S7li OIUGLNE GÉOGHArilIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
des variations de cette nature sont peu de chose, surtout si les échantillons
viennent de pieds cultivés. Il est certain que Roxburgh {FL Ind.,
édit. 1832,11, p. 313, publiée depuis le décrit bien Tétamine
principale comme fertile, tandis que selon Jacquin (Amer.) elle serait stérile.
Je n'ai su voir qu'une seule différence dout on puisse bien juger dans
riierbier. Mes échantillons d'Amérique (ceux d'une origine certaine) ont
tous le limbe des feuilles, au premier coup d'oeil, arrondi à la base, en
réalité, arrondi et brusquement atténué en petites bordures du pétiole,
comme dans la figure de Catesby ; quelquefois non décurrentes sur le pétiole,
comme dans une des feuilles figurées dans Lamarck^/ZZ., tab. 322, et
dans la planche de Piso. Mes échantillons d'Asie (l'un du jardin de Calcutta;
l'autre de môme origine, reçu plus tard, n° 990, ^Nc\\\.^L^st) ont le limbe
plus également atténué et cunéiforme à la base, comme dans les planches
de Rumphius (I, tab. 69) et de Rheede (III, tab. 5A), Je n'oserais pas établir
une espèce sur cette diversité de quelques échantillons; j e me borne à
la signaler.
Les arguments historiques auront peut-être plus de force. D'après
Rumphius (I, p. 177) le nom malais est tiré du nom portugais cadju,
qui est lui-même américain; le nom d'Amboine signifie fruit de Portugal;
le nom Macassar est tiré d'une ressemblance avec le fruit du Jambosa;
l'espèce n'était point très répandue alors ; Garcia ab Orto ne l'avait pas
trouvée à Goa en 1550, mais Acosta l'aurait vue ensuite à Couchin, et les
Portugais l'auraient multipliée et répandue dans l'Inde et l'archipel indien.
Tout cela montre une origine récente en Asie. D'après Blume {Bijdr.,
p. 1155) l'espèce est cultivée à Java. Rheede (III, p. 66) dit: « Provenitubique
in Malabar. » Cependant il indique un seul nom qui paraisse
indigène, Kapa-mava; les autres sont dérivés du nom américain. Wight
et Arnott {Prodr. penins. Ind., p. 168) marquent l'espèce du signe des
plantes probablement étrangères. Piddington (Index) ne mentionne qu'un
seul nom vulgaire de langue moderne, et aucun sanscrit. Loureiro (Fl.
Coch., p. 30/i) avait vu l'espèce sur la côte orientale d'Afrique, au
Malabar et au Bengale, mais il ne doute pas de l'origine américaine. Roxburgh
(FI. Ind., 2® éd., I. c.) ne traite pas la question d'origine. Il ne
cite qu'un nom de langue indienne moderne, aucun sanscrit. L'espèce n'est
pas indiquée au Japon par Thunberg, ni aux îles Philippines par Blanco
( 1 " éd.), ni aux îles de la mer Pacifique (Forst., Pl. esc.; Guillem,
Zephyr. Tait.). Enfin, le docteur Wallich (List, n° 990) indique plusieurs
échantillons de Tavoy et Penang, sans dire s'ils étaient cultivés
ou considérés comme un arbre du pays. Cet ensemble est tout en faveur de
l'origine américaine. Un arbre aussi remarquable aurait été répandu de
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 875
bonne heure dans l'Asie méridionale et dans les îles de la mer Pacifique,
s'il était d'origine asiatique.
L'existence en Afrique me paraît plus récente encore. Loureiro l'a indiquée
il est vrai sur la côte orientale, mais en ajoutant qu'il suppose l'origine
américaine. L'Anacardium n'est pas en Abyssinie (Rich., Tent. Fl.
Abyss.). Thonning ne l'indique pas en Guinée, ni M. Brown au Congo
(Bot. Congo, p. 12 et /i9), et si on l'a trouvé plus récemment à Saint-
Thomas et Fernando-Po (Hook., Fl. Nigr., p. 288) il est probable que
l'introduction n'en est pas ancienne. Quatre autres espèces du genre
Anacardium sont d'Amérique, une cinquième, A. dubium, Roxb., est de
Sumatra, selon l'auteur, mais la plante était probablement cultivée dans le
jardin de Calcutta, et d'ailleurs son genre est douteux.
L'Anacardium occidentale est donc probablement une espèce cultivée el
spontanée en Amérique, ayant une variété transportée en Asie.
Mangifei-a indica, L.—On lie peut douter que le Manguier (Man^ o tree,
des Anglais) ne soit originaire de l'Asie méridionale ou de l'archipel indien
quand on voit la multitude de variétés cultivées dans ces régions, la quantité
de noms vulgaires et anciens, en particulier un nom sanscrit (Roxli.,
Fl. Ind., éd. Wall., II, p. /l35; Pidd., Index), et l'abondance extraordinaire
de cet arbre dans le Bengale, la Péninsule indienne et Ceylan, même
à l'époque de Rheede. Du côté de la Chine, la culture était peut-être moins
répandue, car Loureiro mentionne l'espèce seulement en Cochinchine (Fl .
Coch., p. 198). D'après Rhumphius (I, p. 95) elle avait été introduite de
mémoire d'homme dans certaines îles de l'archipel asiatique. Forster ne
mentionne pas l'espèce parmi les plantes à fruit comestible des petites îles
de la mer Pacifique. Le nom vulgaire aux Philippines, Manga (Blanco,
FL, p. 181) montre une origine étrangère, car c'est le nom malais et
espagnol. Le nom vulgaire à Ceylan, où l'espèce est sauvage (herb. Lugd.
Bat., d'après Blume, Mus. Lugd. Bat., I, p. 19/i) est Ambe ou Elle
Ambe; analogue à l'ancien nom sanscrit Imr « , et d'où viennent les noms
persan et arabe Amb (Rumph., l. c.; Forsk., p. cvii), les noms indiens
modernes et peut-être, par une dérivation plus éloignée, les noms malais
Mangka, Manga et Mampelaan (Rumph., Ì. c.). Il y a cependant plusieurs
autres noms usités dans les îles de la Sonde et des Moluques
(Rumph., l. c.; Blume, Mus. Lugd. Bat., I, p. 191), et en Cochinchine
(Lour., l. c.) qui ne peuvent se rattacher nullement à cette source.
La multitude et la variété de ces noms indiquerait une origine ou au moins
une culture fort ancienne dans l'archipel indien.
Rumphius (I, p. 9/i) mentionne deux variétés à petits fruits sauvages à
Macassar et à Java. M. Blume (Bijdr., p. 1157) en indique une sauvage
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