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8/|0 ORIGINE r,tíOGRAPIÍIQUE PPS ESPÈCES CULTIVÉES,
C'est ou Anglolerre, princiiyalemont, que la qualité spontanée sur les
falaises est bien certaine. Les Flores de l'intérieur de l'Europe et dé la
Hussie méridionale n'indiquent pas l'espèce à l'état spontané, non plus que
les ouvrages sur le Caucase, la Sibérie et la Chine septentrionale. Dans la
l'égion do la nier Méditerranée, on trouve trois espèces qui ont été rapportées
quelquefois au B. oleracea, ou confondues avec lui. Ce sont les
ïi. balearica, Canib., des îles Baléares; B. insularis, Moris, de Sardaigne,
et B. cretica, Lam., de Grèce. M.Bertoloni (FL VII, p. 1/46)
rapporte le B. balearica Badaro (non Camb.), delà côte de Ligurie, au
B, oleracea ; mais c'est une opinion à examiner. M, De Notaris (Prosp. FL
TJg., 18/16) admettait auparavant le B. balearica comme venant sur les
côtes de Gènes, Le Brassica des rochers maritimes du mônt Athos, que
Sihthorp et Smith (Prodr., 11, p. 29) rapportaient au B. oleracea, paraît
être lo B. cretica; du moins celui-ci est le seul qu'on ait trouvé dans la
localité (Griseb., p. 263), et M. Fraas(5yn. FL class., p. 121)
n'a pas vu le B. oleracea sauvage en Grèce. Il est donc très douteux que
le type de l'espèce existe ou ait existé dans l'Europe méridionale, à moins
que certaines variétés cultivées ne soient venues de ces Brassica de la
Méditerranée, estimés génél^alement des espèces distinctes.
Les documents historiques et linguistiques conduisent également à des
origines multiples pour les Choux cultivés.
Théophraste indiquait seulement deux variétés (Reynier, Econ, des
Grecs, p. /i82). M. Fraas (.S'^m. , p. 121) émimère trois noms diiTérents
de l'ancienne Grèce, comme se rapportant au Brassica oleracea : Ko(u),îqv,
Arist. ; (non i^ac^.x;i„'),îheophr., et KpiiJ.?rj ou KpiaÇto-j, Diosc., ce qui
suppose trois variétés. Pline (1. xx, c. 9) dit bien que les Grecs en connaissaient
trois. De son temps, on en cultivait au moins le double èn Italie
(L XIX, c. 8), et on leur appliquait généralement le mot quoique
les noms Caulis et Crambe, qui rappellent les noms grecs, fussent aussi
employés par les Romains.
Le mot Brassica, n'étant point tiré du grée, et se trouvant chez un
auteur tel que Pline, postérieur à la conquête des Gaules, me paraît venir
du Celte, car Bresic voulait dire chou en langue celtique {Origines gauloises,
d'après de Theïs {Etym., p. 67). M. Le Gall m'écrit que ce nom
est cité dans le Dictionnaire du père Rostrenen,'comme tombé en désuétude
chez les Bretons, et que le nom ordinaire actuel est Kaol, soit dans les
anciens Dictionnaires, Caul. On retrouve sous cette forme le Kau),('ov des
Grecs et le Caulis des Latins. Le mot Caul ovi Chaulx^ des peuples celtiques,
selon Pezron et Bullet (de Theïs, ib.), signitiait aussi légume. Ces
mots gréco-celtes, dont la racine est Caul, ont eu pour descendants le
ORIGINE DES EBPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 8A1
Cavolo des Italiens, le Caou des patois du midi de la France, le Chou
des Français, et leur afilnité est grande avec le Kohi des Allemands, le
Kale des Anglais, le Kaal des Norwégiens, le Kol des Suédois, le Col
des Espagnols; on le retrouve mémo en persan, sous la forme de Kehim
(Ainslies, Mat. med. huL, I, p. /i6). .le ne sais si les Grecs avaient reçu
ce nom des peuples germains et celtes, ou si les Germains et les Celtes
l'avaient reçu des Grecs, ou si les uns et les autres le tenaient d'une oii^
gine commune très ancienne.
Le nom grec Koápe-/;, traduit, en latin, par Crambe, se retrouve dans le
Krumb, Karumh ou Koromb des Arabes (Moritzi Diet, inéd. des noms
vulg,; Dolile, III., p. 19), et peut-être avait-il une connexion d'origine
avec le mot Kraut des Allemands, qui s'applique au Chou et à toute espèce
d'herbage, le Chou étant le légume principal des peuples germains,
Le mot Páü^avo; des Grecs n'a laissé aucune trace dans les noms subséquents
des variétés de Choux, ce qui me fait craindre une erreur dans l'opinion de
ceux qui regardent ce mot comme différent du Paya-Zt;, et comme un des
synonymes du Brassica oleracea, opinion qui remonte cependant à Aristote
{LBmh.,Hist., II, p. 829).
Les mots celtes et latins Bresic et Brassica, ont eu pour descendance
le Berza des Espagnols, les Bersa et Verca des Portugais, le Bersych
des Gallois, le Broshoa des Illyriens (Moritzi, Diet, inéd,), le Broccoli
des Italiens.
Il existe une autre source de noms de l'espèce dans les langues asiaticoeuropéennes.
La racine en est la syllabe Kap ou Cap, qui signitie téle en
celte (de Theïs, Gloss, bot., p. 67), de même qne Caput en latin. Les
noms qui s'appliquent probablement aux variétés de Choux en tête sont, en
français, Cabus, Choux cabus; en anglais. Cabbage; en vieux allemand,
Kappes Kraut (J. Bauhin, Hist., Il, p. 820); en lettonien, Kapost
{ììoùt7À, Diet. inéd. des noms vulg.)-, en esthonien, Kappust (iV/.); en
illyrien, Kappust (id.)-, en hongrois, Kaposta (id.)-, en bohème et eu
rmse, Kapusta (id.)-, en tartare, (iV/.), et même en bengali et
hindustani, Kopee, &oit Kopi (Pk\i\m§\on, Index, p. 13).
L'absence de nom sanscrit montre que la culture du Chou, dans les provinces
septentrionales de l'Inde, n'est pas fort ancienne, quoique son introduction
soit antérieure aux Européens (Royle, III. Him., p. 70). Loureiro
(FL Coch., p. liSi) avait vu le Chou ordinaire cultivé en Chine et en
Cochinchine, et il doute, non sans raison, qu'il y soit indigène. Thunberg
ne l'indique pas au Japon, d'où l'on peut inférer que l'introduction en
Chine est récente, comme dans l'Inde septentrionale. Ces détails nous ramènent
aux noms usités en Europe et dans la partie adjacente de l'Asie.
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