740 CHANGEMENTS DANS L llAlUTAïlON DES ESPECES
E h r l i a r t u p n i i i c e a . Sm. — "if — Origine : Le Cap,-—Maintenant autour de
Portici (Parlât., ¥\. ItaL, fase, I, 1 848, p. 44 et 56).
C>-periis -vcgetus, Wîiui. —• — Origine : Amérique méridionale et septentrionale
(Kunth, Ënim.). — Fixé à Bayonne et à Bordeaux (Godron^ Consid.
migr.^ p. 23).
f Canna îiiilîca,!..?, Uoil.—"if —Origine : Indo.'— Maintenant en Sicile,
près de Syracuse. M. Gussone (Sy?i., I, p. 3) dit : « Olim forsanculta, sednunc
sponte abundantervegetatsimul cnm Coice lacryma. » M. Parlatore {Fi. It., p. 1 05)
le confirme. 11 est bien difficile de savoir le véritable nom de l'espèce et son origine.
Gussone cite Red. (L?/., t. 20'1). Selon Boscoe, toutes les espèces, sauf une,
sont d'Amérique. Il semble qu'elle a besoin diètro plantée pour se propager.
-f itponog'ctonrïistach:^oii , Pcrs. — — Origine: Le Cap.—Aujourd'luii
dans le Lez, près de Montpellier(Godron, Fl.Juven,, p. 39). Comme le Canna, cette
espèce ne paraît pas se répandre hors des rivières dans lesquelles on l'a introduite.
? Sisyrmchhim anceps. — Voy. le chap. X sur les espèces disjointes.
A n a e h a r i s Alsìnnsirnm, Bah. — "if— Origine : L'Amérique septentrionale.—
Trouvée en 4 842 par le docteur G. Johnston dans une pièce d'eau près de
Berwick, et successivement depuis dans un très grand nombre de rivières, canaux
et étangs de la Grande-Bretagne, même tout récemment dans une pièce
deau en Irlande {PhytoL, '1854, p. 88). Les faits concernant cette naturalisation
ont été résumés par M. W.Marshall [The new ivater loeed.hr. i n - 8 ' \ London,
4 852). J'ai donné un extrait de cette brochure dans Bibliothèque universelle de
Genève (oct. \ 853, Arch, sc., p. '196). Il est possible que l'espèce fût en Angleterre
et même en Irlande depuis quelques années lorsqu'on Ta découverte ; le
témoignage de certains jardiniers et éclusiers est dans ce sens [PhyloL, 1 850,
p. 990; 1 854, p. 88). Cependant la majorité des hommes de cette classe et l'unanimité
des botanistes qui avaient herborisé dans les localités où elle existe est dans
celui d'une introduction récente. La multiphcation par division a été rapide.
On a pu souvent la suivre de place en place. L'espèce est bien différente des autres
plantes aquatiques du pays. Elle n'est représentée que par des individus
femelles. Quant au mode de naturahsation, tantôt on a remarqué qu elle avait paru
après l'introduction de plantes aquatiques cultivées, tantôt on a attribué son
transport à des bois llottés du Canada, importés en Angleterre, où ils se distribuent
par les canaux et séjournent souvent dans les bassins.
J'ai recherché l'histoire de plusieurs autres espèces que Ion soupçonne d'origine
étrangère en Europe; mais n'étant pas parvenu à m'en convaincre ni même
à regarder la chose comme probable, j'ai cru inutile de les faire figurer dansl'énumération
précédente. C'est le cas, par exemple, du Leersia onjzoides, -phnie citée
dans plusieurs Flores depuis cent cinquante ans, qui était peut-être connue déjà
de C. Bauhin (a), et qui pourrait bien avoir échappé antérieurement à l'attention
des botanistes, au lieu d'être d'origine lointaine. MM. Savi et Parlatore présument
que les Cypenis diffonnis, L., et deux ou trois Fimbrishjlis ont été introduits dans
les rizières d'Italie avec les graines de riz(Parlat., FLIt., vol. II). C'est possible,
même probable si l'on veut; maison manque de preuves ou même de commencements
de preuves. D'ailleurs plusieurs de ces espèces existent en Egypte ou dans
(a) Malheureusement il parait qu'il n'est pas dans son herbier, d'après les notes de
mou père.
NATURALISATION A GRANDE DISTANCE, 7lii
quelques pays analogues peu éloignés de l'Italie. VEîoeocharis atropurpúrea var.
minor qui se trouve au bord du lac de Genève, à Pavie, au Sénégal et peut-être
dans l'Inde (Parlat., Fl. It., I, p. 68), pourrait bien exister dans d'autres pays
voisins de l'Europe, et rien ne prouve qu'elle n'ait pas toujours été quelque
part en Europe.
J'ai rejeté aussi comme adventives.^ plutôt que naturalisées, un grand nombre de
plantes fréquemment cultivées, qui sont mentionnées dans certains ouvrages
comme naturalisées, par exemple les Scabiosa atropnrpiirea, Helianthus annuui^
et tiiberosus^ Jasminum officinale., Syringa pérsica, Amar an tus cauda tu s, Polygonum
tataricum et Fagopxjrum, plusieurs Panicum, etc., qui paraissent çàet là près
des cultures ou persistent dans certaines circonstances favorables, sans se maintenir
ni s'étendre, d'une manière certaine. Une foule de plantes dites par Risso
naturalisées aux environs de Nice, rentrent dans cette catégorie. Le Phyllaiithus
Niruri, plante de l'Inde, a été trouvé à Saint-Just, près de Marseille, et Vlpomoeii
purpurea à-Saint-Barnabé (Castagne, Cat. pl. Mars,, p. 80); ce sont aussi pro.-
bablementdes plantes échappées des jardins et adveïitives. Le Nerine sarniensis
Herb. {Amaryllis sarniensis, L.), plante du Japon, fut répandu sur les côtes de
Guernesey, il y a une centaine d'années, par un vaisseau qui fit naufrage (Douglass,
dans Linn. amoen., VIII, p. \'\;Bot. mag., t. 294). L'espèce fleurit et se
maintint quelque temps au bord de la mer, ensuite on l'a conservée dans les jardins
seulement {Bot. mag.], et les Flores modernes n'en parlent plus (Bab., Prim.FL
Sam.). Le Pulmonaria virginica a été trouvé sur des ruines, près de Nelley abbey
(îlede Wight?), loin de toutehabitation (Nicholls, confirmé par Bromfield, PhytoL,
1849, p. 576); mais c'est une plante qui peut avoir été plantée dans un parc et
qui persiste longtemps sans se répandre, d'après sa manière de vivre dans les
jardins.
M. Lagrèze-Fossat me fit passer en '1845 quelques fragments et graines d\me
borraginée annuelle qui venait de paraître sur les terrains nouvellement remués
du canal latéral de la Garonne, près de Moissac. J'eus le plaisir de reconnaître la
petite plante du Chili, appelée .4msmc/a'a intermedia. Ce gejire étant le seul dans
la famille où les cotylédones soient bipartites, je ne pouvais me tromper. M. Lagrèze
Fossat en parle dans sa Flore de Tarn-et-Garonne {] vol. in-8% 1847,
p. 26i). Selon lui, les graines étaient probablement venues du Chili avec des
graines de Madia, que le comice agricole de Montauban avait reçues par le ministère
de l'agriculture trois ou quatre ans auparavant. L'Amsinckia a persisté dans
le même lieu jusqu'en 4 847; mais dès lors M. Lagrèze-Fossat ne l'a plus retrouvé,
ce qu'il attribue à l'envahissement des digues du canal par le Cynodon
Dactylon et par la Luzerne que l'administration a fait semer. M. Barbe, deCepet
(canton de Valence, d'Agen), ami de M. Lagrèze-Fossat, duquel je tiens ces détails,
a naturahsé l'Amsinckia dans son jardin , où elle vient spontanément et
d'où elle a bonne chance de se répandre dans le pays.
Quelques arbres auraient, ce me sem^ble, une disposition à se naturaliser dans le
sens vrai du mot. Le cèdre {Cedrus Libani) est dans ce cas. Je le vois lever de
graines, à Genève, dans les prairies voisines de vieux arbres de son espèce, et il
me semble qu'il réussirait si la-faux des ouvriers ne venait ordinairement le détruire.
D'autres conifères, souvent cultivées, sont peut-être dans le même cas. On
ne peut cependant accorder aucune valeur à l'assertion des auteurs qui appellent
naturahsé un arbre planté ou semé en quantité et qui s'élès'O bien, dans un parc