
7/1/1 CHANGEMENTS DANS L'IIABITATION DES ESPÈCES.
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nance des Composées s'explique par leur abondance dans les pays d'où
l'Europe a reçu le plus d'espèces, en particulier aux Étals-Unis, par la
facilité des aigrettes à adhérer aux marchandises, et aussi par la circonstance
que le climat européen leur est favorable.
9 . L'introduction des espèces naturalisées, de pays lointains, a marché à
peu près régulièrement depuis la découverte de l'Amérique. Le total,
6/1 en 3 siècles i/2, donne 18 espèces par siècle, en moyenne. Avant
la découverte de l'Amérique et du cap de Bonne-Espérance, l'introduction
d'espèces de pays éloignés était presque nulle. Il a pu en arriver de
l'Asie méridionale, de l'Asie orientale ou d'Abyssinie, par de rares voyageurs
et par des naturalisations successives dans les pays intermédiaires,
mais je n'oserais pas estimer cette quantité même à une espèce par siècle.
A l'avenir, les rapports avec les pays lointains étant beaucoup plus' fréquents,
le nombre des jardins étant aussi plus considérable, les espèces
naturalisées dépasseront 18 par siècle. Il est probable que plusieurs
plantes de Californie, de l'Orégon, delà Chine, de la Nouvelle-Hollande,
du Chili et de Buénos-Ayres, viendront s'ajouter à la Flore européenne.
•10. Les seules espèces (jui soient devenues communes dans une partie
un peu étendue de l'Europe , sont : Dans le midi, l'Opuntia Ficus-indica,
le Phytolacca decandra et l'Amarantus albus; dans le midi et le centre,
l'Erigeron canadense. Du reste, parmi les autres espèces, plusieurs sont
sociales, c'est-à-dire très abondantes dans les localités où elles se trouvent.
Tel est le cas des Jussiica grandillora, Anacharis Alsinastrum, Bidens
bipinnata, Antennaria margaritacea, Amarantus retroflexus, Panicum Digitarla.
Les quatre espèces indiquées ci-dessus comme les plus communes
sont toutes d'une introduction qui remonte à plus d'un siècle, et quelquefois
à plus de deux siècles. On pourrait en inférer que d'autres espèces
naturalisées depuis peu deviendront communes au même degré. Cependant,
il faut remarquer aussi combien ces quatre espèces se sont répandues
promptement dès leur arrivée en Europe.
11. Sur les Qh espèces, il y en a 19 qui existent, hors d'Europe, dans
plus de deux régions différentes, en prenant le mot région dans le sens
arbitraire admis ci-dessus, pour mes calculs sur l'éteiulue des habitations.
Cette proportion de 29 pour 100 est énorme, car pour l'ensemble des
Phanérogames, elle se trouve de h 1/2 pour 100 (voy. p. 5/i7), et dans
les familles de cette classe où les espèces ont l'aire la plus grande, la
proportionne dépasse pas 20 à 2/i pour 100. Il est évident que les espèces
susceptibles de se naturaliser de pays lointains, en Europe, sont ordinairement
des plantes très répandues ailleurs, soit parce qu'elles sont
robustes, soit i)arce([u'elles se trouvent douées de moyens exceptionnels de
NATURALISATION A GRANDE DISTANCE. 7l i b
transport OU de reproduction qui les ont depuis longtemps fait se répandre
en divers pays.
12. Cependant, quelques familles dont les espèces sont très répandues
(p. 60/i, 517), ne sont pas représentées sur cette liste, ou le sont faiblement,
par exemple les Fluviales, Joncées, Convolvulacées, Polygonées, Salsolacées,
Cypéracées, Verbénacées, Gentianacées, sans parler de familles
propres aux pays plus chauds que l'Europe. J'y vois une nouvelle preuve
que les causes de la dispersion de plusieurs espèces, en particulier des
plantes aquatiques, sont antérieures à l'ordre actuel des choses, antérieures
surtout à l'inlluence de l'homme, qui est aujourd'hui la cause prédominante.
13. Les 6/i espèces appartiennent à /|6 genres différents, dont 21 sont
nouveaux pour l'Europe ; elles se rangent dans 2/i familles, dont trois
(Ficoides, Phytolaccacées, Cannacées), sont nouvelles pour l'Europe.
Voici maintenant la liste des espèces naturalisées d'Europe ou d'autres
pays éloignés dans le Canada et le territoire ancien des États-Unis, c'est-àdire
dans les États orientaux, entre le Mississipi et la mer Atlantique. Je
me suis servi principalement de la Flore de MM. Torrey et Gray (A Flora
of North America, vol.I,in-8% 1838-18/iO-, vol. Il, part. i,ii et m, 1861-
18/i3) pour les familles comprises entre les Renonculacées et les Composées,
dans l'ordre du Prodromus, et de l'ouvrage plus récent de M. Asa
Gray (A Manicai of the Bol any of the Northern United-States,
1 vol. in-8o, 18/I8), pour les autres familles de Phanérogames. MM. Torrey
et Gray ont indiqué avec exactitude et sagacité, à ce qu'il me paraît, les
espèces devenues spontanées. Comme elles sont presque toutes d'origine
récente, que leur propagation d'une partie à l'autre du territoire a été
remarquée fréquemment par les auteurs depuis un demi-siècle; comme,
d'ailleurs, la grande majorité des introductions a eu lieu dans les Etats de la
Nouvelle-Angleterre, il y a peu de chances d'erreurs en consultant essentiellement
ces deux ouvrages (a). Quelquefois, cependant, j'ai recouru à
d'autres Flores, pour lever des doutes et pour perfectionner et compléter
la liste. Les ouvrages de'M. Darlington, en particulier (Flora Cestrica,
1 " , 2'= et 3"^ édit. ; Agricultural Botany, 18/Ì7), m'ont offert des renseignements
très utiles.
La cause d'erreur dont il faut le plus se défier est la présence de
(a) Un auteur allemand a demandé récemment {Linnoea, XXII, p. 151) pourquoi les
Américains, en particulier M. Torrôy, indiquent la plupart des espèces trouvées aux
États-Unis et en Europe, comme introduites de ce dernier pays. Il i-arait cron-e que c est
sans motif, par idée préconçue. Je puis dire, au contraire, qu'en suivant une a une les
espèces soupçonnées d'origino européenne, j'ai trouvé presiiue toujours des preuves ou
des indices très forts à l'appui des assertions de MM. Torrey et Gray.