1 0 5 2 DKS ESPÈCES DISJOINTES.
et (le la Caroline, adnuse par les auteurs, on ne la (ronvera jamais sur les montagnes
do TAmérique méridionale ; T Hémisphère austral, aux lies Malouines, en
abondance (6\a/i//c/i ), et en Patagonie (Hook, f., Fi. ant., IX, p. 375), mais non
au Chili (C. Gay, Fl. CliiL), ni à la N.-Zélande ou la N.-llollande.
T r î t i o um vvpvns, T. — ^ — I " Hémisphère boréal, en Europe, Sibérie et
Amérique se|)tentnonale (Kunth, Fnam., I, p. 440), où il offre beaucoup de
variations (Hook., Fl. bor. Am., Il, p. Je le vois indiqué vers lo midi à
l'île de Palma (Webb, Phyt. Cu//., sect, m, p. 420), à Alger (Munby, /'7.) ;
2 ' hémisphèr e austral, aux îles Malouines (A. Brongn., Praiiiicv voy. Aslrol,^
p. 5G ; Hook, f., Fl. ant., II, p. 389), Patagonie (Hook, f., ib.). H varie dans
cet hémisphère, comme dans lautre ; mais MM. A. Bron^niart et Hooker lils,
après avoir étudié séparément la question, n'hésitent pas à dire l'espèce semblable.
Je ne la vois pas indiquée à la Nouvelle-Hollande, à Maurice, ni au Cap.
La plante de la Nouvelle-Zélande est diiTérente (Hook., Fl.).
I l o r d c u i n jubatmii, r . — @ — » Amérique septentrionale dans les
marais, de Boston à l'Orégon (Hook, f., Fl. ant., II, p. 388 ; Bock, Bot, N.-St.),
mais non vers les régions arctiques, ni dans les États méridionaux de l'Union;
2Métroit de Magellan, Port-Famine (Hook, f., l. c.). M. Hooker fils soupçonne
que l'Hordeum carnosum, Presl (je suppose Hordeum comosum, Presl, par
erreur typ.) originaire du Chili (Hienke) est la même espèce.
l l c l o p i i s aiinulatiiK, ]%ices (Eriocliloa ? aniiulata, Kunth). —D'après
Kunth [Fnum., I, p . 7;i), cette Graminée croît : r dansTIndeet à Manille; à
Montevideo. Je ne la vois pas indiquée ailleurs dans quelques ouvrages plus récents
(Lehm., />/. Preiss. ; Hook. L,Fl. ant. ; Desv., Fl. Cfiil. ; Benth., Sulph.),[iii
ce n'est dans le Voyage de lieechey.h Macao, localité voisine de la première.
T r i s c t u i n !4|iicatiiin, Bc-auv. (it^ena siiilks|>icata, Claîrv ). —• "^f —
Dans le vieux monde: 1" Péninsule Scandinave (Fries, Summa, p. 78), Sibérie
(Hook.,/<7. 97). Kamtschatka et Unalaschka (Ledeb., Fi. Ross., IV,
p. 4 1 8) ; 2" Alpes ; Pyrénées, sur les plus hauts sommets (Ram., Veg, Pic du
Midi, p. 60). Dans le nouveau monde : r Amérique septentrionale, du Labrador
aux montagnes Rocheuses (Hook, f., l. c.) et aux montagnes du Mexique
(Hook, f., Fl. ant., li, p. 378) ; 2" montagnes do la Colombie (Hook, f., L c.), du
Pérou (Hook, f., FL ant., I, p. 97, où il affirme l'identité) ; 3M>atagonie,' îles
Malouines, en abondance (fd., II, p. 378) ; 4^ îles Campbell, sur les montagnes
{id., I, p. 97). M. Hooker fils croît que l'espèce s'est transmise d'un hémisphère à
1 autre par les Andes. Cependant, il remarque le fait que les vents habituels de
rhémisphère austral Tauraient éloignée de Tîle Campbell. Si les graines se transportent
si facilement, pourquoi l'espèce manque-t-elle aux îles Britanniques,
Féroé et au nord de rAllemagne?
^ M. J. Gay s'est occupé d'une Monographie, encore inédite, du genre Spartina.
Voici la communication intéressante que ce botaniste, d'une exactitude si scrupuleuse,
a bien voulu me faire en '1 846 :
C( Le Spa r t ina . s t r i a t a croît: au fond du golfe de Venise; 2«^ sur les côtes
occidentales de l'Océan, de l'Angleterre à Mogador ; au Cap de Bonne-Espérance;
4" sur toute la côte orientale des États-Unis ; 5" dans le port de Cayenne.
)> Le .Spartina alt< r n î l l o r a , I.oîs (Tracliynotia aUcrniflora, ttc;.)
croit : r ' à l'embouchure de l'Adour, et là seulement en France ; 2" à Southampton,
et là seulement en Angleterre (Bab., Man., r édit., 1847, le confirme);
KSPKCRS PARTAGKKS ENTUK LES DEUX ITKMISPTIÈRES. 1953
3û sur la côte orientale des Étals-Unis ; 4" dans le port do Cayenne, à côté do
l'espèce précédente. »
)) Le Spartina juneea, Mliui., croît : ^ dans les États méridionaux de
l'Union, notamment en Géorgie (et aussi dans les États du nord-est, d'après
A. Gray, Bot. N.-St., 1 848, p. 586) ; à Fréjus, département du Var, seule
localité connue pour l'ancien monde 1 II est très abondant sur un certain coin
de la plage, et je l'y crois tout à fait spontané : V parce qu'il n'y a là aiicun
port où le lest des navires américains ait pu être déposé; 2" parce (jue les Spartina,
semblables à d'autres Graminées puissantes par leurs racines (Arundo
Phragmites, Donax, etc.), ne mûrissent que rarement, ou partiellement, ou peutêtre
jamais leurs fruits; 3" parce qu'il est certain que plusieurs autres espèces
du genre sont sporadiques, et ont eu, dès l'origine, })h:isieurs centres de création,
très différents, très éloignés les uns des autres, i)
Aucun Spartina n'est indiqué aux Açores (Wats , dans Hook., Land. Journ. of
Bât., Ill et VI), à Madère (Lemann, cat. msc.), ou dans les Canaries (Webb,
Phyt.).
Ces faits sont assurément remarquables. Une circonstance, toutefois, en diminue
un peu la valeur, c'est que les Spartina sont des plantes qui habitent dans la vaso
et dans les sables humides au ])ord de la mer, ou près do lembouchur e des lleuves,
de sorte qu'un courant marin venant à transporter leurs graines, elles peuvent
germer là précisément où elles sont déposées. Le docteur Bromfield [PhyloL,
1 850, p. 1 095) qui avait vu la plante aux États-Unis et près de Southampton,
suppose une introduction en Angleterre, lïabord plusieurs personnes lui ont dit
qu'elle n'existait pas dans leur jeunesse à Southampton, et un seul individu lui a
affirmé Tavoir vue et employée comme roseau vingt ans avant que les botanistes
l'eussent découverte. 11 ajoute : « Quelques racines rampantes de cette espèce emportées
accidentellement par un vaisseau avec du lest ou des marchandises, conserveraient
leur vitalité d'Amérique en Europe, et jetées dans la vase de lichen
(petite rivière où elle se trouve près de Southampton), propageraient la pianto. )>
On peut dire d'un autre côté que la rareté do ces deux espèces sur les côtes
d'Europe, rend peu probable qu'elles se répandent par le moyen des courants et
des vaisseaux. Sans cela, de Venise, de Fréjus, du fond du golfo de Gascogne, où elles
sont isolées, elles auraient gagné les côtes adjacentes. En particulier, en Provence
et en Gascogne, des courants longent le littoral, et le cabotage est très actif. Le
transport de Cayenne à ces localités peu commerçantes do l'Europe ou vice versd,
est infiniment peu probable. Je doute que jamais un vaisseau ait charge directement
du petit port de Saint-Raphaël, près de Fréjus, que je connais bien, pour
Cayenne ou pour les États-Unis. De Bayonne, il part assez peu do vaisseaux pour
l'Amérique, et d'ailleurs l'espèce n'est pas commune près de Bayonne. D'après la
carte des courants de l'Atlantique (Berghaus, Phys. Atlas), il n'en existe
aucun venant do Cayenne en Europe, et le Gulf-stream porte sur les îles
Açores où les Spartina manquent, plutôt que sur la Gascogne. La position d'une
des espèces au Cap, et d'une autre à Fréjus et à Venise, est en dehors de toute
influence de cette nature. Le seul transport qui n'est pas tout à fait impossible,
est celui de vaisseaux partant des États-Unis, oii habitent les trois espèces indiquées,
et allant jeter du lest ou des marchandises à Cayenne, à Southampton, à
Bayonne, à Fréjus, à Venise, au cap de Bonne-Espérance, mais c'est bien improblable
pour plusieurs de ces localités. D'ailleurs, si les Spartina se transportent et
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