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1 3 3 8 VÉGÉTAUX DE DIVERS PAYS AU POINT DE VUE DES ORIGINES.
En définitive, la loi primordiale des faits est dans la création et dans
la distribution première des groupes qui ont paru successivement; les modifications
secondaires viennent des communications et séparations de
surfaces terrestres ou des altérations de climats qui ont pu avoir lieu, à la
suite d'abaissements et d'élévations des terrains, pendant la série immense
des événements géologiques.
La marche régulière de la science devrait être : i" de constater au
moyen de la distribution géographique des groupes et de l'influence des
conditions extérieures, ce qui s'explique par les circonstances actuelles ;
de chercher dans les autres phénomènes ce qui peut s'expliquer par des
causes secondaires dans chaque partie du monde et à chaque époque ;
3° de déduire de là ce qui constitue la loi principale de succession et de
distribution géographique des êtres organisés.
Je me suis efforcé dans cet ouvrage d'étudier le premier point, en ce qui
concerne les végétaux. Le second dépend du progrès graduel de la
géologie et de la paléontologie. Le troisième est le dernier mot de la
science, qui ne sera peut-être jamais prononcé, à cause de l'insuffisance
de nos moyens d'observation et de l'arrivée tardive de l'homme sur le
théâtre des phénomènes qu'il voudrait comprendre et expliquer.
LIVRE QUATRIÈME.
C O N C L U S I O N S GÉNÉRALES.
CHAPITRE XXYII.
La végétation actuelle est la continuation ^ au travers de nombreux changements
géologiques, géographiques, et plus récemment historiques, des
végétations antérieures. La distribution des végétaux, à notre époque, est
donc intimement liée à l'histoire du règne végétal.
Heureusement, pour expliquer les faits actuels, il n'est pas nécessaire
d'adopter une opinion sur les hypothèses les plus obscures de la cosmogonie
et de la paléontologie, par exemple, sur le mode de création des
espèces, sur le nombre des individus de chaque espèce à l'origine et
sur leur distribution primitive. La géographie botanique peut indiquer certaines
probabilités, appuyer certaines théories à cet égard; mais les circonstances
principales de la distribution actuelle des végétaux dépendent
de causes moins anciennes et moins obscures. Il suffît pour les comprendre
d'admettre^ ce qui est probable d'après un ensemble de faits et de raisonnements,
que les êtres organisés de différentes formes héréditaires (classes,
familles, genres, espèces, races) ont paru en différentes régions à des
époques variées, les plus simples probablement les premiers, les plus
compliqués ensuite; que chacun de ces groupes a eu communément un
centre primitif d'habitation plus ou moins vaste ; qu'il a pu, pendant toute
la durée de son existence, devenir plus commun ou plus rare, prendre une
habitation plus étendue ou plus restreinte, selon la nature physiologique
des plantes qui le composent, les moyens de propagation et de diffusion
dont elles sont douées, l'absence ou la présence d'animaux qui les attaquent,
la forme et l'étendue des surfaces terrestres, la nature des climats
successifs dans chaque pays et les moyens de transports qui résultaient de
la position des mers et des surfaces terrestres ; que beaucoup de ces
groupes ont cessé d'exister, tandis que d'autres ont paru, en nombre supérieur,
du moins si l'on compare l'époque actuelle avec les époques les
plus anciennes : enfin, que l'époque géologique récente, dite quaternaire
(celle qui a précédé l'existence de l'homme en Europe et qui a suivi les
derniers soulèvements des Alpes), a duré plusieurs milliers d'années, pendant
lesquels des changements géographiques et physiques importants sont
arrivés en Europe et dans quelques pays voisins, tandis que d'autres ré-
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