m ORIGINE GÉOGUAPIIIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
([u'on ne peut fixer. Il n'est pas spontané à la Jamaïque, dit Sloane ( / am. ,
II, p. 170) , mais il se sème et se répand hors des cultures. Ceci doit nous
rendre défiants sur les expressions des auteurs, par exemple sur celles de
Jacquin (Amer., p. 52) : « Habitat in Martinica et Domingo... in
Jamaica; » sur celles du Nova genera de MM, de Humboldt, Bonpland,
Kuntli (III, p. 236) : « Crescit in prov. Caracasana prope La Victoria,
in insula. Cuba Los Guiñes, in Peruvia, etc., » et sur d'autres analogues.
Aucun ouvrage, à ma connaissance, ne certifie la qualité spontanée
de l'espèce dans telle ou telle localité. Ne trouvant l'espèce, ni dans Piso
et Marcgraf, ni dans Hernandez, je la crois originaire des Antilles, plutôt
que du continent américain. Il ne paraît pas qu'on l'ait transportée en
Afrique (Hook., F l . Nigr.-, Boj . , H. Maur.), ni en Asie (Roxb.; Wight
et Arn. ; Hassk., Cat. Bog.; Blanco, F l . Filip.), peut-être parce que le
fruit est peu estimé en Amérique.
Le même nom de Caimito s'applique au Lucuma Caimito, Alph. DC.,
Pro( / r . , VIII, p. 1 6 7 , arbre de la même famille des Sapotacées, à fruit
comestible, croissant au Brésil.
Lncnma mammu s a , Ga^rtn. (jlcliras mamino s a , fi ). — La Sapote
des Espagnols, Mammei-sapote des Français et des Anglais, est un arbre
spontart'é dans les forêts des Missions de l'Orénoque (Humb. et B. , Nov.
gen.. Ill, p. 2/i0), On l'indique aussi à Carthagène (Jacq., Amer., p. 57)
et dans plusieurs des îles Antilles (id.-, Maye., F l . Barb., p. 'lZi6), mais
sans préciser s'il est spontané ou cultivé. D'après ce que dit Sloane (II,
p. 125), je le crois seulement cultivé à la Jamaïque et probablement aussi
dans les autres îles.
On n'en a pas essayé la culture en Afrique et en Asie, si ce n'est aux
îles Philippines (Achras Lucuma, Blanco, FL, p. 2 3 7 ) . Le nom de Mamei
qu'on lui donne dans cet archipel montre bien l'origine américaine, que
Blanco cependant n'affirme pas. Le fruit est fade.
S a p o f a Achras , Mill. (Achras fSapota, L.) . — Le Sapotier, Sapotillier,
Sapotiller, Sapodiller des Français, Zapota, Zapotilla, Nispero
des Espagnols, un des arbres fruitiers les plus estimés en Amérique, se
trouve spontané dans les forêts du Venezuela (Jacq., ime r . , p. 5 9 ; Humb.
et Bonpl., N. gen., HI, p. 239) , dans une île près de Campêche (Sloane,
Jam., II, p. 172) , dans les forêts de la Jamaïque (id.). Comme il est cultivé
depuis longtemps et fréquemment, je ne serais pas surpris qu'il fût
naturalisé, et non originaire, dans quelques-unes des Antilles.
Il a été introduit à l'île Maurice, dans les jardina (Boj., H. Maur.,
p. 197) , aux îles Philippines (Blanco, FL, p. 236, où il dit ignorer l'origine),
cà Java (Hassk., Pl. Jav. rar., p. /i63) et peut-être aussi dans
OiUGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 9 1 5
quelquesjardins de l'Inde (Boxb., F i . , II, p.185- ,Wall., l u i , n»H/ l 8 , F) .
La rareté dans les plantations de ces pays, la nature des noms vulgaires,
le silence des premiers auteurs tels que Rheede et Rumphius, et celui de
Loureiro, qui est pourtant plus moderne, ne laissent guère de doute sur
une origine étrangère.
S o l a n u m e s c u l e n t « « . , ! » « « . ( S . m e l o n g e n a , L . , part.). —L'Aubergme
a plusieurs noms sanscrits (Wall.dans Roxb., FL l7id.,ll, p. 2/i8-,ridd.,
Lndex), ce qui prouve immédiatement une origine asiatique. Rheede (X,
tab. 7/1'), Rumphius (V, tab. 85) , Loureiro (FL Coch., p. 161) décrivent
la plante comme généralement cultivée dans l'Asie méridionale et
l'archipel indien. Ces auteurs ni d'autres plus récents ne disent l'avoir
trouvée sauvage, mais Rumphius l'avait vue ordinairement près des habitations.
Elle est arrivée en Europe depuis les Romains, sans doute par
les communications de proche en proche avec l'Orient. Rauwolf (FZ. or . ,
édit. Gron., p. 26) l'avait vue cultivée, en 157Zi, dans les jardins d'Alep,
sous les noms de Melanzana, d'où vient Melongena, et de Bedengiam,
que Forskal (p. LXIII) écrit Badindjân. Ce dernier nom, qui tire son origine
de l'hindoustani Baingan, Badanjan (Pidd., Ind., p. 82) et du
sanscrit Bhuntakee (Wall., L c.), paraît la source de notre nom Aubergine
Les plus anciennes descriptions des auteurs européens ne datent que
du commencement du xvi f siècle (Dun., Mon. SoL, p. 209) , mais Ebn
Baithar, médecin arabe du xi i f siècle, en parlait déjà et citait Rhazes
(Ebn Baithar, trad, allem., I, p. 116) .
L'espèce est cultivée sur la côte occidentale de l'Afrique (Hook., i l .
Nigr., p. / i73) ; à l'île Maurice, sous le nom de Bringelle (Boj., H.
Maur., p. 240),' et en Amérique ; mais pour cette région, le plus ancien
synonyme indiqué par les auteurs est celui de Hughes, et encore il n'est
pas bien sûr et ne remonte qu'au milieu du xviii^ siècle.
La difficulté de distinguer l'espèce du S. insanum, rend la recherche
dans les anciens auteurs très difficile. Elle a, du reste, peu d'importance
au point de vue qui nous occupe, car nous sommes certains : 1° de l'origine
asiatique -, 2° que la plante n'a pas été jusqu'à présent trouvée sauvage.
l . y c o p e r s i e w m e s e u i e n t u m , Mi l l - — La Tomate OU Pomme d'amour,
appartient à un genre dont toutes les espèces sont américaines. Elle n'a
point de nom sanscrit, ni même de nom indien moderne, d'après le silence
de Roxburgh (FL Ind., édit. 1 8 3 2 , 1 , p. 565) et de Piddington (Index).
Elle n'avait pas pénétré au Japon du temps de Thunberg (FL Jap.), ce
qui montre qu'elle n'existait pas anciennement en Chine. Rumphius (Amb.,
V, p. / i l6) indique le nom de Tomatte, comme usité par les Malais, et
ce nom est américain, car Guilandinus, dans le xvif- siècle, appelait Iîî
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