NATUÍIAÍJSATION A GHAînDK DISTAÌN'CK, 763
7()2 r.IïANdKMKXTS DANS l/llAIHTATION DKS ESPKCKS.
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aux pays inlertropicaux, sur lesquels ou peut s'appuyer d'uue uiauière
spéciale.
J.a végétalioii des régions tropicales, (piaïul ou compai'e l'ancien et le nouveau
monde, se compose essentiellement d'espèces dilVérentes, el même on
iirande partie de i^enres dilVérents. Je citerai plus loin quehiues espèces qui
semblent avoir été coamiunes, dès l'origine, aux deux mondes, quoique
tropicales; mais ce sont des cas excessivement rai'es, et même je doute
(|ue plusieurs de ces espèces n'aient pas été transportées dans des temps
très reculés par une cause inconnue. Ainsi, entre les tropiques, toutes les
probabilités sont, à priori, et avec beaucoup de force, dans ce sens : 1° que
les espèces également spontanées dans les deux mondes sont originaires de
l'un des deux seulement; que les espèces d'un genre principalement ou
exclusivement américain qui se trouvent ailleurs sont d'origine américaine,
ou inversement, (jue les espèces d'un genre asiatico-alVicain , ([ui se trouvent
en Aniériipu^ sont originaires de l'ancien monde, ('es lois de probabilité
auront surtout de la valeur dans le cas de genres très nombreux. Ainsi
les deux cent cinquante Hyptis connus existent en Amérique, et sept d'enti'e
eux ont été retrouvés eu Afrique ou en Asie. N'est-il pas intiniment probable,
par cela même, (ine ces derniers ont été transportés d'Amérique?
L'île de Madagascar est séparée de la còte d'Afrique par un courant
rapide qui rend les échanges directs de graines difliciles. Les îles Maurice
et Bourbon ne revoivent pas de courant direct et habituel de Madagascar;
au contraire, les coui'anls jiortent plutôt vers Madagascar (voyez
Berghaus, Atias, part, hydr., pl. 15). Si donc une espèce est spontanée
dans ces trois îles, (ju'elle soit ou ([u'elle ne soit pas en même temps sur
le continent africain, par exemple en Guinée, on ne jionrra guère supposer
pour elle une origine américaine. Si elle est en (niinée et (pi'elle manque
aux îles de l'Afriiine orientale, soit îles Mascarenhes, on pourra incliner
facilement, au contraire, à l'opinion d'une origine du nouveau monde.
A défaut de Flores anciennes qui puissent constater l'introduction des
espèces, les noms vulgaires anciens prennent de rinq)ortaucc. Le sanscrit
est d'une immense ressource à cet égard. Il était langue morte déjà à
l'époque de la conquête de l'Inde par Alexandre le (Irand! Ainsi tonte
plante actuellement dans l'Inde qui se trouve avoir un ou plusieurs noms
sanscrits ne peut pas être originaire d'Améri(iue. lin faisant usage de ce
critère, je n'ai cessé d'admirer la précision de Roxburgh dans ses désignations
de noms indiens (a), la richesse des noms sanscrits, dont un
(a) Uoxburgli, Flora Indica, (•.HI. \Vullicli, 2 vol. ¡u-8, 1820-1824, el surtoul
r i i u : 1832, 3 vol. in-S. Olio (Iprniòrc ne renfeni^o pas lf>s rxcollenies mlditions da iloohabile
philologue, M. Adolphe Pictet, m'a quehpiefois appris le sens, et
enlin, le développement de cette antique civilisation dans laquelle le génie
poétique s'alliait à l'observation exacte des phénomènes naturels. Les
indices botaniipies se sont trouvés toujours d'accord avec les indices tirés
des noms sanscrits, excepté pour deux espèces (Acacia farnesiana et (iomphrena
globosa). J'ignore si ces deux exceptions proviennent de (juelque
erreur dans l'intelligence des noms sanscrits \k\v les auteurs anglo-indiens,
ou si elles doivent jeter (iuel([ue déiiance sur les conclusions à tirer de
l'emploi du sanscrit. Peut-être Roxburgh a-t-il pris quelquefois un nom
usité par les Brahmes pour un nom sanscrit, ou un nom de langues issues
du sanscrit pour un nom primitif. En général, cependant, l'ouvrage de
Roxbugh paraît un guide très sûr.
Malheureusement si l'origine asiatique peut quelquefois être démontrée
)ar un nom sanscrit, l'absence d'un nom dans cette langue ne doit pas être
regardée comme un indice bien fort d'une origine non asiatique. Quand il
s'agit d'uue plante de l'archipel hidien ou des parties les plus méridionales
de l'Inde, le sanscrit ne pouvait pas avoir de nom, car les peuples qui le
parlaient habitaient le nord de l'Inde. Si l'espèce est peu ajjparente, si elle
appartient à un genre diiïicile à débrouiller, on ne peut pas s'étonner de
ne point trouver de nom sanscrit. D'un autre coté, j e ne pense pas qu'une
plante (pii serait aujourd'hui conunune dans les provinces septentrionale.s
de l'Inde et d'une nature apparente,, ou oITrant des usages importants,
pût avoir échappé à la nomenclature et aux ouvrages sanscrits si elle avait
existé jadis dans les mômes provinces.
Les communications entre l'ancien'et le nouveau monde sont de deux
sortes : 1° les courants; 2" les rapports établis par les peuples européens
ou d'origine européenne depuis trois siècles.
Dans l'Allantique, le principal courant (Gulf-stream, courant des Floridos)
(a) part de l'embouchure du lleuve des Amazones et de la côte de •
Venezuela, fait le tour du golfe du Mexique, sort avec rapidité entre Cuba
et les Florides, se porte vers les Acores, où il diminue beaucoup de vitesse;
puis d'un côté il passe vers l'Europe, et de l'autre vers les Canaries et la
côte de Guinée, qu'il longe dans presque toute son étendue. A voir la quantité
de graines (ju'Il porte eu Irlande, en Ecosse et en Norwége , on doit
croire qu'il en transporte aussi sur la côte d'Afri(iue. Un autre courant
part du Congo et se répand, en forme d'éventail, sur tout le Brésil.
leur AVallicb, mais elle contient les classes qui suivent la penlandrie. L'index de Piddington
[An cnglish index lo Ihe plants of India, 1 vol. in-8, CalcuUa, 1832) est tiré
jirincipalenient de Roxburgh.
(a) Voyez Berghaus, Physic. Allas, 2 abth., pl. 3 et ou Beechey, dans Herschel,
Âfan. of se. eng., carle, p, 106.