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Sà2 OmaiM'] r.KOUUAl'ItlQUK DKS ESPÈCES CULTIVÉES.
Ceux (jue j'ai cités nppartieiìiioiil. aux langues celtes et slaves, et mémo
à dos laiignes plus anciennes asiatico-eiu'opécnnes. 11 reste quelques noms
dont j e ne puis retracer l'oriiiine, tels que RepoUo, qui signilie Chou cabns
en espagnol (Gattel, Dici. £sp.] et se retrouve en portugais (Moritzi,
Diet.), Jarmuz en polonais (id.), Sjami en arabe (Forsk., p. uv) , Aaxavov
ou .\ax7va, en grec moderne (Sibth., i'rodr.. Il, ]). 29; Fraas, Syn. Fl.
class., ]). 121). Ce sont des noms, ou modernes, ou extrêmement locaux,
et peut-être concernant des variétés particulières.
Sans nous arrêter à ces mots exceptionnels, nous pouvons dire que la
grande masse des noms appliqués aux variétés du Brassica oleracea dérivent
de quatre racines distinctes : une celto-slave, Cap; une celtique,
Bresic; une celto-germano-grecque, Caul ; enfin, une gréco-germanique,
Cramh. Ces faits sont incompatibles avec l'idée que toutes les races de
Choux viendraient du IJrassica oleracea sauvage sur les côtes occidentales
tie l'Europe. Les peuples primitifs de notre continent avaient bien peu de
connnunications les uns avec les autres, et leurs migrations n'ont point été
des côtes de l'océan Atlantique vers la mer Noire et la mer Méditerranée.
Il faut donc, ou (pie l'habitation de Tesjiece ait été jadis plus étendue,
ou que les variétés cultivées dérivent, les unes de la plante des côtes
d'Océan, d'autres d'une plante delà Russie méridionale, d'autres, enfin,
(le la région gréco-latine. 11 serait bien possible que l'habitation ancienne
du Brassica oleracea s'étendit de l'Océan jusqu'à la mer Noire et la mer
Caspienne, à une époque où ces régions étaient plus boisées, plus humides,
plus imprégnées de seiet moins cultivées qu'à présent (a). 11 se pourrait
aussi que les Grecs et les Romains eussent commencé par cultiver les Brassica
eretica, Brassica balearica et Brassica insularis, propres à la région de
la mer Méditerranée; que certaines variétés vinssent de ces plantes si
voisines du Brassica oleracea, et que, plus tard, le mélange des Choux
cultivés, l'hybridation qui en résulte et la formation d'un nombre croissant
de variétés, aient rendu la distinction des origines impossible aux
botanistes.
Le nombre des variétés cultivées déjà dans le xvi'' siècle est très remar-
([uable. On peut voir dans un travail de mon père, couronné par la Société
d'horticulture de Londres (7] fm. on the di f f . species, races and varieties
of Brassica, dans Trans, hortic. Soc.), et dans le deuxième volume
du Systema, une classification complète de ces modifications diverses, et à
(a) l'allas mentionne un lîrassica oleracea sauvage dans le midi de la llnssie, mais
Lcdebour {Fl. Ross., 1, p. 218) n'a pas pu s'assurer du fait etviMifier la délerminaiion de
rospoco.
OltlGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 8/|3
l'appui de la plupart d'entre elles, des figures de Dodoens, Bauhin, etc.,
aussi exactes que si on les faisait aujourd'hui.
Lactuca Scariola, var. sativa, Moris. — Be Candolle (Prodr., VII,
part. I, p. 138, dit: <í Patria dubia, forte India orientalis. y> 11
ajoute : « Wallich, Cat. Compos., n" 35Zi, an spontanea? ^^ Dans la liste
autographiée du docteur Wallicb, ce numéro est devenu la plante n» 32/i/i,
originaire des herbiers de Madras et de AYigbt; d'où il ressort que rien ne
prouve sa qualité spontanée. Leu" 353 du Catalogue des Conqjosées (32/i3
de la liste) venait du Népaul, et se trouve rapporté dans le Prodromus,
avec doute, au Lactuca sativa. 11 n'est pas certain non plus qu'il soit spontané.
Le docteur Royle {lU. llim., p. 2/i7) dit (pie la Laitue ordinaire se
trouve dans les jardùis du nord de l'Inde. Roxburgh (/'7. Ind., édit. 1832,
m , p. / |03) l'iudiciue aussi dans les jardins et dit ignorer le pays natal
de'l'espèce. Comme elle n'a pas de nom sanscrit, mais ([u'elle est connue
dans l'Inde moderne sous le nom de Kahou (Roxb. ; Piddington, hid.;
Rovle), commun avec la langue persane (Roxb.) et analogue à l'arabe
Khuss (Roxb.), Chass (Forsk., p. Lxxii),jene puis admettre une origine
indienne, ni même une culture fort anciemie dans l'Inde. Loureiro et Thunberg
avaient vu l'espèce cultivée en Cochinchine et au Japon ; mais rien ne
prouve qu'elle y fût connue de toute ancienneté; au contraire, i.oureiro dit
cpie les Européens l'avaient introduite à Macao. M. lUinge {Eniim. pl.
Chin.) ne l'iudiiiue pas dans la Chine septentrionale.
Il faut donc revenir à l'Asie occidentale ou l'Europe comme patrie probable,
d'autant plus tiue la culture de l'espèce était ancienne et générale
dans l'étendue de l'empire romain, dans la Grèce antique et chez les Perses
du temps de Cambyse, d'après Hérodote (a).
La plántese propage assez souvent hors des cultures et persiste au point
de paraître spontanée (Boreau, 11. centr. France, 11, p. 27Ö ; Koch,
Syn. Genn., 2= édit., p. / |9/ i ; Trautv., dans Ledeb., Fl. Boss.,n.,
p. 806) ; mais j e ne connais aucune localité où l'on puisse dire qu'elle
offre réellement les caractères d'une plante spontanée.
11 paraît donc probable ipe la Laitue cultivée n'est qu'une forme du Lactuca
Scariola, si commun en Europe et jus(iue dans les régions du Caucase
et de l'Altaï (Ledeb., Fl.Ross.,ii, p. 8 0 5 ; Hohen., i^n. Talysch.,
p /¡O). Dioscoride déjà les distinguait seulement comme Thridax et Thri •
dax sauvage (Fraas, Syn. Fl. class., p. 199). MM. Koch (L c.), Moris
(Fl. Sard., Il, p. 532) et Bischoff (Beitrage z. Fl. DeutschL, p. 189)
(a) Philipps, History of cultivaled vegelahles, édiL., vol. I P- 315. Gel auteur,
malheureusement, a négl igé, dans la plupart des cas, de citer les ouvrages anc.cns
qu'il a consultés.