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de pife, indépendamment du suc employé au Mexique seulemenl; elle se
umKiplie si abondamment par des drageons^ en particulier dans les localités
arides, que la qualité de plante spontanée doit être difficile à constater.
Nous restons ainsi dans le doute svu^ son état primitif et sur son origine
géographique précise. Evidemment, ce doit être l'Amérique, et très probablement
le Mexique, d'après rancienneté de la culture dans ce pays oi
l'absence de communications dans les temps reculés entre TAmérique méridionale
et l'Amérique septentrionale (Ilumb., 1. c.^p. /|60).
S a c c h a i ' i i m o f ï îcînaruin, L. , S. violacetam, Tus s , et S. s îocnse, Koxli.
—-Kunth I, p. hll\) admet ces trois espèces dans les Cannes à
sucre cultivées. Il distingue dans l'espèce ordinaire (S, officinarum), quatre
variétés, entre autres celles d'O'Taïti. [\oxburgh {Fl. IncL, édit., T^
p. 238) décrit les Saccharum officinarum et Saccharum sinense, cultivés
de son temps en Asie. Il y aurait sans doute de l'intérêt a rechercher, au
point de vue botanique, jusqu'à quel degré ces espèces sont distinctes. Sous
le rapport de la botanique géographique, la question est assez inutile, car
toutes les espèces ou variétés cultivées sont originaires de l'Asie méridionale,
et aucune n'a été trouvée à l'état sauvage. Ceci résulte du silence des
botanistes modernes. L'assertion de quelques auteurs anciens (Piso, Bras, ,
p. /îO), qui disaient la Canne originaire des îles Canaries, et celle de Walkenaer
{Cosmog/|96), qui la disait du Maroc, ne sont que des erreurs,
L'ancienneté de la culture dans l'Asie méridionale indique l'origijie, et doit
ramener notre attention sur cette partie du monde.
La culture de la Canne à sucre est très ancienne en Chine, La plante,
envoyée de ce pays à Roxburgh, en 1796, et qui fut introduite au jardin
de Calcutta, comme l'espèce ou variété cultivée parles Chinois, était le
Saccharum sinense, Roxb. Les cannes cultivées dans l'Inde de toute anliquité
étant différentes de celle-ci, on peut croire que la Cliine et l'Lule
avaient deux espèces primitivement spontanées et distinctes, et que l'idée
de les cultiver est venue séparément dans les deux pays. Les noms sanscrits
du Saccharum officinarum sont Ikshoo et Rusala, pour les variétés
claires; Poondra et Kangiiruka^ pour les variétés rouges, d'après Roxburgh.
Aucun de ces noms orthographiés en français (Ikchoii^ Poundra)
ne ressemble aux mots de nos langues occidentales. On trouve l'origine des
noms arabe, Sukkar (Belile, FL jFg, ilL)^ grec, Saccharon^ et de tous
les noms européens Zitcker^ Sucre^ etc., dans le sanscrit, Sarkura
(Hoyle, //?., p. /|26), qui est bien un nom ancien, écrit plus souvent Carkarâ
ou Cârka^ d'après ce que m'a dit M. Ad. Pictet. Ce nom se retrouve
dans Cherukoo (prononcez Cheroukou)^ en langue telinga (Roxb., /. î ; . ) ,
Sakkara en langue tamool (Royle, Ili. Him.^ p. /|26), Jaggery ew Wm-
OmGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES, 83?
dustftni moderne (Royle, ib.). La culture de la Canne à sucre ne paraît pas
très ancienne dans les îles de l'archipel indien, d'après le petit nombre
des noms vulgaires de variétés (Rumph., Amh., V) et Vorigine indienne de
ces noms (Crawfurd, cité dans Marshall, Mem. ìVer?i, Soc. Edinb., Y,
p a r t . I, p. L33),
L e s l i v r e s hébreux ne parlent pas du sucre (Rosenmüller, Handb. hihl,
Alierth., IV), tl'où Ton peut inférer que ce produit n'était pas connu à
Rabylone. Plus tard, les Grecs et les Romains eurent connaissance de la
Canne à sucre (Armido indica), comme cultivée dans l'Inde, et même eu
Arabie On avait élevé des doutes à cet égard ; mais les recherches con>
plètes de MM, Philipps (Cidt. veg., 2^ edit., Il, p. 233) et FingerluU
[Flora, d839, II, p. 529), ont confirmé que, sous le nom de Saccharon,
les anc iLs entendaient bien la Canne à sucre, et non une espèce de bambou,
Les Arabes se sont mis, pendant le moyen age, à cultiver la canne de plus
en plus, et l'ont introduite en Egypte, puis en Sicile et dans le midi de l'Espagne
(a), où la culture en a été florissante, jusqu'à ce que l'abondance
du sucre des colonies y fît renoncer. Dom Henri transporta, en 1/|20, la
Canne à sucre de Sicile à Madère, d'où elle fut portée aux îles Canaries
en 1503 (Ruch, Canar. Ins.). De ce point, eli e fut introduite au Rrésil,
dans le commencement du xvr siècle (Piso, liras., p. /49); elle a été
portée à Saint-Domingue vers Tannée 1520 (Humb., Nouv.^Esp.,
édit., III, p. 3/4), et peu après au Mexique; à là Guadeloupe, vers
MIL (NOL stat. col. franc., I, p. 207); à la Martinique, vers 1650
{ib., p. 29). Elle fut portée à Rourbon dès l'origine de la colonie (Nolic.
slat. col. franc., II, p. 83).
L a variété dite d 'OT a ï / i , dans les colonies françaises, de Bourbon dans
les Antilles anglaises (Macfadyen, dans Hook., Misc., I, p. 101 ; Maye.,
FI Barbad., p. 50), a été répandue en Amérique, comme plus productive,
dès la fin du siècle dernier. Ses noms indiquent d'où on la croyait originaire.
R ne faudrait pas admettre, cependant, qu'elle fût spontanée^à
O'Taïti, comme certains auteurs l'ont supposé. Forster (Pl. esc., p. 77)
dit positivement que la canne cultivée dans cet archipel n'y est pas à l'état
sauvage.
C. Plantes cultivées pour leurs feuilles.
Comme fourrages,
R est assez inutile de prouver queles Graminées qui constituent certaines
de nos prairies artificielles se trouvent toutes dans un état véritablement
(a) Voyez le calendrier rural de Harib, écrit dans le siècle, pour l'Espagne, traduit
par M. Dm^eau de la Maíllo, dans sa Climatologie de l'Italie et de l Andalous^e, p. 71.