et aussi dans nos montagnes de la Suisse (Lesquéreux,
Reeh. sur les marais tourbeux, p. h7, 85, etc.). Il suffit que des coups
de vent aient renversé les arbres, que des neiges considérables ou des
incendies les aient fait périr, que l'homme, avec son imprévoyance ordinaires,
les ait rasés, pour que les mousses viennent s'emparer des bois morts
ou du terrain humide ; alors, elles s'y éta])lissent d'une manière absolue.
Les parties inférieures cessent bientôt de végéter; elles deviennent de la
tourbe, dont la nature chimique, indépendamment du tapis serré de la
surface du marais, s'oppose à la germination et au développement des
arbres. Il est donc inutile de supposer un changement dans le climat pour
expliquer la disparition des forêts dans le nord-ouest de l'Europe et sur
quelques montagnes du centre. Je reconnais seulement que, vers l'époque
plus reculée où les forêts s'y étaient établies, les conditions devaient être
différentes, car, dans ces régions, quand le terrain est vacant, il vient des
mousses et de la tourbe; alors, il venait des arbres. Mais ceci nous conduit
à des questions géologiques et à celle du premier développement des
espèces, dont j'aurai bientôt à m'occuper (chap. XI).
ORlGINf: UKOGKAPUIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES. 809
CHAPITRE IX,
ORIGINE GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
SECTION PREMIÈRE,
ESPÈCES CULTIVÉES VOLONTAIREMENT.
A R T I C L E PREMIER.
POSITION DE LA QUESTION ET NATURE DES RECIIliUCOES A FAIRE.
Nous avons étudié les faits de Textension des plantes spontanées. Nous
avons vu que souvent une culture préalable a été la cause du transport et
de la naturalisation des espèces dont l'habitation s'est agrandie. Î1 s'agit
maintenant d'examiner des feits, qui se présentent dans un ordre inverse,
et qui sont antérieurs par leur date, sans être cependani plus anciens
que l'homme. Je veux parler de la mise en culture de certaines espèces^
et de l'origine, souvent douteuse, quelquefois encore inconnue^ des plantes
généralement cultivées.
La question a de l'importance, non-seulenjent à cause d'une connexion
intime avec l'histoire générale des peuples, mais aussi à cause de l'incertitude
où l'on a été longtemps sur l'origine de la plupart des espèces cultivées,
incertitude qui a fait naître des suppositions étranges, par exemple,
celle d'une création et d'une distribution surnaturelles de ces espèces, ou
d'une disparition de continents, depuis l'époque des premières cultures.
On s'est demandé aussi jusqu'à quel point ces espèces ont été modifiées par
l'action de l'homme, et si, peut-élre, plusieurs d'entre elles ne seraient pas
un produit factice de nos cultures.
Ces questions, malheureusement, sont remplies de difficultés et de
complications. Ainsi, l'ancienneté et la généralité de plusieurs cultures
empêchent assez souvent de constater si les individus qui paraissent spontanés
dans un endroit y sont vraiment tels, et surtout si l'espèce a toujours
existé dans le pays dont il s'agit.
Des graines peuvent être sorties de champs ou de jardins ; elles peuvent
être restées enfouies dans un sol sur lequel jadis la plante avait été cultivée.
Dans les cas de cette nature, un voyageur peut prendre pour spontanée
une espèce qui est adventive, ou naturalisée, ou plutôt, en employant
un mot allemand très expressif qui nous manque, verwildert^ devenue
sauvage. Ainsi, quand on prétend avoir trouvé du blé ou du seigle spontanés,
dans une région sauvage de la Perse ou de l'Asie Mineure, il doit
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