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1 2 8 / i VARIÉTÉ DES FORMES VÉGÉTALES DANS LE BIONDE ENTIER.
loucher aux doigls. Je suis dispose à appliquer ce geure de considérations a
des fails analogues. Ainsi le petit nombre d'espèces dans le nord et sur le
sommet des montagnes pourrait venir d'un melange de conditions présentes
et de conditions antérieures. Au premier aperçu, on voit beaucoup d'espèces
craindre le froid, et l'on attribue le petit nombre des plantes boréales à cette
cause unique. Cependant, puisque plusieurs milliers d'espèces, de familles
dilTérentes, vivent dans les régions froides, il n'y a pas, dans la structure
meme des végétaux, des causes qui empêchent l'existence d'un plus grand
nombre de ces espèces boréales. La géologie moderne nous apprend que
de vastes étendues des régions polaires, aujourd'hui couvertes de végétation,
ont été sous les glaces ou sous la mer, à une époque peu ancienne
dans l'histoire du globe. Plusieurs grandes chaînes de montagnes aussi
ont été entourées de glaciers, ou sont d'une date géologique récente. Sur
ces terrains, les espèces sont donc moins anciennes que dans d'autres
pays. Leur petit nombre semble découler de cette cause, car qu'on adopte
l'idée de créations successives, ou celle d'un développement graduel des
espèces et d'une augmentation lente par modifications, ou encore celle de
translations successives, peu importe, ranciermeté sera toujours une cause
de variété.
Ainsi, soit pour les îles, soit pour les continents, j'admets volontiers des
causes multiples pour expliquer le nombre des espèces. Les unes sont
tirées de l'ordre de choses actuel, les autres d'un état antérieur du globe, et
ces dernières ne sont peut-être ni les moins nombreuses, ni les moins
importantes.-
§ VL CONJECTURES SUR LE NOMBRE TOTAL DES ESPÈCES PHANEROGAMES.
Plusieurs botanistes ont tenté d'estimer le nombre absolu des espèces de
la surface du globe. Ils ont suivi deux marches différentes. Les uns sont
partis du nombre des espèces décrites dans les ouvrages généraux à diverses
époques;ils ont estimé le nombre probable des omissions et ont ajouté le
nombre bien plus douteux des espèces à découvrir. D'autres ont considéré
les régions une aune, et conjecturant d'après les Flores, les collections et
le dire des voyageurs, ils ont admis un nombre probable pour l'ensemble
de toutes les régions.
Dans l'un et l'autre système, il a fallu continuellement augmenter les
chiffres, à mesure que la science faisait des progrès. Ainsi, bu aurait confondu
les botanistes de l'époque de Linné, en supposant l'existence probable
de 110 à 120,000 espèces, comme le fit de Candolle en 1820 (a),
(a) Essai élémentaire de géogr. hot.^ dans le dix-huitième volume du Dictionn, dos
se. nat.
NOMBRE TOTAL DES ESPÈCES DANS CHAQUE PAYS. 1285
et cependant, dès 1836, Meyen, sans être taxé d'exagération, estimait
le chiffre supérieur à 200,000 (a). Quant à moi, je ne suis nullement
surpris de cette évaluation. J'ai déjà fait remarquer dans un article de
journal {b), que chacun des volumes du Prodromus ajoute de 25 à 38
pour 100 aux espèces connues. Depuis trente ans que l'ouvrage a commencé,
et en dépit de la multitude des espèces qui se publient dans les
autres ouvrages, la proportion des plantes nouvelles de chaque volume
demeure à peu près la même. Il me semble toujours que nous marchons
vers des familles du règne végétal mieux connues, grâce aux travaux immenses
qui se sont faits, et toujours je remarque un nombre additionnel
d'espèces nouvelles jusqu'alors confondues avec d'autres ou enfouies
dans les herbiers. Ceci ne fait pas présumer assurément que nous
approchions de connaître le nombre total des espèces. De leur côté, les
auteurs de Flores et les voyageurs remarquent combien on découvre
d'espèces dans des pays que l'on regardait comme passablement explorés,
ou qui passaient pour pauvres. Personne n'aurait cru, il y a quelques
années, qu'on découvrirait dans l'Orient, en Algérie, en Espagne, au
Texas, etc., la multitude d'espèces qu'on y a trouvées. Évidemment,
dans beaucoup de pays, dont la majeure partie offre une végétation peu
variée, il y a des localités, comme des montagnes, ou dans les montagnes,
certaines vallées, certaines sommités, qui présentent des espèces
locales assez nombreuses. On objecte que beaucoup d'espèces ont été
décrites sous plusieurs noms, parce qu'elles existent à la fois dans plusieurs
flores; mais leur nombre est bien compensé par celui des espèces confondues
avec d'autres. Par tous ces motifs, l'estimation de Meyen ne me paraît
point exagérée.
Voici même un calcul d'un genre tout nouveau, qui indiquerait un total
d'espèces plus élevé. Il ne concerne que les Phanérogames, et, à vrai dire,
ce sont les seules plantes sur lesquelles on puisse, dans l'état actuel de
la science, hasarder des évaluations numériques.
Nous avons vu (p. 593) que la surface moyenne occupée par une espèce
phanérogame est d'environ ^ de la surface terrestre du globe, soit de
¿5,500 lieues carrées. L'Allemagne se trouve sous une latitude moyenne,
ou du moins sous les degrés de latitude qui correspondent le mieux à la
moyenne des terres, car l'Europe et l'Asie s'étendent sous ces degrés, qui
traversent aussi l'Amérique du nord dans un point où elle est très large.
L'Allemagne (sans l'Istrie), avec l'Alsace et la Suisse, renferme 2850 Phanérogames
spontanées. L'étendue est d'environ 59,500 lieues carrées, si j'ai
(a) Grundriss der Pflanzengeogr., p. 5.
{b) Bibliothèque universelle de Genève, juillet 18a2, article sur le Prodromus.
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