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8 8 2 OHÏGLXK GKOGKAl'llIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
noms persans. Le Pocher ne réussit pas ou exige de très grands soins pour
réussir dans le nord-est de l'Inde (Hook, f., Journ, of Bot., 1850, p. òli).
KnCliinej au contraire, sa culture remonte à la plus grande antiquité. 11
existe dans ce pays une foule d'idées superstitieuses et de légendes sur les
propriétés de diverses variétés de pêches; le nombre de ces variétés est
très considérable (Lindl., Trans. ìiort. Soc., V, p. 121); en particulier,
on y trouve la forme singulière de la poche déprimée ( l 'ran^. hort. Soc.
LoncLy IV, p. 512, tab. 19), qui paraît s'éloigner plus qu'aucune autre de
l'élal naturel de l'espèce ; enfin, un nom simple, celui de To, est donné à
hi pèche ordinaire (Roxb., L c.).
D'après cet ensemble de faits, je suis porto a croire que le Pêcher est
originaire de Chine plutôt que de l'Asie occidentale. S'il avait existé de
tout temps en Perse ou en Arménie, la connaissance et la culture d'un
arbre aussi agréable se seraient répandues plus tôt dans l'Asie Mineure et la
Grèce. L'expédition d'Alexandre est probablement ce qui l'avait fait connaître
à Théophraste (322 a\ant J.-C.), qui en parle comme d'un fruit de
Perse. Peut-être cette notion vague des Grecs remonte-t-elle à la retraite
des Dix mille (/lOl avant J.-C.) ; mais Xénophon ne parle pas du Pêcher.
Les livres hébreux n'en font aussi aucune mention. Le Pêcher n'a pas de
nom en sanscrit, et cependant le peuple parlant cette langue était venu
dans l'Inde du nord-ouest, c'est-iVdire de la patrie ordinairement présumée
pour l'espèce. En admettant cette patrie, comment expliquerait-on
que ni les Grecs des premiers temps de la Grèce, ni les Hébreux, ni le
peuple parlant sanscrit, qui ont tous rayonné de la région supérieure de
TEuphrate ou communiqué avec elle, n'auraient pas cultivé le Pêcher? Au
contraire, il est très possible que des noyaux d'un arbre fruitier cultivé de
toute ancienneté en Chine aient été portés au travers des montagnes, du
centre de l'Asie en Cachemir ou dans la Bouckarie et la Perse. Les Chinois
avaient découvert cette route depuis un temps très reculé. L'importation
aurait été faite entre l'époque de l'émigration sanscrite et les relations des
Perses avec les Grecs. La culture du Pêcher, une fois établie dans ce point,
aurait marché facilement, d'un côté, vers l'occident, de l'autre, par le
Caboul, vers le nord de l'Inde, où elle n'est pas très anciennecrits
chinois, et Noisette {Jard, fruit,, I, p. 76) a transcrit textuellement une partie de soil
mémoire. Ce sont des faits dans le genre de ceux-ci : Les Chinois considèrent les pêches
allongées en pointes et bien rouges d'un côté, comme le symbole d'une longue vie. Eu
conséquence de cette antique persuasion, ces peches entrent dans tous les ornements eu
peinture et en sculpture,,et surtout dans les présents de congratulations, etc... Selon le
livre de Chin-noug-King, la pêche Vu prévient la mort; si l'on n'a pas pu la manger à
lemps, elle préserve au moins le corps de la corruption jusqu'à la fin du monde. On cite
toujours la pèche dans les fruits d'immortalité dont on a bercé les espérances de Tsinohi
Hoang, de Vouty, des Uan et autres empereurs qui prétendaient à l'immortulité, etc.
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 883
A Tappili de riiypollièse d'une origine chinoise, on peut ajouter que le
Pèclier a été introduit de Chine en Cocliinchine (Lour., FI. Cocli.,\i. 386),
et que les Japonais donnent à la pèche le nom chinois de Too (Kainpf.,
imoen p.798; Thunh., FI. Jáp., ç. {a)AL Stanislas Julien a eu
l•ol)li^•eance de me lire en français quelques passages de Y Encyclopédie
iaponaise (liv. lxxxvi, p. 7), où le Pêcher, Tao, est dit un arbre des
contrées occidentales, chose qui doit s'entendre de la Chine a 1 égard
du Japon, ou plutôt des parties intérieures de la Chine, relativement a la
côte orientale, puisque le fragment est tiré d'un auteur chinois. U 1 ao
est déià dans les livres de Confucius, v» siècle avant Fère chrétienne, et
même dans le Rituel, du x" siècle avant J.-C. La qualité de plante spontanée
n'est pas spécifiée à^n.VEncyclopédie dont je viens de parler ; mais, a
cet égard, les auteurs chinois sont peu attentifs. ^
Les noms vulgaires des Pêchers dérivent des sources suivantes : 1° La
plupart des noms européens viennent du mot grec et latin Persica;
dans les langues slaves, il y a quelque racine comme Bresk on Brosic,
car on dit en Bohême, Breskew ou Breskowy, en polonais Jiroskwima,
en illyrien Brcskwa ou Praska (Moritzi, Dici. inéd. des noms vulg.) :
si ces noms ne sont pas une corruption étrange de Persica, ils indiqueraient
une transmission du Pêcher dans l'Europe orientale différente de
celle par la Grèce; 3» le nom latin d'une variété dite Duracina (I Ime) se
retrouve dans PespagnolDura.no (Moritzi, ^b.) ; le nom grec moderne
P.á«x.vcx(Fraas, l. c.) remonte à une ancienne expression tiree de la couleur
des fleurs ou peut-être de la chair ; 5o les Arabes ont un nom tout a
fait distinct, Chauwk, Chôwk (Forsk.) qui se trouve déjà dans Ebn Baithar,
au xiip siècle (trad, allem., I, p. 399); 6« les Persans cUseiU 5 /m^
alou (voyez la note à la page suivante); 7° les Chinois disent lo; S notre
nom vulgaire français, pour la pêche lisse, Brugnon ou Bngnon, n est pas
dans les autres langues. Il vient peut-être de Brun, à cause de la couleur
du fruit, comme les Espagnols ont appelé certaines pêches. Bruñóles
(Mor Dict.).Dn reste, le nom de i?rui/non est peu ancien en français, ou
était "autrefois peu répandu, car je ne l'ai pas rencontré dans Bauhin Matthiole
et autres auteurs de cette époque. J'ai voulu donner ces details Imguistiques
pour compléter le sujet; mais ils ne conduisent pas précisément
à une conclusion. L'absence de noms sanscrits et hébreux reste e fait le
plus important, duquel on peut inférer une introduction du Pêcher dans
l'Asie occidentale, venant de plus loin, c'est-à-dire de Chme.
(.) Koempfer et Thunber, indiquent aussi le nom «
{Fl. Jap., I, p. 29) attribue un nom asse/, semblable, Nume, a un iiumei,
Mume, Sieb. et '/..