898 ORIGINE GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
Rlieede l'indique aussi spontanée dans lout le Malabar (VIII, tab. i et 5).
La même, selon lui, est cultivée dans les jardins pour être mangée; d'où il
semblerait que la plante sauvage^ dans cette région, n'est pas amère. En
Europe, la variété dite trompette est bonne à manger (Duchesne, Diet,
enc.^ II, p. 100). Il se pourrait que la plante ne fût pas bien spontanée,
ou qu'elle fût naturalisée dans l'Inde par l'ellet des cultures; mais il y a
d'autres preuves.
2® La variété sauvage dont parle Roxburgh a un nom sanscrit, Kutoo-
Toombee (Roxb., l. c.), la variété cultivée se nommant en sanscrit Ulava
(Roxb.), Ulavoo (Piddington, Jndex) ^ et en bengali Ktidoo et Laoo
(Roxb.), aussi Toombo (Pidd.). On voit que les noms modernes indiens
dérivent des deux noms sanscrits; que, par conséquent, on a admis de tout
temps l'identité delà variété sauvage et des variétés cultivées. La culture
doit remonter à une grande antiquité, d'après les noms sanscrits.
L'espèce est cultivée depuis un temps qu'on ne peut préciser, dans
tous les pays de l'Asie méridionale qui ont pu la recevoir de l'Inde. Ainsi,
•Loureiro [FI. Cocli.y p. 728) décrit parfaitement les trois variétés admises
par Duchesne.
Il note que la grande gourde-bouteille a la chair amère, et la gourdetrompette,
la chair douce, ce qui coïncide avec les observations faites en
Europe. Les Iconesplantariim sponte in China ^ áe VanBraam, donnent
une très bonne figure de la gourde-bouteille ou des pèlerins. D'après le
titre de l'ouvrage, on peut croire que la plante est indigène en Chine;
mais cela demande confirmation. Koempfer et Thunberg { FL Jap. ^ p. 323)
indiquent l'espèce au Japon sous deux formes. Rumphius (V, tab. ûàli)
décrit la gourde-bouteille comme souvent cultivée dans les îles Moluques,
ainsi que la gourde-trompette et la grande calebasse. Les indigènes lui
donnent des noms variés, dont un, Balo^ se retrouve à Ceylan sous l'orthographe
Balu (Moon, Caí . , p. 66).
k^ Au contraire, en Amérique, le Lagenaria n'est indiqué par aucun
vieux auteur. Je l'ai cherché inutilement dans Hernandez, Piso et Marcgraf.
Sloane (/am., I, p. 225, 226) en décrit deux ou trois variétés
comme cultivées à la Jamaïque vers la fin du xvip siècle; mais on ne peut
conclure, ni de ses synonymes, ni de ses expressions, que l'espèce fût spontanée
ou seulement très répandue dans les cultures en Amérique. Hughes
n'est pas plus afllrmatif. Plus tard, P. Browne (/am., 2'édit., p. 35/i)
enumere deux gourdes y l'une grande ^ cultivée; Vaulve petite ^ cultivée, ou
sauvage en plusieurs points de la Jamaïque, ayant une pulpe purgative,
a mère.
Rien ne prouve que ce soit le Lagenaria vulgaris, car l'auteur ne donne
ORIGINE DKS ESPKCKS l.K l'J.US GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 899
(pf un seul caractère, celui d'avoir une coque dure, servant de coupe ou de
l)outeille. Maycock (FL Barhad., p. 373) admet ce synonyme; mais il ne
dit pas que l'espèce soit spontanée à la Barbade. Joseph Acosta (Hist. nat.
ind., trad, franç., p. 167) parle de calebasses, usitées en Amérique,
probablement au Pérou, connues sous le nom de Capallos, qui servaient
de vases ; mais il est impossible de savoir si ce n'est pas une autre espèce.
J'en dirai autant des Zucche dont parle Oviedo (trad, de Ramusio, III,
p. 112), qui étaient cultivées si abondamment aux Antilles et à Nicaragua,
à l'époque de la découverte de l'Amérique, pour en faire des vases et des
bouteilles. Ce devait être une Cucurbitacée, voilà tout ce qu'on peut
affirmer.
Enfin, les botanistes des États-Unis (Nutt., Gen., Il, p. 228; EIL,
SketcL Gcog., II, p. 663 ; Torr. et Gray, p. M ) répètent, sans
donner de preuve, que les indigènes de leur pays cultivaient la grande
gourde à l'époque de la découverte, et qu'elle s'est naturalisée en partie
autour de leurs habitations. Elliott, qui paraît le plus attentif sur ce point,
dit : (( Elle se trouve rarement dans les bois et n'est certainement pas
indigène. Elle paraît avoir été apportée par les anciens habitants de nos
contrées d'un pays chaud. Maintenant, elle croît spontanément autour des
établissements, surtout dans les îles près de la côte (sea islands). »
50 Malgré cette prétendue origine américaine, la gourde paraît avoir été
connue en Europe avant la découverte de l'Amérique. Herrera, qui écrivait
peu de temps après cet événement, en 1513, la mentionne dans le nombre
des Calabazas cultivées en Espagne, et ne dit point qu'elle fut nouvelle
(édit. 1819, III, p. 77). La gourde des pèlerins (biventricosa) est
figurée très clairement en 1539 par Brunfels (Herb. ,111, p. 189), comme
étant le Cucurbita des Anciens. Elle est iigurée aussi dans le frontispice de
l'ouvrage de Ruellius, de 1536. Plus tard, Lobel (Hist., ^ . 366 et
Advers., p. 287) remarque l'usage, très fréquent dans le midi de l'Europe,
de porter le vin dans de petites gourdes. Il me semble avoir vu d'anciennes
images de pèlerins qui en représentaient. Peut-être avaient-ils
pris dans l'Orient l'habitude de s'en servir. Cependant, les Romains, au
commencement de l'ère chrétienne, employaient à cet usage une espèce de
Cucurbitacée qui servait aussi à soutenir les nageurs sans expérience. Cela
résulte de vers de Columelle, qui sont cités par Tragus ( 5 p . 825) et
Ruellius (Hist . ,^. Û98), en parlant des Cucurbita. Elles fournissent :
Nariciaî picis aut Actoei menis Hymeti
Aut habilem lymphis hamuîam, Bacclio ve lagenam.
Tum pueros eadem iluviis inriare docebit.
Pline (1. XIX, c. 5) dit également qu'on en faisait des vases, nrcei, et