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 rétranger,  et  ses  plantes  cultivées  étaient  ordinairement  celles  usitées  par  
 les  Chinois  depuis  longtemps.  Les  Égyptiens  confondent  le  Cichorium  
 Endivia  cultivé  avec  le  Cichorium  Intyhus  cultive,  sous  les  noms  de  liendeh, 
   Uendihe,  Hendeheh  (Forsk.,  p.  LXXII;  Del.,  IIL,  p.  2/i),  qui  paraît  
 l'origine  du  mot  français  Endive^  du  mot  botanique  Endivia^  et  qui  
 semble  aussi  avoir  une  relalion  originelle  a\ec  VEniubum^  de  Pline.  
 Les  botanistes  du  xvi"  siècle  distinguaient  déjà  nos  principales  variétés  
 des deux  Cichorium.  J.  IJauhin  {Hist.,  il,  p.  1007)  est  très  complet  à  cet  
 égard.  Blackwell  a'iiguré  très  bien  le Cichorium  Litybus sauvage (tab.  183);  
 une  Chicorée  cultivée  (tab.  177),  qu'il  dit  annuelle,  et  qui  serait  par  
 conséquent  l'Endivia  ;  enfin  (lab.  378),  une  Endivia  cultivée  à  feuilles  
 larges  et  crispées.  
 iSpinacia  oieracea,  I.,  •—  L'Jipinaril  était  iiiconnu  aux  Grecs  et  aux  
 Uomaius  (J.  lîauh.,  Hort.,  Il,  p.  96/i  ; Fraas,  Syn.,  FI.  class.).  11  était  
 nouveau  en  Europe  dans  le XYi" siècle  (Brassavola,  p.  176),  et  l'on  discutait  
 pour  savoir  s'il  devait  s'appeler  Spanacia,  comme  venant  d'Espagne,  
 ou  Spinacia,  à  cause  des  épines  du  fruit  (Maltli.,  édit.  Valgr.,  p.  3/i3).  
 La  suite  a  montré  que  le  nom  venait  de  l'arabe  Isfânâdsch  (Ebn  13aithar, 
   übersetz.,  von  D''  v.  Sondtbeimer,  I,  p.  3/i),  Eshanach  (Forsk.,  
 p.  Lxxvii),  Schânakh  (Delile,  ill.  zE(j.,  p.  29).  Les  Persans  disent  
 Ispanj  ou  I sp ana j  {]io\h.,  Fl.  Ind.,  édit.  1832,  III,  p.  77'j,  si  le  Spinacia  
 tetrandra,  Roxb.,  est  bien  l'Epinard  commun,  comme  la  description  
 et  l'usage  culinaire  l'indiquent).  Les  Hindustanis  disent  Isfany  ou  Falak  
 (l'idd.,  Fndex)  ou  encore  Finnis  (lloxb.,  Pidd.).  L'absence  de  nom  sanscrit  
 indique  une  culture  peu  ancienne  dans  l'Inde.  Loureiro  {Fl.  Coch.,  
 p.  757)  avait  vu  l'Épinard  cultivé  à  Canton,  mais  M.  Bunge  ne  l'a  pas  rencontré  
 dans  le nord  de  la  Chine,  et  Tbunberg  n'en  parle  pas  dans  la  Flore  
 du  Japon.  La  culture  ne  semble  pas  ancienne  dans  l'Asie  orientale.  Il  est  
 probable  qu'elle  a commencé  chez  les Persans  ou les Arabes  depuis  l'époque  
 des  Uomains.  Je  n'ai  pas  de  preuve  qu'elle  ait pénétré  en  Europe  par  l'Espagne  
 plutôt  que  par  tout  autre  point.  Au  contraire,  l'ouvrage  de  Ilerrera  
 sur  l'agriculture  espagnole,  édition  de  1819,  ne  mentionne  l'espèce  que  
 dans  un  supplément  moderne  (III,  p.  239),  d'où  il  est  probable  que  l'édition  
 primitive  de  1513  n'en  parlait  pas.  Ebn  Baithar,  qui  vivait  en  1235,  
 était  de Malaga,  mais  les  ouvrages  arabes  qu'il  cite  ne  disent  pas  où  la  
 plante  était  cultivée,  si  ce  n'est  l'un  d'eux,  qui  parle  de  sa  culture  générale  
 à  Babylone  et  à  Ninive.  
 M.  Moquin  (Prodr.,  Xlli,  part,  ii,  p.  118)  regarde  avec  raison  l'Épinard  
 comme  lVOrient,  mais  il  ne  cite  aucun  échantillon  spontané,  si  ce  
 n'est une  variété  farinosa  trouvée  par  M.  C.  Koch  dans  la  Géorgie  cauca- 
 ORIGINE  DES  ESPÈCES  LE  PLUS  GÉNÉRALEMENT  CULTIVÉES.  8M  
 sienne  (Sp.  spinosa  tarinosa,  G.  Koch,  Linn.,  18/i3,  p.  118).  Aucun  
 des  auteurs  sur  les  plantes  du  Caucase  (G.  A.  Mey.,  Hohen.,  Bieb.)  n'en  
 parle,  mais  c'est  le  pays  de  la  seconde  espèce  du  genre,  le  Spinacia  tetrandra. 
   Ledel)our  {Fl.  Ross.,  Ill,  p.  712)  adopte  l'opinion  que  la  plante  
 trouvée  par  Koch  est  l'état  primitif  et  spontané  de  l'espèce.  Les  auteurs  
 du  Bon  jardinier  disent  l'épinard  originaire  de  l'Asie  septentrionale  
 sans  donner  de  preuve.  Je  ne  pense  pas  qu'il  puisse  vivre  en  Sibérie.  
 D'après  Bosc  {Diet,  agric.,  V,  p.  23/i),  le voyageur  Olivier  avait  rapporté  
 (le  son  voyage  en  Perse  et  en  Anatolie  des  graines  d'épinard  recueillies  
 dans  la  campagne.  Il  est donc  à peu  près  certain  que  l'épinard  à  fruits  épineux  
 ordinaire,  croit  dans  la  région  comprise  entre  le  Caucase  et  le  golfe  
 IV.rsique,  peut-être  aussi  dans  l'Asie  Mineure.  
 Le  Spinacia  glabra,  Miller  (Spinacia  oieracea,  P,  L.),  appelé  gros  épinard  
 ou  de  IIoTlande,  me  paraît  une  race  produite  par  la  culture.  11 diffère  
 par  sa  taille,  ses  feuilles  arrondies  et surtout  par  l'absence  de  piquants,  
 modifications  assez  ordinaires  dans  les  plantes  cultivées.  Non-seulement  
 personne  ne  l'a  trouvé  sauvage,  mais  encore  il  n'est  mentionné  que  
 dans  les  cultures  européennes  et  semble  s'être  produit  après  l'introduction  
 de  la  plante  ordinaire.  Tragus  doit  en  avoir  parlé  le  premier,  
 d'après  J.  Baubin  (llist.,  11,  p.  965),  mais  Mattbiole,  contemporain  
 (le Tragus,  n'en  parle  pas (édit.  Valgr.,  p.  3Zi3).  C.  Baubin  (Pin.,  p.  lU)  
 l'ajouta dans  son  édition  subséquente  de  Mattbiole.  
 Kiimex  acetosus,  I..  et  Rumcx  Patîcntia,  I..  —  Ces  deuX  espèceS  
 d'oseilles  sont  bien  spontanées  en  Europe,  et  personne  n'a  de  doute  sur  
 l'identité  spécitique  des  plantes  sauvages  et  cultivées.  Les  Grecs  et  les  Romains  
 les  employaient  déjà.  On  croit  (Fraas,  Syn.  Fl.  class.,  p.  231)  que  
 le Rumex  sativus  de  Pline  était le  Rumex  Patientia,  aujourd'hui moins  cultivé  
 que  le Rumex  acetosus.  
 Allium  Porruin,  !..  —  D'après  une  monographie  très  complète  de  
 M.  Gay  {Ann.  sc.  nat.,  S''  sér.,  YIII,  tirage  à  part,  p.  22),  le  porreau  
 cultivé ne  serait  qu'une  variété  de  l'Allium  Ampeloprasum,  L.,  si  commun  
 (Ions  la  région  de  la  mer  Méditerranée,  spécialement  en  Algérie  (Gay,  l.  c.),  
 et  qui  dans  l'Europe  tempérée  se  naturalise  quelquefois  dans  les  vignes  et  
 autour  des  anciennes  cultures  (Koch,  Stjn.-,  Babingt.,  Man.-,  Engl.  
 Bot.,  etc.).  M.  Gay  semble  se  délier  de  beaucoup  d'indications  de  Flores  
 méditerranéennes,  car,  à  l'inverse  des  autres  espèces  dont  il  énumère  les  
 localités hors  de l'Algérie,  il  ne  cite  dans  le  cas  actuel  que  les  localités  algériennes, 
   admettant  néamnoins  la  synonymie  des  autres.  L'Allium  Ampeloprasum  
 n'est  pas indiqué  au  Caucase,  dans  la  Sibérie  ni  dans  l'Inde. Voyons  
 si  les  documents  historiques  sur  l'Allium  Pôrrum  confirment  la  réunion.  
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