83/i OniGïNE GÉOaUAPHIQUE DES ESPECES CULTIVEES.
nienicnt reculée (Ueynicr, .Ecoii. Egypt . , p. 3/î 5 ; Dnirochel, Larrey et
Coslaz, Comptes rend.Acad. Pa r i s , 1 8 3 7 , s c n i . , p. 739) . Les Juifs
(Heyuier, Êco7i. des Arab., p. /i33) cullivaieut le Lin. ils en liraient aussi
d'Égypto. Les noms Linon, Linum, sont grecs et latins. N'ayant aucune
ressemblance avec le nom chaldeen Chisma^ le nom liclu'eu Pischta, ni
avec les noms sanscrits (orthographiés en lettres latines), Otima, Matousi,
Atasi (Piddinglon, I n d . , p . 52) , lJiusi{\\o\h., FL Ind. , édit., 11,
p. 110), ni eniin avec les noms arabes Katlane, Ketlane ou Kit--
tane (a), il me semble que la culture du lin était originaire, ou du moins
avait eu une origine distincte en Europe ou dans l'Asie Mineure. Les Egyptiens
n'ont pas pu la recevoir de l ' Inde ; car, dans ce dernier pays, on ]ie
cultívele lin, aujourd'hui encore, que pour faire de l'huile avec les graines
(Koxb., /. c. ; Uoyle,7/ / . Him., p. 82) . Les Germains et les Celtes cnhtivaient
le Un pour tissus (Reynier, Econ. Celt. , p. /|51), et selon
deTheïs {Gloss. Bot., p. 276) , le mot celteLZm, signifiait/¿/, et était Torigine
des mots Lin en français, Linen en anglo-saxon, Lein en allemand,
Lmon des Grecs, et Imm^ u l e s L a t i n s . Je vois aussi dans Banliiu ( í /úí . , I l l ,
p. /i51), queles Bohèmes disaient Len. Une étymologie qui fait sortir la culture
du Un de l 'Europe tempérée, me plaît, parce que cette culture y réussit
mieux que dans le midi . D'un a u t r e côté, il faut reconnaître que les Allemands
et les Anglais emploient plutôt les mots Flachs et Flax (b), qui
n'ont aucun rapport avec Un. D'ailleurs, a une époque si reculée, où les
forêts du centre de l 'Europe n'avaient que de rares habitants, et aucune , r
commiiiiication avec l'Egypte, comment serait-il arrivé que les Egyptiens
eussent cultivé la même plante originaire de nos contrées?
La patrie du Linum usitalissinuun était considérée naguère connne
inconnue (Nouv. Diet, d'hist. nat., etc.). M. Planchón, dans sa monographie
récente des Linées {London Journ. of Bot., I8/18, p. 165), se
borne à dire : « Verosimiliter ex Oriente ortum. » Ledebour ( F ï . Ross.,
I, p. /iSô), l'indique comme quasi spontané dans la Russie centrale; puis
il ajoute des localités du désert de la mer Caspienne et de la Sibérie occidentale,
où la cul ture, assurément, est peu r é p a n d u e . M. Hohenacker {Pl.
Tahjsch, p. 168) , indique le Lin au midi du Caucase, près de Lenkoran,
quasi spontané. La facilité avec laquelle une plante aussi souvent cultivée
(a) Ces noms m'ont été donnés par M. J. Humbert, professem- d'arabe, comme les plus
habituels et probablement, d'après divers orientalistes, comme d'origine persane. Le
docteur Royle indique le nom Kulan (prononcez Koutan) comme persan (Royle, Him.,
p. 82), et Akshoot (prononcez Akchout) comme arabe. Il est singulier que le uom Kutan
ou un nom analogue, soit presque celui du coton dans les langues arabiques. Est-ce une
transposition , ou une confusion fondée sur un emploi semblable?
{b) Ce terme est aussi dans les langues slaves.
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 835
peut s'échapper dans la campagne, et la confusion assez fréquente avec lo
Liiumi angustifolium, Tluds., et surtout avec le Linum humile, Miller (//),
me font accepter avec réserve les indications des auteurs. L'étymologie
multiple des noms, l'ancienneté de la culture en Egypte, en E u r o p e et dans
le nord de l'Inde à la fois, la circonstance que, dans ce dernier pays, on
cultive le lin seulement pour faire de l'huile avec les gi'aines, me font croire
(pie deux ou trois esi)èces d'origine différente, confondues sous le nom de
Linum usitatissimum par la plupart des auteurs, ont été cultivées jadis
dans divers pays, sans imitation ou communication de l'un à l'autre. Les
progrès de la civilisation ont pu amener des t r anspor t s de graines et des
mélanges, comme celui des Linum usitatissimum et humi le, en Europe. Je
doute, en particulier, que l'espèce cultivée par les anciens Égyptiens fut
l'espèce indigène en Russie et en Sibérie, qui réussit surtout dans les c l i -
mats un peu froids. On cultive aujourd'hui en Abyssinie, sous les noms de
Telha et Entatieh, un lin que M. A. Tiichard nomme Linum usitatissimum
{Tent. FI. Abyss.,l, p. 51) , et qui mér i terai t un examen attentif, la
monographie de M. Tlanchon sous les yeux. Ce pour rait bien être le type
du Lin cultivé dans l'ancienne Egypte, quoique les Abyssins d'aujourd'hui n e
le cultivent ni pour les fils, ni pour l'huile, mais pour manger les graines
torréfiées.
Au surplus, la région où se trouve le Lin sauvage, le midi du Caucase, a
été le point de départ des peuples primitifs indo-européens. On peut
croire qu'ils auraient emporté cette plante avec eux, dans toutes les directions.
Ce qui rend cette hypothèse moins probable que l'autre, c'est la
diversité des noms en sanscrit, en hébreu et dans les langues anciennes de
l'Europe, ainsi que la diversité des usages du lin selon les pays. Le chanvre
est sorti de la môme région, et il a conservé des noms indo-européens qui
prouvent une origine unique; bien plus, il était inconnu aux Hébreux et
anciens Égyptiens. Si ces peuples avaient reçu le Lin du nord, pourquoi
n'auraient-ils pas obtenu le chanvre également?
Agave americana, I.. — L'Agave mexicana est cultivé depuis un temps
immémorial au Mexique, sous les noms de Maguey et 3Ietl, pour en
extraire le vin á'ú pulque, au moment où la hampe florale commence à se
former. M. de Humboldt a décrit très clairement cette culture {Nouv.r-
Esp., 2e édi t . , H, p . / |87); mais il ne nous dit pas s'il a vu l'espèce tout à
fait spontanée au Mexique ou dans l'Amérique méridionale. Elle est si fréquemment
plantée dans ces régions pour haies, ou pour en fabriquer le fil
(a) D'après M. Planchón, le L. humile se distingue du L. usilatissimum par une capsule
notablement plus longue que le calice, et à valves ciliées. Il se trouve mélangé dans
les cliamps de lin ordinaire. Sa patrie est inconnue.
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