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VARIETF: DES FORMES VEGETALES DANS LE MONDE ENTIER.
ou Gefle ; et autour des villes du nord de la France, on ne trouvera }3as
même deux fois le nombre des espèces croissant autour des villes suédoises.
Le Cap, dans son ensemble, est d'une ricliesse extraordinaire. La
partie explorée, dont Tétendue est à peu près celle de Tîle de la Grande-Bretagne,
aurait quatre à cinq fois plus d'espèces, d'après ce qu'on peut augurer
des faits actuellement connus. Cependant, chacune des vingt subdivisions
tracées par MM. Drége et E. Meyer, dans leur opuscule sur l'Afrique
australe, ne paraît pas avoir plus de 1000 à 1500 espèces phanérogames
(a), quoique leur surface soit à peu près égale à celle du Yorkshire,
comté qui renferme un millier d'espèces. Evidemment, la richesse des
régions telles que l'Afrique australe, le Brésil et quelques autres, tient
surtout à ce que les espèces ont une aire étroite, de sorte qu'en passant
d'un district à l'autre, la végétation change presque en entier. Au contraire,
la pauvreté des pays du nord et des grands déserts d'Afrique tient
surtout à ce que, sur d'immenses étendues, les espèces varient peu. Plus
les régions considérées sont petites, plus le nombre des espèces est semblable
sous toutes les latitudes, du moins en théorie. Il est vrai qu'en fait,
les conditions locales du sol deviennent plus importantes à mesure que Ton
considère un espace plus restreint, d'où il résulte communément de
grandes différences dans le nombre des espèces quand on envisage, par
exemple, une lieue carrée, et surtout une fraction de lieue carrée, un hectare,
je suppose.
Laissant de côté ces diversités qui affectent les petites localités et
qui tiennent aux stations, il est impossible de méconnaître l'augmentation
générale du nombre des espèces, pour une étendue semblable, en
marchant des pôles à l'équateur. Plusieurs des divisions de notre tableau
en fournissent la preuve, notamment la comparaison de Java avec Naples
et le nord de l'Europe (8'' degré de grandeur), et celle de la Jamaïque
avec la Lombardie, le Wur temberg et Kasan (11® grandeur). Dans d'autres
parties du tableau, les termes de comparaison manquent, ou bien ils accusent
des circonstances exceptionnelles dont j e parlerai tout à Theure; mais
la loi générale d'augmentation ne peut être contestée.
Cette progression est cependant irrégulière. Du pôle arctique jusqu'au
midi de l'Europe et jusqu'au midi des Etats-Unis, elle est évidente. Dans
les régions plus voisines du tropique, la sécheresse, quelquefois déplo-
(a) Chacune des 20 subdivisions présente dans les collections de Drège une moyenne
de 519 espèces, mais il faut doubler ce nombre, parce que plusieurs n'ont pas été suffisamment
explorées. Les subdivisions ÎH Ae, III D, III E, où le voyageur a recueilli la
grande majorité des espèces existantes (voy. Zwei Pflanz. geog. Docum., p. 6 et 43),
paraissent avoir 1,100 espèces en moyenne.
NOMBRE TOTAL DES ESPÈCES DANS CHAQUE PAYS.
rable, ou d'autres causes, produisent une diminution. Ainsi, la Flore du
Sinaï et celle d'Egypte, sont d une pauvreté singulière quand on les compare
avec les Flores de régions d'une étendue semblable au nord ou au
midi. Sans aucun doute, la Flore du Sahara, celles du Sénégal, de la Perse,
du Caboul, de la Californie inférieure, offriraient un caractère semblable
de pauvreté si l'état de la science permettait de le constater avec des
chiffres.
La présence des chaînes de montagnes en Algérie, dans Flnde et au nord
du Mexique, détruit en partie l'effet de la sécheresse et ramène, par exception,
sous ces latitudes des flores plus ou moins riches; mais il faut Tinfluence
des pluies intertropicales pour déterminer près de l'équateur
l'abondance extraordinaire d'espèces, qui est un des caractères de la végétation
des pays chauds.
L'hémisphère austral présente les mêmes faits : Rareté d'espèces dans
quelques régions sèches près du tropique, par exemple, au nord du Chili et
dans l'intérieur du Cap et de la Nouvelle-Hollande; augmentation relative
au Chili, et sur le littoral du Cap et de la Nouvelle-Hollande méridionale;
enfin, diminution rapide vers les régions froides et humides situées plus
au midi.
S i n . COMPARAISON DES GRANDES DIVISIONS DU GLOBE,
Dans l'état actuel des connaissances, il est impossible de comparer le
nombre des espèces dans l'Amérique septentrionale et dans une étendue
égale de l'ancien monde, dans l'Amérique méridionale et en Afrique, etc. ;
mais le sentiment général des botanistes descripteurs peut fournir une
sorte d'appréciation.
L'Amérique paraît avoir plus d'espèces qu'une étendue correspondante
de l'ancien monde. Cela s'explique par la direction générale des chaînes de
montagnes du nord au sud, direction qui produit sous chaque latitude des
conditions de climat différentes. Évidemment, les Alpes, les Pyrénées,
3 , al a ya, qui s'étendent de l'est à l'ouest, ne peuvent
pas oiMr l'immense diversité de conditions physiques de la chaîne des
Andes, qui passe du 58= degré de latitude nord au 5/|e degré de latitude
sud, en offrant sous la plupart de ces degrés toutes les hauteurs possibles
entre la mer et les neiges perpétuelles. La chaîne des Alleghanies et les
côtières del à Guyane et du Brésil, présentent un peu des mêmes avantages
dans la partie orientale du continent américain. On peut dire qu'en Amérique,
sous chaque latitude, se trouvent toutes les hauteurs, ce qui est bien
loin d'exister dans les autres parties du monde. A ce point de vue très
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