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1312 VÉGÉTAUX DE DIVERS PAYS AU POINT DE VUE DES ORIGINES.
aisément tomber en se livrant exclusivement à ce genre de considérations.
Enfin, je parlerai des hypothèses qu'on peut émettre sur d'autres pays, où
malheureusement on ne peut pas encore s'appuyer sur des indices géologiques
d'une certaine valeur.
ARTICLE II.
ORIGINES PROBABLES DES ESPÈCES EUROPÉENNES ACTUELLES.
Le travail d'Edouard Forbes concernait les origines de la flore et de la
faune des îles Britanniques (a). Pour la flore, il s'était servi des faits contenus
dans les excellents ouvrages de M. H.-C. Watson, du moins dans les
Remarks on the geographical distrihution of British -plants (/>), carle
Cybele n'avait pas encore commencé de paraître. Les éléments dont il
avait besoin s'y trouvaient disposés de la manière la plus commode pour
son but, puisque les tableaux indiquent la distribution de cliaque espèce
dans la Grande-Bretagne et sa présence simultanée dans d'autres pays-
C'est une justice à rendre à M. Watson. En môme temps, il faut le reconnaître,
l'idée de rechercher les origines était bien ^exclusivement de Forbes,
puisque M. Watson n'èn parle pas, que dans le premier volume du Cybele^
publié peu de mois après le Mémoire de Forbes, il s'explique à cet égard {c)
et semble môme dédaigner le genre d'investigation dont il s'agit, ou tout
au moins les théories émises sur l'origine des espèces britanniques.
Voici les opinions de Forbes, exposées en abrégé, mais avec certains
commentaires d'auteurs subséquents, ou de moi-même, qui complètent le
sujet. r
On sait qu'il existe sur les montagnes d'Ecosse et des autres parties des
îles Britanniques plusieurs espèces alpines ou boréales, qui se retrouvent
ailleurs, tantôt sur les montagnes du continent européen, tantôt sur ces
montagnes et dans le nord, le plus souvent dans les régions septentrionales,
comme la Scandinavie, l'Islande, le Groenland, le Labrador. Elles dateraient,
(a) Ed. Forbes émit pour la première fois ses idées dans TAssociation britannique, à
Cambridge, en 1845. Il publia ou laissa publier divers articles de journaux, puis ¡1 réunit
ses recherches et opinions sous le titre : On the connexion between the distribution of the
existing Famiaand Flora of the Biislish isles ^ toitk the geological changes which have
affected their area especially during the northern drift, Br. in-8 de 98 pages et 2 cartes.
Londres, 4 816.
(b) Londres, 1 vol. in-8, '183o.
(c) En définissant ce qu'il nommait dès 1835 des Types de distribution. Il appelle
espèce du type bri tannique celles qui sont répandues assez également dans toute la Grande-
Bretagne, du type germanique celles qui sont particulières au côté oriental de l'île ; mais,
dit-il (p. 50), ce n'est pas que je suppose à ces plantes une origine germanique, je veux
dire simplement quelles ont une distribution relative aux divisions de TAngleterre qui
regardent la mer d'Allemagne.
ORIGINES PROBABLES DES ESPECES EUROPÉENNES ACTUELLES. 1313
selon Forbes, de l'époque qui a suivi le terrain tertiaire pliocène et précédé
la nôtre, époque appelée mmúenmt pleistocène (Lje\\) ou quaternaire
(d'Arcbiac). Pendant une grande partie de cette époque, la mer d'Allemagne
s'étendait jusque vers les Alpes et l'Oural, et couvrait une partie
des îles Britanniques (a). Les Alpes avaient atteint leur élévation actuelle.
Le climat du nord-ouest de l'Europe était analogue à celui qui existe
aujourd'hui en Amérique, sous les mêmes latitudes. Les glaciers descendaient
sur le bord de la mer, comme on l'a constaté exactement, et les
glaces ilottantes pouvaient transporter des graines ou desplantes entières.
Forbes croyait devoir supposer un exhaussement postérieur des montagnes
britanniques; mais M. Charles Martins (6) adoptant l'idée principale d'une
mer entourée de glaciers et de transports ordinaires par les courants, les
vents, les glaces flottantes, les oiseaux, qui devaient rendre la végétation
uniforme, ne trouve pas nécessaire de recourir à un exhaussement. Le
docteur Hooker (c) va plus loin. Partant du fait que l'Angleterre est le
pays le plus chaud de tous ceux situés sous la même latitude; que 5° cent,
de différence lui donneraient le climat du Labrador, qui convient aux
plantes arctiques, il semble présumer une végétation assez uniforme autour
de la mer en question, par un ensemble de causes toutes naturelles. Cela
se voit, en eifet, aujourd'hui autour de la mer de Baffin ou de la baie
d'Hudson. Dans le fait, les espèces pouvaient venir de tout le littoral, comme
de toutes les îles qui existaient alors, et, sans sortir de l'hypothèse de Forbes,
je ne vois pas pourquoi telle espéce ne serait pas allée d'Écosse ou des
îles Féroé au Labrador, aussi bien qu'une autre espèce du Labrador ou de
Scandinavie vers l'Ecosse. Le temps qui s'est écoulé depuis cette époque
et la disparition probable d'espèces de plusieurs localités par des changements
de climat, rendent fort difficile toute recherche à cet égard, et, il
faut le dire, c'est un point accessoire des idées dont il s'agit (d).
L'hypothèse n'a pas seulement l'avantage d'expliquer des faits de bota-
(а) Les preuves géologiques de cette mer se trouvent dans plusieurs ouvrages modernes.
Je citerai en particulier : Murchison, de Yerneuil et de Keyserling, The geology of Russia
(voir l'analyse donnée par d'Archiac, Ilist. de la géoL, I, part, xi, p. 42 à 44, et par
W. Hopkins, discours annuel, coamie président de la Société géologique de Londres, en
1852, dans Quarterly jour n. geoL Soc., p. xxxni . Voyez aussi les Mémoires de M. Austen
dans le môme journal, spécialement le tableau synchronique des formations tertiaires
supérieures, VII, 1851, p. 136.
(б) Colonisations végétales des îles Britanniques, daus Bibliothèque universelle de
Genève, mai 1848.
(c) Flora of New-Zealand, préface, p. xxiv.
{d) Oii lira cependant avec intérêt les hypothèses de M. Ch. Martias, pour expliquer
Toriginedes espèces des îles Féroé, Shetland, etc., par des migrations d'Europe ou d'Amérique
{Essai sur la vegét. des Féroe\ daus Voy. de la Recherche, p. 434). Les espèces
communes entre ces îles et l'Europe sont les plus nombreuses. Est-ce parce qu'elles
seraient venues d'Europe en plus grand nombre, ou que plusieurs espèces auraient cessé
d'exister en Amérique ?
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